crime
crime, infraction grave à la loi civile ou morale. On distingue deux grandes catégories de crimes : ceux que l’on peut appeler « pathologiques », parce qu’ils sont commis par des sujets atteints de troubles mentaux, et les autres. Les crimes pathologiques sont relativement peu nombreux : 1. ils sont le fait d’épileptiques dans la période de confusion mentale- qui succède à la crise comitiale. L’acte, d’une extrême violence, jaillit soudainement. Après la crise, le malade n’a aucun souvenir ; 2. l’homicide absurde, brutal et inattendu est commis par de jeunes schizophrènes. Parfois, c’est l’être le plus cher, la mère, qui en est la victime ; 3. les paranoïaques et les délirants arrivent, par une suite de déductions fausses, à rendre autrui responsable de leurs malheurs et de leurs souffrances. Leur crime est, à leurs yeux, un acte justicier. La deuxième catégorie de crimes sont le fait d’individus, ni névrosés ni fous, qui ont choisi par leur action de s’isoler de la société. Une nouvelle science, la criminologie, s’est constituée, groupant des spécialistes de diverses disciplines (biologistes, sociologues, médecins, psychologues, juristes), qui s’efforcent d’étudier le criminel et de le comprendre. criminologie, science qui étudie les causes du comportement antisocial de l’être humain et cherche à y remédier. Apparue au xviiie siècle avec les travaux de J. C. Lavater et de F. J. Gall, la criminologie s'est développée surtout à partir du XIX siècle. Selon les écoles, l’accent était mis tantôt sur les anomalies physiques et mentales (thèse illustrée par le concept de « criminel-né de C. Lombroso), tantôt sur l’influence du milieu social, à laquelle G. de Tarde, É Durkheim et A. Lacassagne attachent une importance particulière. Par la suite, on s’est efforcé d’opérer la synthèse de ces éléments et d’étudier le criminel « dans sa relation avec autrui, en débat avec la réalité interhumaine » (A. Hesnard). Souvent, le sens de l’acte criminel ne peut apparaître que s’il est situé dans la totalité du vécu du délinquant. La plupart du temps, le crime correspond à une tendance justicière, dont la cause profonde est une blessure personnelle subie dans l’enfance. Un jeune homme de 16 ans, sain d’esprit, tue la maîtresse de son oncle. Le crime est inexplicable. L’adolescent s’était conduit parfaitement jusqu’alors. Intelligent, travailleur, sérieux, il donnait toute satisfaction. Contre la victime, de son propre aveu, il n’avait aucun grief à formuler. Mais il avait vu pleurer sa tante, ce qui lui était insupportable. Il est devenu son justicier. Cependant, cette explication n’était pas suffisante. Il manquait une dimension essentielle : la résonance affective qui a entraîné l’acte criminel et que l’examen psychologique a pu révéler. Ce jeune homme avait souffert dans son enfance du comportement volage de son père. Il avait vu pleurer sa mère et partagé ses angoisses. Il aurait voulu tuer la maîtresse de son père (sinon son père lui-même) pour que sa mère ne pleure plus. Lorsque, des années plus tard, il rencontra au foyer de son onde une situation analogue, il y eut réactivation des souvenirs enfouis et sommation des émotions. Brusquement, il lui est apparu qu’il devait supprimer cette injustice ; il est devenu le justider d’autrui (de sa tante et de sa mère) et de lui-même. L’étude du criminel nécessite un travail d’équipe. Les divers spécialistes contribuent chacun en ce qui le concerne, à sa connaissance. Les facteurs socio-économiques, la constitution physique, l’intelligence, l’affectivité sont indissolublement liés dans le crime. C’est tout l’ensemble organisé de ces éléments qui peut expliquer la délinquance. La misère, l’inadaptation consécutive à l’immigration et ses phénomènes d’acculturation, la structure instable de la société (périodes de guerre, de révolution...) jouent un rôle certain dans la criminalité. Mais il semblerait qu’il existe aussi un facteur constitutionnel parmi les causes de la délinquance. En effet, les travaux des psychologues américains S. Glueck et W. H. Sheldon ont montré qu’il y a une relation positive entre le type morphologique mésomorphe et la criminalité. D’autre part, des électroencéphalographistes ont noté la présence de différences significatives entre les tracés des sujets normaux et ceux des délinquants. Les études psychologiques montrent, enfin, que les criminels ne sont pas moins intelligents que les non-délinquants, mais qu’ils sont plus souvent impulsifs, agressifs, méfiants, rebelles devant toute autorité et ayant tendance à s'affirmer socialement Leur "moi" doit dominer ; seule compte la satisfaction de leurs besoins. Dans sa Confession véridique d'un terroriste albinos (1984), le Sud-Africain B. Breytenbach rapporte comment un codétenu a vendu sa fiancée pour trois paquets de tabac. Incapable de se mettre à la place de son prochain qu’il déconsidère —, le délinquant ramène tous les problèmes à sa personne. Il manque de maturité dans son jugement et d’autocritique, tire rarement les leçons des expériences passées, a un mauvais contrôle émotionnel et a toujours tendance à se considérer comme frustré, victime d’une injustice. Il est vrai que, dans la majorité des cas, les délinquants sont issus de foyers dissociés, dans lesquels la mésentente régnait, où ils n’étaient ni compris ni aimés. On constate donc que le criminel n’est ni un malade ni un pervers, mais un individu agressif, mal adapté socialement, qui n’arrive pas à résoudre ses conflits, vit comme un persécuté, avec un sentiment permanent de frustration et, obscurément, recherche la condamnation de la société. La rééducation du criminel suppose la connaissance approfondie de son histoire et de sa personne. L’apprentissage d’un métier est utile dans bien des cas ; mais il est fort difficile, voire impossible, de donner au délinquant l'affection qu'il n'a jamais reçue, le sens de sa valeur personnelle qu'on lui avait niée, le climat moral sécurisant qui lui avait toujours fait défaut. Les mesures éducatives, la psychothérapie restent des recours possibles, mais il vaudrait mieux pouvoir réduire la criminalité en luttant contre la misère, les taudis et l'alcoolisme, en éduquant le public aussi, par la presse et la radio-télévision, plutôt que d’essayer de rendre à la société ceux qui s’en étaient écartés. C'est à cette mission préventive que devraient se consacrer, principalement, les criminologistes modernes.
CRIMINOLOGIE. Science étudiant la délinquance et la criminalité pour en dégager les causes.Liens utiles
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