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DÉCOLONISATION (Afrique noire)

DÉCOLONISATION (Afrique noire) À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les rapports entre les métropoles et leurs territoires outre-mer ne sont plus les mêmes qu’au temps de la colonisation triomphante. Les nations européennes ont été mises en échec par un peuple non européen, le Japon, et, en Europe même, la victoire sur l’Allemagne a été acquise au prix de la mort de dizaines de milliers de soldats des colonies (40 000 Nord-Africains et tirailleurs sénégalais venant des possessions françaises et 50 000 originaires des Indes). Ces derniers s’estiment donc en droit de revendiquer plus d’égalité, sinon plus d’autonomie et d’indépendance. Au Maghreb, le réveil du nationalisme arabe et l’indépendance de la Libye, en 1951, ont dynamisé les revendications de la Tunisie et du Maroc et déclenché la guerre d’indépendance algérienne en 1954. L'année 1956 marque un tournant dans le processus de décolonisation de l’Afrique. Alors qu’un premier pays subsaharien, le Soudan, accède à la souveraineté, le recul franco-britannique devant l’ultimatum américano-russe à l’occasion de l’affaire de Suez met en évidence l’affaiblissement des puissances coloniales. Les marchés captifs, que constituaient jusqu’alors les colonies pour les métropoles, ne jouent plus leur rôle dans une économie accrochée à la machine américaine et qui tend vers la mondialisation. Néanmoins, une partie de l’opinion publique, entraînée par le parti colonial, s’accroche encore au rêve impérial. Moins impliquée dans des guerres coloniales, la Grande-Bretagne donne l’indépendance à son fleuron, la Côte-de-l’Or, qui devient le Ghana (1957), mais la présence de colons dans ses colonies d’Afrique australe et orientale (les deux Rhodésies, le Nyassaland, le Kénya, le Tanganyika, l’Ouganda) retarde leur accession à l’indépendance (en 1979 seulement pour la Rhodésie du Sud, devenue le Zimbabwe). Dans les colonies françaises, en 1956, le vote d’une loi-cadre prévoyant une plus grande autonomie des territoires, le suffrage universel et le collège unique pour l’élection des assemblées territoriales déclenche le processus des indépendances qui seront proclamées quatre ans plus tard. Hormis la Guinée, entraînée à la rupture avec le colonisateur en 1958 par l’identité de vue entre Sékou Touré et son voisin ghanéen Kwame Nkrumah, la France conserve intacts ses intérêts. Soucieux de ne pas voir s’étendre au sud du Sahara les « événements » d’Algérie, les dirigeants français ont en effet préféré accompagner l’indépendance et n’ont pas à faire face à des soulèvements d’envergure. Cela ne se passe toutefois pas sans heurts, du fait de querelles personnelles (échec de la Fédération du Mali), ou de troubles plus ou moins graves résultant du choix par la France de leaders plus souples à son égard (Hamani Diori contre Djibo Bakary au Niger, opérations contre l’Union des populations du Cameroun [UPC] et leurs dirigeants Ruben Um Nyobé, mort au combat [1958], et Félix Moumié, assassiné à Genève). Vaste cuvette de diamants, de cuivre et de minerais stratégiques aux mains d’une masse de petits actionnaires, le Congo belge demeure la proie d’intérêts occultes, et le restera au prix de guerres civiles interminables. De leur côté, enveloppés dans le cocon d’une dictature hors du temps, ravagés par des guérillas sans fin, les territoires portugais (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, Cap-Vert, São Tomé et Principe) recevront leur indépendance de la révolution des Œillets (Portugal, 1974), dans laquelle leur action idéologique aura été décisive. La décolonisation du continent ne sera toutefois effective qu’après l’indépendance de la Namibie (1990), qui précédera de peu la fin de l’apartheid chez son dernier colonisateur, l’Afrique du Sud (1990-1991), et celle de l’Érythrée, en 1993.

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