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DANDYSME

DANDYSME. n. m. Recherche de manières élégantes, raffinées, supposées traduire la supériorité de celui qui les manifeste.
Le dandy, au XIXe siècle, est un personnage qui règle sa vie selon des principes esthétiques, pour se distinguer de la vulgarité bourgeoise, obsédée d'utilité et de rentabilité. Baudelaire en France, Oscar Wilde en Angleterre, ont cultivé le dandysme littéraire dans cet esprit.

Mode vestimentaire et esthétique, née dans la haute société anglaise vers 1815.

Commentaire

Le dandysme n’est pas seulement une mode vestimentaire. Il s'accompagne d’un goût pour l’ostentation, pour la surprise, pour les mots d'esprit et les paradoxes, en même temps que d’un mépris pour les règles sociales et morales. D'abord anglais, puisque pratiqué par George Brummel, dit « le beau Brummel », ami du prince de Galles, le futur George IV, et par le poète Byron, le dandysme, allié à l’anglomanie, s’incarnera ensuite dans quelques écrivains français comme Alfred de Musset ou Baudelaire.
Citations

Le dandy doit aspirer à être sublime sans interruption ; il doit vivre et dormir devant un miroir. (Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu, III.)
Sa mise était très élégante. On nous le représente coiffé d’un vaste chapeau de très haute forme, bien enfoncé sur la tête et bien penché sur l’oreille, mode apportée par le major Frazer ; autour du cou une cravate haute ne laissant voir qu’un liseré de linge blanc. [...]
C'était un jeune homme à la mode ; on le voyait aux Tuileries, sur le boulevard de Gand ; il dînait au Café de Paris et prenait des glaces chez Tortoni. Il avait pour amis des jeunes gens fortunés : Alfred Tattet, Ulric Guttinger, Roger de Beauvoir, le prince Belgioso, le major Frazer. Musset était dandy autant qu’on peut l’être quand on n’a pas le sou.
(Maurice Donnay, Musset et l'amour.)
Le dandy s’affirme en s'opposant et Brummel devient un miroir social où vérifier sa conformité à la nouvelle règle. Hors du commun, il irrite, plaît, est imité alors même qu’il est inimitable, il se tient à l’écart de la société alors qu'il n’existe que par elle. Contradiction fondamentale qui sous-entend son désespoir : avoir besoin de ce qu’il méprise. (Jacques de Langlade, Brummel ou le Prince des dandys.)





Dandysme. Phénomène de société né dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, pendant la régence du prince de Galles, au sein de l’aristocratie, en réaction contre l’ascension de la bourgeoisie d’affaires et l’avènement de la société matérialiste. C’est donc d’abord un phénomène historique qui s’incarne paradoxalement en un bourgeois coqueluche de l’aristocratie, Georges Ryan Brummel dit Beau Brummel. Il constituait un modèle d’élégance simple et discrète mais recherchée et proposait un art de vivre fait de dédain de la gloire et de l’argent et d’affirmation de sa propre supériorité. Brummel, en particulier dans les cercles de jeu, imposa tout un style de désinvolture, calme et hauteur. Byron, plus tard Oscar Wilde sont deux autres exemples célèbre de dandys anglais. La mode passa ensuite en France, en particulier sous l’influence du comte d’Orsay et fut représentée entre autres par Musset, Barbey d’Aurevilly, Baudelaire et le comte Robert de Montesquiou dont Proust se servira pour le personnage du baron de Charlus. Phénomène historique, le dandysme, comme le laisse supposer le fait que plusieurs dandys étaient des créateurs, est aussi un phénomène artistique, en particulier littéraire. La littérature présente ainsi plusieurs personnages de dandys, comme Rastignac, Lucien de Rubempré chez Balzac, Dorian Gray chez Oscar Wilde, et surtout Jean Floressas des Esseintes du roman A Rebours de J.K. Huysmans. Ainsi se créa tout un mythe du dandysme. Historique ou littéraire, le dandysme se caractérise par un certain nombre de traits analysés en particulier par Barbey d’Aurevilly dans Du dandysme et de George Brummel et par Baudelaire dans Le Peintre de la vie moderne (Constantin Guys) : affirmation du dilettantisme, haine du progrès et de la bourgeoisie, culte de l’originalité et de l’artifice, célébration de l’art qui est la valeur essentielle si bien que la vie du dandy doit être une œuvre d’art. Ainsi, même si, à strictement parler, le dandysme s’achève vers 1870, il se poursuit chez les décadents, et continue sporadiquement de s’incarner chez des auteurs (Tzara, Jacques Vaché, Drieu la Rochelle) ou des personnages du XXe siècle.

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