Copernic
Copernic
(Nicolas, 1473-1543.) Astronome polonais. Il fait ses études (de droit et de médecine) à Cracovie, puis en Italie. Si sa notoriété vient avant tout de sa mise au point de la théorie héliocentrique qui ébranle les conceptions antique et médiévale du monde, il apparaît, comme les grands intellectuels de son époque, comme un esprit curieux de tout : il fait des mathématiques, de la philosophie ou de l'économie, traduit des textes du latin et s'adonne épisodiquement aux belles-lettres et à la peinture (on a de lui un autoportrait). Il participe également à la vie politique et militaire de son pays, défendant notamment en 1520 la ville de Olsztyn contre les chevaliers teuto-niques. ♦ C'est sans doute à partir de 1510 que Copernic choisit l'héliocentrisme comme système expliquant les positions et les mouvements des planètes ; mais lui-même, persuadé qu'il faut « ne confier les secrets de la philosophie qu'à des amis fidèles et à des proches », ne fait circuler ses idées que sous l'aspect de quelques copies manuscrites. Leur première publication, due à Rheticus en 1540, n'est encore qu'un résumé anonyme (Narratio prima) ; et ce n'est que très peu de temps avant sa mort que paraît son traité De revolutionibus orbium coelestium, également préparé par Rheticus, mais augmenté d'une préface d'A. Osiander, pasteur luthérien passionné de mathématiques, qui amoindrit la portée révolutionnaire des découvertes de Copernic en ne les présentant que comme comme une hypothèse parmi d'autres possibles, sorte de fiction explicative simplement plus efficace que l’ancienne fiction ptoléméenne.
♦ Le De revolutionibus propose un système en contradiction totale avec les conceptions héritées de Ptolémée, puisque l'héliocentrisme inverse le lieu et la fonction de deux « lieux » autour desquels s'élabore la cosmologie : la terre et le soleil. C’est bien ce que soulignera Kant dans la préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure en évoquant une « révolution copernicienne » susceptible de servir de modèle à une refonte de la métaphysique elle-même. C’est, sur le moment, ce qui provoque un refus violent des autorités ecclésiastiques, tant protestantes (Luther accuse Copernic de folie, et Calvin ne trouve dans ses textes qu'un tissu d'insanités) que catholiques : le Vatican condamne les thèses de Copernic et le De revolutionibus est mis à l’index en 1616. De leur côté, pratiquement toutes les universités européennes condamnent le système héliocentrique, et ce n’est que grâce aux travaux ultérieurs de Galilée - en dépit de ses propres difficultés à diffuser ses conceptions -, puis de Kepler et de Newton, que le système copernicien sera finalement reconnu comme inaugurant la conception moderne de l'univers et ouvrant la voie à la découverte des lois de l'astronomie et de la physique.