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DÉCOLONISATION (Empire français)

DÉCOLONISATION (Empire français) La Seconde Guerre mondiale a profondément ébranlé l’édifice colonial. La France, vaincue en juin 1940, est fragilisée aux yeux des peuples colonisés. Elle a alors bien du mal à résister à la propagande des courants nationalistes soutenus, directement ou indirectement, par les États-Unis et l’URSS. Au risque de disparaître, l’Empire français doit se renouveler. Là est le sens de la conférence de Brazzaville (1944), décidée par le général de Gaulle. Pour la première fois dans l’histoire coloniale française, il est question d’«émancipation ». Mais, en 1945, en dépit des résolutions nouvelles affichées, la volonté de maintien du statu quo dans l’empire domine. La violente répression intervenue en mai-juin 1945 à Sétif et Kherrata en Algérie, qui fera plusieurs milliers de victimes, traduit bien cette attitude de préservation des intérêts coloniaux. Dans la Constitution de 1946, l’expression « Empire français » disparaît au profit d’une « Union française » qui apparaît, en fait, comme un ultime replâtrage. À Madagascar, la grande insurrection de 1947 vient montrer toutes les limites de cette construction juridique. La terrible répression qui s’ensuit est la dernière remise au pas dans l’empire. De la guerre d'Indochine à la guerre d'Algérie. En Indochine et, plus tard, en Algérie, en Afrique noire et dans le reste du Maghreb, la France ne réussira plus à vaincre les insurrections et résistances qui secouent ses colonies. En Indochine, le mouvement Vietminh, avec son leader Ho Chi Minh, proclame l’indépendance de la République du Vietnam le 2 septembre 1945. Après l’échec des pourparlers de Fontainebleau (août-septembre 1946), le bombardement du port de Haïphong (novembre) et la riposte du Vietminh sur Hanoi (décembre) sont les premiers signes de la guerre. Pendant sept ans, le corps expéditionnaire français va se battre contre un adversaire déterminé. La guerre d’Indochine s’achève par la défaite militaire française de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954. Les accords de Genève du 21 juillet 1954 consacrent la partition du Vietnam et le départ des troupes françaises du pays. Au Moyen-Orient, à la suite d’une crise grave avec les Britanniques, la France décide, le 9 juillet 1945, d’accéder aux demandes nationalistes en Syrie et au Liban. Elle autorise la constitution d’armées nationales et le transfert aux gouvernements syrien et libanais des unités militaires de recrutement local. C’est la fin du mandat français sur la Syrie et le Liban décidé lors de la conférence de San Remo, en avril 1920. Au Caire, le 9 décembre 1947, un Comité de libération du Maghreb arabe se forme. Il vise à la coordination des principaux partis nationalistes en Afrique du Nord : le Néo-Destour de Tunisie, animé par Habib Bourguiba ; le parti marocain de l’Istiqlal (indépendance), fondé autour de la personnalité du sultan Mohammed V, qui lance le mot d’ordre d’indépendance par son Manifeste du 11 janvier 1944, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) d’Algérie, dirigé par Messali Hadj. La Tunisie, à la suite d’un mouvement armé déclenché par des « fellaghas », accède à l’indépendance le 20 mars 1956. Le 2 mars du même mois, un protocole venait d’être signé par le roi Mohammed V et Christian Pineau, ministre des Affaires étrangères, scellant l’indépendance du Maroc. En Algérie, l’ajournement des réformes promises exaspère l’ensemble du mouvement nationaliste et détermine l’insurrection du 1er novembre 1954, dirigée par le Front de libération nationale (FLN) qui inaugure la guerre d’indépendance algérienne. L’indépendance sera proclamée le 3 juillet 1962. Cette terrible guerre a fait tomber la IVe République le 13 mai 1958. Quelques jours avant l’insurrection algérienne, en octobre 1954, la France avait cédé ses cinq comptoirs à l’Inde (Pondichéry, Mahé, Karikal, Yanaon, Chandernagor). L'Afrique à son tour. De façon moins spectaculaire, mais profondément, la situation évolue aussi en Afrique, à la fois dans l’AEF (Afrique équatoriale française) et dans l’AOF (Afrique occidentale française). Le nationalisme africain, avec les personnalités de Kwame Nkrumah, Léopold Sédar Senghor ou Félix Houphouët-Boigny, s’exprime à travers la création du Rassemblement démocratique africain (RDA), fondé le 21 octobre 1946, lors d’un congrès à Bamako. Le RDA proteste contre les aspects régressifs de la colonisation française en Afrique. Après la Guinée qui se sépare de la France le 2 octobre 1958 en optant pour le « non » au référendum instituant la Communauté franco-africaine, l’année 1960 voit la quasi-totalité des pays africains accéder à leur tour à indépendance successivement : Cameroun, Togo, Madagascar, Tchad, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Dahomey (actuel Bénin), Niger, Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Côte-d’Ivoire, Sénégal, Mali et Mauritanie. L’archipel des Comores (à l’exception de Mayotte) devient souverain en 1975, le Territoire des Afars et des Issas en 1977 (sous le nom de « Djibouti »), le condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides en 1980 (sous le nom de « Vanuatu »). En l’an 2000, la souveraineté française s’exerçait encore sur divers territoires outre-mer : en Amérique (Guadeloupe, Martinique, Guyane, toutes trois départements français d’outre-mer [DOM], et Saint-Pierre-et-Miquelon) ; dans l’océan Indien (Réunion [DOM], et Mayotte) ; dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, et Polynésie française) et enfin sur les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

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