CREVEL René
CREVEL René
1900-1935
Poète et pamphlétaire, né à Paris. Une figure dans l’histoire du surréalisme. Non pas que son suicide ait fait de lui, dans la mémoire du groupe, une sorte de « martyr » ; non pas que l’« homme » dépasse en intérêt les œuvres du poète (qui, à vrai dire, sont plutôt des proses lyriques, ou satiriques ; et sous la forme de l’autobiographie ou de l’essai) : Mon corps et moi, 1925 ; Êtes-vous fous, 1929 ; Le Clavecin de Diderot, 1932 ; Les Pieds dans le plat, 1933. Bien au contraire ; même à l’intérieur d’un mouvement si riche en hommes de vigoureux relief, le ton de Crevel se détache par sa cruauté aiguë, ses jets de rage, ses soudains enthousiasmes ou sa simple jovialité. Et surtout, seul il avait été, selon sa propre expression, docile aux voies souterraines. (Breton, d’ailleurs, dans les Pas perdus, reconnaît que Crevel a été l’initiateur des « sommeils hypnotiques » au sein du mouvement) ; seul parmi les sectateurs du groupe, il en avait pris au sérieux - c’est-à-dire comme des ordres -chacun des mots d’ordre : seul, il tenait le surréalisme pour une façon de vivre et pas seulement pour une façon d’écrire. Seul, enfin, cet adhérent au PC n’avait pas admis le divorce du Parti d’avec le mouvement surréaliste. Il est mort de cette impossibilité de vivre à la fois révolutionnairement et poétiquement, qu’il avait entrevue très tôt (1925), deux ans après son adhésion au groupe fondé par André Breton : Le suicide (écrivait-il alors, en réponse à une « enquête » de La Révolution surréaliste) est la plus vraisemblablement juste et définitive des solutions [...] J’ai voulu ouvrir la porte et n’ai pas osé. J’ai eu tort, je le sens, je le crois...