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Dagognet

Dagognet

(François, né en 1924.) Philosophe français, également docteur en médecine. Cette double compétence l'amène d'abord à réfléchir sur les savoirs biologiques et médicaux (de sa Philosophie biologique, 1954, à La Maîtrise du vivant, 1988), à s'intéresser à Bachelard (1965), dont il partage la curiosité et une culture sans limites, ou aux Méthodes et doctrines dans l'œuvre de Pasteur (1967). Ces préoccupations d’ordre épistémologique ne tardent pas à s'élargir pour produire une analyse plus globale du monde contemporain, saisi aussi bien par le biais de ses productions techniques ou industrielles (Rematérialiser, 1985, L'Industrie : pourquoi et comment ?, 1995), que par celui de ses découpages administratifs ou juridiques (Le Nombre et le lieu, 1984) ou de ses inventions artistiques (Le Musée sons fin, 1984, Étienne-Jules Marey, 1987, Pour l'art d'aujourd'hui. De l'objet de l'art à l'art de l'objet, 1992). ♦ Contrairement à une tendance fréquente dans la philosophie du siècle (de Heidegger à Foucault), Dagognet ne considère pas la technique comme nocive, ou la perte de la nature et la constitution de lieux de pouvoir (l'asile, la prison, les archives, le musée) comme nécessairement désastreuses. Il montre au contraire que, « si un peu de technique engendre des inconvénients, beaucoup de techniques permettent de les combattre », et que les techniques sont en fait plus libératrices que déhumanisantes. La production industrielle et l'uni vers techno-scientifique peuvent en effet être décrits comme autorisant une multiplication des énergies et des ressources disponibles en même temps que comme créateurs, puisqu'ils autorisent globalement une évolution du moins au plus : c'est finalement la vie qui travaille comme l'usine. ♦ À l'écart des pensées dominantes, Dagognet entend s'en tenir à une lecture des phénomènes, qu'il faut, une fois de plus, « sauver » - contre les hypothèses métaphysiques ou les théories orientées vers des positions hâtivement nostalgiques (l'écologie, lorsqu'elle se réclame de Rousseau) : son « positivisme » se veut, à travers ses nombreux ouvrages, optimiste.