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DELACROIX (EUGÈNE)

Peintre français né à Saint-Maurice (Seine) en 1798, mort à Paris en 1863. Admirateur de Géricault, il débuta avec son Dante et Virgile aux enfers (1822) qui fit scandale. Le Massacre de Scio (1824), Le Christ au mont des Oliviers, La Mort de Sardanapale le firent applaudir comme un puissant coloriste. Il s'affirma dès lors comme chef de file de l'école romantique avec La Liberté guidant le peuple sur les barricades, Raphaël dans son atelier. D'un voyage au Maroc (1835), il rapporta Les Femmes d'Alger. Pour le salon de 1837, il réalisa la Bataille de Taillebourg. Au salon de 1840, ce furent La Justice de Trajan et la Prise de Constantinople par les croisés. Entre 1838 et 1847, il exécuta les peintures de la bibliothèque du Luxembourg, celles de la Chambre des députés ; puis, à partir de 1849, il décora le plafond de la galerie d'Apollon du Louvre et le salon de la Paix de l'Hôtel de Ville. Lors de l'Exposition universelle parut sa Chasse aux lions. Il avait entre-temps décoré les murs de la chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice. On retient de ce travailleur infatigable la richesse des couleurs et l'intensité dramatique. Peintre de premier plan, il fut aussi un homme d'une culture peu commune, comme en témoigne son Journal rédigé entre 1822 et 1863.



DELACROIX, Eugène (Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1798-Paris, 1863) Peintre et lithographe français, considéré comme le chef de file du romantisme. Issu d'un milieu aisé, Delacroix fut, ainsi que Théodore Géricault, élève de Jacques-Louis David puis fréquenta l'École des beaux-arts (1816) et étudia au Louvre les peintures de Rubens et de Véronèse. Il exposa pour la première fois au Salon de 1822 (Dante et Virgile aux Enfers, Paris, musée du Louvre) et y présenta régulièrement ses oeuvres à partir de 1824. Son tableau, Les Massacres de Scio (Paris, musée du Louvre), exposé en 1824 et inspiré par la lutte des Grecs contre les Turcs, fut considéré comme le manifeste de l'école romantique opposé aux tenants du néoclassicisme dont Ingres était le champion. Parti pour l'Angleterre en 1825, Delacroix, ami d'Anthony Fielding, se passionna pour les pièces de Shakespeare dont les sujets inspireront une partie de son oeuvre ; il découvrit le théâtre de Goethe pour lequel il illustra le Faust. La Mort de Sardanapale (Paris, Louvre) présentée au Salon en 1828 déclencha les foudres de la critique comme d'ailleurs la plupart de ses allégories inspirées par des événements contemporains, telle La Liberté guidant le peuple (1831, Paris, Louvre), écho des journées révolutionnaires de 1830. Son voyage en Afrique du Nord en 1832 lui inspira de nombreux tableaux « orientalistes » (Femmes d'Alger, 1834 ; Noce juive dans le Maroc, 1841, Louvre). À son retour, Delacroix reçut de nombreuses commandes publiques de grandes décorations murales qui l'occupèrent, en partie, jusqu'à la fin de sa vie (Palais-Bourbon, 1833-1847; Luxembourg, 1840-1846; Louvre, Galerie d'Apollon, 1850; Saint-Sulpice, 1861). Son Journal, parsemé d'effusions et d'analyses, ses Études esthétiques et sa Correspondance laissent un témoignage majeur sur son époque.




Delacroix Eugène (Charenton-Saint-Maurice 1798 - Paris 1863), Peintre français.

Issu d'une famille de la haute bourgeoisie, après avoir terminé ses études classiques, il entre dans l'atelier du peintre néo-classique Guérin et, en 1817, s'inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Pendant la période d'apprentissage chez Guérin, il étudie avec un grand intérêt l'oeuvre d'Antoine-Jean Gros et de Jean-Louis-Théodore Géricault, peintre dont il deviendra l'ami. L'étude de l'oeuvre de Michel-Ange et de celle de Pieter Paul Rubens est tout aussi importante pour sa formation, ainsi que l'intérêt qu'il manifeste pour l'aquarelle et la gravure qu'il commence à pratiquer. En 1822, Delacroix participe pour la première fois aux Salons de Paris, où il expose Dante et Virgile (Paris, Louvre), suggérée par le Radeau de la Méduse de Géricault. L'oeuvre suscite un grand émoi par le sujet inhabituel et l'intensité dramatique de l'agencement. Deux ans plus tard, il peint le Massacre de Scio (1824, Paris, Louvre), première grande toile romantique, où il affronte un sujet d'histoire contemporaine, relatif à la guerre de libération menée par les Grecs contre les Turcs. En 1824, il se rend à Londres, où il étudie avec intérêt la peinture anglaise et assiste à plusieurs représentations d'oeuvres de Shakespeare, qui lui inspirent nombre de dessins et de tableaux. Rentré en France, il peint une série d'Odalisques dont l'intense sensualité est accentuée par le raffinement de la palette. Mais l'oeuvre qui résume le mieux les caractéristiques de cette première période d'activité est La Mort de Sardanapale de 1827 (Paris, Louvre) : la fin du roi, qui décide de mourir avec toutes ses concubines, ses chevaux, ses chiens préférés, devient ici le prétexte à une peinture mouvementée et violente. En 1831, Delacroix présente au Salon La liberté guidant le peuple (Paris, Louvre), grande toile qui s'inspire des trois journées révolutionnaires de 1830. Fasciné par le monde exotique, il fait en 1832 un voyage en Afrique du nord qui s'avère fondamental pour l'évolution de sa recherche en peinture. Témoins de cette emprise du monde oriental, les nombreux croquis pris dans des carnets de voyage et les tableaux exécutés après son retour à Paris : Femmes d'Alger (1834, Paris, Louvre) ; Noce Juive (1839, Paris, Louvre), Fantasia (1833, Baltimore, The Walters Gallery). A son retour en France, commence pour Delacroix une période d'activité intense, puisqu'il reçoit de prestigieuses commandes pour la réalisation de cycles de décoration. Elles comprennent, entre autres, les Allégories du salon du roi au palais Bourbon (1833-38 ; 1838-47) ; les décorations de la bibliothèque du palais du Luxembourg (1840-46) ; le plafond central de la galerie d'Apollon au Louvre (1850-51 env.) et les fresques de la chapelle des Saints-Anges, dans l'église Saint-Sulpice (1849-61). Après 1840, il peint une série de tableaux à sujet historique et mythologique, parmi lesquels : Médée furieuse (1838, Lille, Musée), La Justice de Trajan (1840, Rouen, Musée) ; L'Entrée des croisés à Constantinople (1841, Paris, Louvre). Une série d'oeuvres s'inspirant du monde naturel date par contre d'une période située après 1842 : bouquets de fleurs, marines, paysages (la Mer vue des hauteurs de Dieppe, 1852, Paris, Louvre). Enfin un groupe d'études d'animaux, pour la plupart sauvages, aparaissent de 1841 à 1861.
L'itinéraire créateur de Delacroix est documenté également par son Journal, écrit par l'artiste entre 1822 et la fin de 1824, puis de 1847 à sa mort.
La liberté d'expression, l'utilisation de couleurs brillantes, la prédilection pour les sujets littéraires et exotiques, font de son oeuvre un véritable manifeste de la peinture romantique. Ses recherches sur la couleur et la technique sont, en outre, le prélude aux solutions choisies par la peinture impressionniste.

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La liberté picturale qui caractérise l'art d'Eugène Delacroix marque une étape décisive dans l'évolution de la peinture. Cet artiste rompt, en effet, violemment avec la tradition artistique du passé, basée sur le dessin et sur le clair-obscur. Son art appartient pleinement au courant romantique à la fois par le choix des sujets, s'inspirant du Moyen-Age et du monde exotique, et par l'importance qu'il donne aux sentiments. Les œuvres du maître français sont, en outre, dominées par le mouvement qui est accentué par une peinture qui se désagrège suivant le modèle de Rubens. Le peintre réalisa de nombreux tableaux sur des thèmes historiques et sociaux, car il analysa la réalité de manière attentive tout comme cela se faisait parallèlement en littérature. Enfin, cette caractéristique sera reprise et accentuée par d'autres maîtres français aux alentours de 1850. 

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Cette grande toile est une oeuvre de jeunesse d'Eugène Delacroix, célèbre peintre romantique français. La Mort de Sardanapale fut exposée au Salon de Paris en février 1828, et suscita un énorme scandale auprès du public et des critiques.

Ce tableau révèle la sensibilité romantique de l'artiste, qui semble vouloir évoquer davantage le climat psychologique et les émotions que suscite l'événement, plutôt que de raconter les faits.

Ami de Chopin et de Baudelaire, peintre mais aussi théoricien de l'art, Delacroix s'attache à revendiquer pour l'artiste une liberté formelle et conceptuelle qui revêtra une grande importance pour les peintres impressionnistes.

Rejetant la tradition académique, Delacroix cherche ses sources d'inspiration non plus dans l'art classique, mais dans l'exotisme du monde oriental.

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Le sujet du tableau est emprunté à un drame écrit en 1821 par George Byron.

Il représente la mort de Sardanapale, prince assyrien qui, se voyant assiégé dans son palais de Ninive, ordonna que périssent avec lui tout ce qu'il aimait, y compris les femmes de son harem et ses chevaux.

Ce sujet d'inspiration orientale se déroule dans la somptueuse demeure de Sardanapale, pleine d'objets précieux.

Le souverain observe, impassible, le terrible massacre, assis sur un lit soutenu par de grandes têtes d'éléphants.

Les eunuques et les gardes du palais sont représentés tandis qu'ils massacrent les chevaux et les nombreuses femmes rassemblées dans la pièce.

A l'arrière-plan, on entrevoit la silhouette d'Aïcha, la femme qui préféra se pendre plutôt que de se faire tuer.

La pièce est envahie par la fumée de l'incendie qui est en train de se propager.
Les expressions désespérées et hallucinées des personnages, en net contraste avec l'indifférence paisible du souverain, contribuent à donner des accents hautement dramatiques à cette scène, où domine le mouvement.

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Le tableau, chaotique et mouvementé, est agencé autour de la diagonale représentée par le grand lit de Sardanapale.

Au premier plan figurent des groupes de personnages disposés parallèlement à la surface du dessin, selon un ordonnancement classique.

Toutefois, les personnages du drame sont littéralement submergés par les objets accumulés sur le sol, ce qui empêche de discerner leur plan d'appui.

Cette liberté de composition, qui échappait à la rationalité et aux règles de la peinture néo-classique, fut fortement contestée par les critiques de l'époque.

La scène apparaît comme un fragment d'un événement de plus grande envergure qui se poursuit en coulisse, comme le suggèrent les personnages latéraux représentés seulement en partie.

La palette à la fois dense et souple, que Delacroix emprunte à Rubens et aux peintres vénitiens convient parfaitement aux figures sinueuses et tourmentées présentées par l'artiste.

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Le décor exotique du tableau reflète l'intérêt pour l'Orient stimulé par la campagne d'Égypte de Napoléon; on le retrouve également dans les toiles du contemporain de Delacroix, Antoine Jean Gros.

Delacroix lui-même avait déjà manifesté son intérêt pour ce type de sujet dans sa toile sur les Massacres de Scio, peinte en 1824.

En 1834, l'artiste, qui avait effectué deux années auparavant un important voyage au Maroc racontera de nouveau le monde oriental dans le tableau intitulé Femmes d'Alger. 

La rupture radicale avec la tradition académique opérée par Delacroix avec ce tableau de La Mort de Sardanapale est encore plus évidente si on compare cette oeuvre à la toile de l'Apothéose d'Homère présentée par Jean-Auguste Dominique Ingres à l'occasion de ce même Salon de 1827-28.

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