culture/nature
culture/nature
Ensemble des comportements, usages et connaissances liés à la civilisation, par opposition aux comportements, usages et . connaissances innés, liés à la nature humaine.
Commentaire
Dans la pensée moderne, le mot « culture » est devenu, sous l’influence de l’anthropologie, de l'ethnologie et de la linguistique, un terme de signification large qui désigne non seulement les connaissances qu’un individu peut acquérir dans les divers domaines du savoir (littérature, art, sciences, techniques, etc.) mais aussi des systèmes de valeur, des attitudes, des conduites apprises qu’il partage avec le groupe humain auquel il appartient. Les habitudes alimentaires sont, par exemple, du domaine culturel. La culture est donc faite de variables. En revanche, les données de la nature sont, en principe, universelles et permanentes.
NATURE nom fém. - 1. L’ensemble des propriétés qui définissent fondamentalement un être ou une réalité et auxquelles cet être ou cette réalité se doivent d’être conformes. 2. L’ensemble de tout ce qui est et, particulièrement, ce qui, dans l’univers, se distingue de l’homme. ETYM. : du latin natura. Au premier sens, la nature est ce que l’homme doit connaître afin de savoir ce qu’il doit être. Par l’observation de soi-même ou celle des autres, le philosophe doit parvenir à l’intelligence de notre nature humaine. La tâche est particulièrement difficile dans la mesure où l’existence et la vie en société ont pu altérer ce que nous sommes. C’est cependant sur cette nature que nous devons fonder notre conduite. Lorsque Montaigne se demande qui il est ou se penche sur la condition des sauvages, lorsque Rousseau s’attache à définir l’état de nature ou lorsque les révolutionnaires de 1789 proclament la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ils postulent tous que la nature est le guide que l’homme se doit de suivre. La question se pose cependant de savoir si une telle nature humaine existe. L’homme peut-il se définir par un ensemble de propriétés fondamentales qui soient identiques quelle que soit l’époque ou la culture dans laquelle il s’inscrit ? Multipliant les questions de cet ordre, la pensée moderne a tendance à se détourner de la notion de nature humaine. Au second sens, la nature est tout ce qui se distingue de l’homme. Elle peut constituer un environnement hostile dont l’individu doit triompher par son héroïsme ou qu’il doit domestiquer par sa raison. En une formule devenue célèbre de son Discours de la méthode, Descartes invite les hommes à se rendre « maîtres et possesseurs de la nature » par l’usage de la technique. Telle est la voie dans laquelle le monde moderne s’est engagé et qui conduit souvent à une destruction pure et simple de l’univers qui nous entoure. À partir de la fin du XVIIIe siècle se développe cependant une manière nouvelle de percevoir la nature qui s’épanouira au temps du romantisme. Invisible semble-t-il aux yeux des écrivains antérieurs, la nature se constitue alors en un véritable spectacle qui suscite la rêverie de l’écrivain et reflète aussi bien ses angoisses que ses désirs ou ses plaisirs. En rupture avec une société qu’il méprise et condamne, le héros romantique - tel le René de Chateaubriand - trouve dans la nature sauvage un refuge épargné par la corruption des hommes et harmonieusement accordé à la vigueur ou à la mélancolie des passions qui l’habite. La description de la nature fait du coup son entrée dans le roman comme dans la poésie.
NATURE (état de) - Etat où l’homme existait - ou aurait existé - en dehors de toute société. Le concept d’état de nature a joué un rôle capital dans la philosophie politique des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a servi à réfléchir à la situation qu’avait pu connaître l’humanité avant que la société ne se constituât et à déterminer, à partir de là, la nature du système politique le mieux adapté à la nature humaine : on imaginait ce qui avait pu être pour déterminer ce qui devait être. Dans Le Léviathan, le philosophe anglais Hobbes décrit ainsi un monde dans lequel règne la violence absolue : en l’absence de toute autorité pour régler les différends, les hommes se livrent les uns aux autres une guerre perpétuelle. Pour mettre un terme à celle-ci, ils n’ont d’autre solution que de s’engager par une convention aux termes de laquelle ils confient tout pouvoir au souverain. Dans son Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau présente une image toute différente de l’état de nature de manière à dépeindre la corruption qui caractérise la société moderne. Du contrat social s’attachera à décrire le passage de l’état de nature à la société. Il faut prendre garde à un contresens qu’expliquent certaines ambiguïtés. Ni Hobbes ni même Rousseau n’ont pensé que la situation qu’ils décrivaient avaient connu une existence véritable dans le passé. L’état de nature est moins pour eux une réalité historique qu’une hypothèse au sens presque scientifique du terme.
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