CROMMELYNCK Fernand
CROMMELYNCK Fernand
1886-1970
Auteur dramatique belge d’expression française, né à Bruxelles. Acteur aux Bouffes-Parisiens, il mettra en scène lui-même, avant de quitter le métier de comédien, une première oeuvre qui sera un grand succès, Le Cocu magnifique (1920), créé par Lugné-Poe au Théâtre de l’Œuvre. Son héros, le jeune Bruno, est à ce point ivre de joie à l’idée de posséder sa belle épousée toute neuve, que la peur de n’être pas seul à l’avoir toujours s’empare de lui, le mine et, de ce jour, ne le quittera plus. Un seul moyen d’en finir avec un doute aussi lancinant : être sûr de la trahison ; il offrira donc sa femme. Farce lyrique, dit le sous-titre ; et tout le théâtre de Cromme-lynck, en effet, s’offre à nous sous ce signe du lyrisme ; toute son oeuvre est un poème en état de constante exaltation. À ce ton général s’allient sur le plan de l’écriture de constants effets de symétrie dans les gestes, dans les évolutions des comparses et même des figurants muets (voisins, servantes, etc.), dans les échanges quasi « strophiques » des répliques ; dans les tirades enfin (parfois trop exubérantes), qui isolent l’acteur, un instant, comme un chanteur de bel canto devant le trou du souffleur. Au surplus, on redécouvre, et on redécouvrira encore, plus d’un chef-d’œuvre de Crommelynck : les inquiétants et pathétiques Amants puérils (1921), Une femme qui a le cœur trop petit (1934) et le sublime Chaud et froid (1935), récemment repris sous son titre primitif, L’Idée de Monsieur Domm. Il semble que le légitime succès du Cocu magnifique ait fait du tort aux autres ouvrages de Crommelynck et que l’on s’est cru quitte avec tant d’œuvres réussies pour avoir assuré un tel triomphe à l’une d’entre elles.