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correspondances (théorie des)

correspondances (théorie des)

Théorie rendue populaire par le quatrième sonnet des Fleurs du mal, de Baudelaire, selon laquelle l’univers recèle de multiples .analogies entre chacun de ses éléments. Commentaire La théorie baudelairienne plonge ses racines dans une large et ancienne tradition ésotérique. Dès le XVIIIe siècle, le savant et théosophe suédois Swedenborg (1688-1772) avança que le monde était tissé de rapports suprasensibles et fonda une secte mystique : « l’Église de la Nouvelle Jérusalem ». Par la suite, ses idées furent reprises par les romantiques aussi bien allemands que français. Pour eux aussi, les êtres et les choses ont des affinités réelles, le rôle de l’homme étant de s’intégrer à la nature mystique et de faire écho au monde qui l’entoure. Citation La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec' des regards familiers. (Charles Baudelaire, les Fleurs du mal, « Correspondances ».) CORRESPONDANCES (Théorie des) - Théorie affirmant l’existence de corrélations étroites et précises entre le monde intérieur humain et le monde extérieur cosmique. La théorie des correspondances a été d’abord formulée par le philosophe suédois Swedenborg (1688-1772). Elle a ensuite influencé tout le romantisme européen. En France, les idées de Swedenborg se retrouvent dans l’œuvre de Balzac (Seraphita) et surtout de Baudelaire qui en fera l’axe principal de sa poétique. Dans son sonnet « Correspondances », Baudelaire affirme sa croyance dans une unité cachée derrière les composantes apparemment disparates de l’univers. Cette harmonie a été perdue et c’est au poète de la reconstruire par le langage. Dans « Correspondances », véritable manifeste pré-symboliste, Baudelaire écrit : « Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » Le dualisme entre la réalité et l’idéal sera donc résolu par les correspondances que le poète révèle entre l’homme et le monde et d’abord entre ses propres sensations : « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfant, Doux comme des hautbois, verts comme des prairies. » Ces correspondances entre les sensations renvoient à la recherche d’une synthèse des arts destinée à reconstituer l’unité perdue. On appelle parfois ces associations des « synesthésies », c’est-à-dire des corrélations qui s’établissent spontanément, de manière subjective, entre les sens. Cette théorie « scientifique » avancée par le physiologiste et physicien allemand Helmholtz (1821-1894) a été appliquée, entre autres, au fameux sonnet de Rimbaud, « Voyelles ». —> Analogie - Synesthésie

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