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DÉCOLONISATION (Empire britannique)

DÉCOLONISATION (Empire britannique) La décolonisation de l’Empire britannique n’a pas résulté des seules évolutions du xxe siècle. La conviction est née après la guerre d’indépendance américaine qu’une colonie est un fruit qui, devenu mûr, se détache de l’arbre métropolitain. Cela explique les concessions « empiriques » et sans uniformité faites aux colonies dès le xixe siècle, la constitution des dominions à partir de 1867 et l’acceptation de leur pleine souveraineté en 1931. Mais, jusqu’en 1945, l’empire ne paraît prêt à accorder l’indépendance qu’à des colonies de peuplement et de domination européens, les autres territoires, en particulier l’Inde, étant toujours jugés inaptes à se gérer eux-mêmes. La décolonisation contemporaine résulte de multiples facteurs : le déclin de la puissance britannique, les transformations des relations internationales sous l’égide de l’ONU et de sa Charte, l’ampleur des revendications nationalistes, encouragées lors de la Seconde Guerre mondiale, la double pression américaine et soviétique, mais, plus encore, une résignation à l’inévitable accompagnée de la volonté de préserver l’essentiel au sein d’un Commonwealth redéfini. Les travaillistes (Labour) n’ont pas eu une approche fondamentalement différente de celle des conservateurs (Tories), même si ces derniers ont davantage inscrit, jusqu’au début des années 1960, la préservation de l’« empire » dans les motions de leurs congrès et dans leurs discours. La liquidation du système colonial a pu devenir ainsi un objet de large « consensus » dans la métropole. La décolonisation s’impose rapidement au bénéfice d’États tenus en soumission mais nominalement indépendants, tels l’Irak et l’Égypte, ou plus tardivement, dans les années 1960, dans les émirats et États du golfe Arabo-Persique. Elle résulte aussi de l’abandon de mandats, ainsi, en mai 1948, celui sur la Palestine, devenue ingouvernable. Les premières indépendances réelles sont asiatiques : l’Inde et le Pakistan en 1947, Ceylan (devenu Sri Lanka) et la Birmanie l’année suivante (celle-ci prenant le statut de république et refusant d’adhérer au Commonwealth), les territoires malais en 1957. À cette date, en Afrique, seule la Côte-de-l’Or (Gold Coast), devenue Ghana, a reçu satisfaction, le Nigéria obtenant la promesse de son émancipation pour 1960. La grande période de décolonisation se situe entre 1960 et 1965. Elle s’inscrit dans un mouvement général impliquant la plupart des anciens empires, et est accélérée par la crainte qu’un « vent nouveau » n’emporte les États émancipés dans l’orbite soviétique. La plupart des possessions d’Afrique et des Caraïbes sont rapidement libérées. Le problème de l’égalité des Noirs et des Blancs retarde jusqu’en 1980 l’indépendance légale de la Rhodésie du Nord, qui devient alors le Zimbabwé. Cas original : le 1er juillet 1997, en rétrocédant à la Chine l’archipel de Hong Kong et ses territoires sur le continent, le Royaume-Uni renonce à une possession sans lui accorder l’indépendance. La décolonisation britannique a longtemps passé pour un succès éclatant. De fait, elle n’a pas été en général le résultat de violents conflits, hormis la « guerre des Mau Mau » au Kénya en 1951-1954 et la guérilla prolongée en Malaisie dans les années 1950. La plupart des nations émancipées sont demeurées ou entrées dans le Commonwealth, structure d’accueil sans contrainte. Les liens économiques sont demeurés forts, tout en déclinant au point de convaincre le Royaume-Uni, en 1961, de choisir la voie européenne, qu’il n’a pas d’ailleurs jugée contradictoire avec ses devoirs d’aide au développement envers ses anciennes possessions (accords de Lomé, à partir de 1975). Les liens culturels sont encore considérables et les liens humains restent alimentés par les courants de migration - pourtant limités vers l’Angleterre à partir de 1962 -, par les souvenirs de fraternité d’armes au temps des guerres mondiales, par la préservation de liens de camaraderie au sein d’écoles militaires largement ouvertes à d’anciens colonisés, ainsi que dans les universités et les laboratoires en métropole et dans le monde. La langue et le droit constituent d’autres héritages communs essentiels.

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