DAUDET (ALPHONSE)
DAUDET (ALPHONSE)
Alphonse Daudet, né le 13 mai 1840 à Nîmes, a 9 ans lorsque sa famille doit s'installer à Lyon. Son père, un marchand de soieries, vient de subir sa première faillite, dans laquelle a été engloutie la dot de son épouse (son fils ne se révélera pas meilleur gestionnaire que lui). Unie nouvelle faillite paternelle, lorsqu'il a 16 ans, disperse la famille. Alphonse, surveillant au lycée d'Alès, las de subir « les basses humiliations du pauvre », monte à Paris rejoindre son frère Ernest [Ernest Daudet, lui aussi littérateur, écrira plusieurs romans, oubliés depuis, dont Thérèse (1859), La Vénus de Gordes (1866), Le Roman de Delphine, La Petite Sœur (1875), Fleur de péché... Il sera directeur du Journal officiel de 1873 à 18761. Étudiant désargenté, Alphonse mène la vie de bohème, fréquente les cabarets et s'essaie, comme son aîné, au journalisme, collaborant au Figaro, à Paris-journal... Son voisin de chambre est lui aussi un homme du Sud : Léon Gambetta, futur homme politique. Il rencontre aussi Frédéric Mistral, défenseur de la poésie provençale, dont il devient l'ami.
À 20 ans, il est engagé par le duc de Morny, ministre de Napoléon III, comme troisième secrétaire (malgré ses cheveux longs et bouclés que le duc, presque chauve, ne supporte pas) ; il découvre le grand monde, et aussi le demi-monde. Poitrinaire, il se soigne dans le Midi et, de là, s'embarque pour l'Algérie où il apprend le succès, à l'Odéon, de sa pièce, La Dernière idole (1862) (toutes ses autres tentatives théâtrales seront des échecs). Il rentre à Paris, fait une rechute, repart pour la Corse et la Provence où il retrouve Mistral et ses disciples, qui participent au renouveau de la langue provençale (Daudet est aussi un écrivain de langue d'oc, auteur de poésies en provençal), et s'achète un moulin sur les hauteurs de Fontvieille, près d'Arles, en 1864. Les contes qu'il publie dans les journaux le font connaître. Mais son premier roman, Le Petit Chose (1868), où il évoque ses années de « pion » à l'école d'Alès, passe inaperçu et la publication des Lettres de mon moulin (1869) est un insuccès. Il a épousé Julia Allard, descendante d'une famille d'industriels du Marais (Mistral a été son témoin), qui croit en son talent, le soutient et l'encourage. Installé à Paris, dans l'hôtel de ses beaux-parents, il rêve à la Provence... Pendant la guerre de 1870, il est incorporé dans la garde nationale, malgré sa myopie. Mais il refuse de se faire enrôler, et par les Communards, qui ont au début sa sympathie, et par les Versaillais ; il se retire à Champrosay, au bord de la Seine, en amont de Paris.
En 1872, il publie Tartarin de Tarascon, inspiré par un voyage en Algérie. Paris accueille le roman avec un grand rire, Gustave Flaubert crie au chef-d'œuvre, mais les Provençaux sont offusqués. L'Arlésienne, sur la musique de Georges Bizet, est en revanche un échec et une blessure pour Daudet, passionné de théâtre. La situation financière des Daudet est mauvaise. Heureusement, la famille Allard veille. Julia, toujours convaincue de sa valeur, exige de son mari qu'il écrive. Les Contes du lundi (1873), Fromont jeune et Risler aîné, Jack, Le Nabab, Numa Roumestan (où certains décèlent des allusions à Gambetta), Sapho... finissent par apporter à leur auteur célébrité et aisance matérielle. Les Daudet fréquentent les frères Goncourt, Émile Zola, Ivan Tourgueniev, Gustave Flaubert... Ils organisent des jeudis littéraires où leur fils aîné Léon (né en 1867), futur chantre tonitruant de l'extrême droite française, fait déjà preuve de ses talents de polémiste. En 1883 est né Lucien, qui sera le confident de Marcel Proust. « Dans la première partie de ma vie, j'ai connu la misère ; dans la seconde, la douleur » : Daudet souffre d'une maladie incurable; le tabès (syphilis nerveuse atteignant la moelle épinière), et ne trouve un soulagement que dans la morphine, sans pour autant perdre ses dons créatifs. Il travaille entre deux crises, voyage, écoute de la musique, sa passion. En 1896, il siège à l'académie Goncourt qui vient d'être fondée. La parution de ses œuvres complètes en édition populaire est un triomphe. Le 16 décembre 1897, au cours d'un dîner en famille, il s'effondre. Une foule immense accompagne jusqu'au cimetière du Père-Lachaise celui qui a fait découvrir la Provence à la France du Nord.
DAUDET Alphonse
1840-1897
Romancier, né à Nîmes. Tenu par ses contemporains pour l’égal des plus grands - de Maupassant, par exemple, et même de Zola -, Alphonse Daudet paie aujourd’hui, injustement, cette erreur de la critique d’hier. Capable à l’occasion de sobriété et de pudeur dans le registre du pathétique (Sapho, 1884), il reste que le plus souvent il a eu la larme un peu trop facile dans Jack (1876), Le Petit Chose, qui n’en est pas moins un chef-d’œuvre de grâce (1868), et dans le drame - ou mélodrame - de L’Arlésienne (1872). Pourtant, lorsqu’il délaisse enfin le mode de l’émotion, Daudet se révèle un vigoureux et, souvent, bien savoureux conteur : Lettres de mon moulin (1866), Tartarin de Tarascon (1872).
Alphonse Daudet, né le 13 mai 1840 à Nîmes, a 9 ans lorsque sa famille doit s'installer à Lyon. Son père, un marchand de soieries, vient de subir sa première faillite, dans laquelle a été engloutie la dot de son épouse (son fils ne se révélera pas meilleur gestionnaire que lui). Unie nouvelle faillite paternelle, lorsqu'il a 16 ans, disperse la famille. Alphonse, surveillant au lycée d'Alès, las de subir « les basses humiliations du pauvre », monte à Paris rejoindre son frère Ernest [Ernest Daudet, lui aussi littérateur, écrira plusieurs romans, oubliés depuis, dont Thérèse (1859), La Vénus de Gordes (1866), Le Roman de Delphine, La Petite Sœur (1875), Fleur de péché... ll sera directeur du Journal officiel de 1873 à 18761. Étudiant désargenté, Alphonse mène la vie de bohème, fréquente les cabarets et s'essaie, comme son aîné, au journalisme, collaborant au Figaro, à Paris-journal... Son voisin de chambre est lui aussi un homme du Sud : Léon Gambetta, futur homme politique. Il rencontre aussi Frédéric Mistral, défenseur de la poésie provençale, dont il devient l'ami. À 20 ans, il est engagé par le duc de Morny, ministre de Napoléon III, comme troisième secrétaire (malgré ses cheveux longs et bouclés que le duc, presque chauve, ne supporte pas) ; il découvre le grand monde, et aussi le demi-monde. Poitrinaire, il se soigne dans le Midi et, de là, s'embarque pour l'Algérie où il apprend le succès, à l'Odéon, de sa pièce, La Dernière idole (1862) (toutes ses autres tentatives théâtrales seront des échecs). Il rentre à Paris, fait une rechute, repart pour la Corse et la Provence où il retrouve Mistral et ses disciples, qui participent au renouveau de la langue provençale (Daudet est aussi un écrivain de langue d'oc, auteur de poésies en provençal), et s'achète un moulin sur les hauteurs de Fontvieille, près d'Arles, en 1864. Les contes qu'il publie dans les journaux le font connaître. Mais son premier roman, Le Petit Chose (1868), où il évoque ses années de « pion » à l'école d'Alès, passe inaperçu et la publication des Lettres de mon moulin (1869) est un insuccès. Il a épousé Julia Allard, descendante d'une famille d'industriels du Marais (Mistral a été son témoin), qui croit en son talent, le soutient et l'encourage. Installé à Paris, dans l'hôtel de ses beaux-parents, il rêve à la Provence... Pendant la guerre de 1870, il est incorporé dans la garde nationale, malgré sa myopie. Mais il refuse de se faire enrôler, et par les Communards, qui ont au début sa sympathie, et par les Versaillais ; il se retire à Champrosay, au bord de la Seine, en amont de Paris. En 1872, il publie Tartarin de Tarascon, inspiré par un voyage en Algérie. Paris accueille le roman avec un grand rire, Gustave Flaubert crie au chef-d'œuvre, mais les Provençaux sont offusqués. L'Arlésienne, sur la musique de Georges Bizet, est en revanche un échec et une blessure pour Daudet, passionné de théâtre. La situation financière des Daudet est mauvaise. Heureusement, la famille Allard veille. Julia, toujours convaincue de sa valeur, exige de son mari qu'il écrive. Les Contes du lundi (1873), Fromont jeune et Risler aîné, Jack, Le Nabab, Numa Roumestan (où certains décèlent des allusions à Gambetta), Sapho... finissent par apporter à leur auteur célébrité et aisance matérielle. Les Daudet fréquentent les frères Goncourt, Émile Zola, Ivan Tourgueniev, Gustave Flaubert... Ils organisent des jeudis littéraires où leur fils aîné Léon (né en 1867), futur chantre tonitruant de l'extrême droite française, fait déjà preuve de ses talents de polémiste. En 1883 est né Lucien, qui sera le confident de Marcel Proust. « Dans la première partie de ma vie, j'ai connu la misère ; dans la seconde, la douleur » : Daudet souffre d'une maladie incurable; le tabès (syphilis nerveuse atteignant la moelle épinière), et ne trouve un soulagement que dans la morphine, sans pour autant perdre ses dons créatifs. Il travaille entre deux crises, voyage, écoute de la musique, sa passion. En 1896, il siège à l'académie Goncourt qui vient d'être fondée. La parution de ses œuvres complètes en édition populaire est un triomphe. Le 16 décembre 1897, au cours d'un dîner en famille, il s'effondre. Une foule immense accompagne jusqu'au cimetière du Père-Lachaise celui qui a fait découvrir la Provence à la France du Nord.