Conscience
Conscience Élément du système perception-conscience qui prend place dans la première théorie freudienne de l’appareil psychique. Ce système est le lieu où arrivent les informations du monde extérieur et du monde intérieur mais où, à la différence de l’inconscient et du préconscient, ne s’inscrit aucune trace des excitations, car, pour Freud, mémoire et conscience s’excluent. Dans la conscience règne le processus secondaire. Bien que la conscience fasse partie de la première topique*, cette notion n’a pas donné lieu à de nombreux développements chez Freud. Il la compare à un organe des sens recevant ses contenus d’ailleurs. Lacan situera la conscience du côté du Moi, qu’il distingue du sujet de l’inconscient, c’est-à-dire du côté de l’imaginaire.
CONSCIENCE
En tant que « donnée immédiate », la conscience, dont l’étymologie latine suggère l’idée de connaissance, définit d’abord la présence vécue du sujet à lui-même et son rapport au monde. Alors que la philosophie classique - notamment avec Descartes qui identifie la pensée à la conscience - considère volontiers le sujet conscient transparent à lui-même, la réflexion contemporaine depuis le XIXe siècle (Marx, Nietzsche, Freud) conteste cette maîtrise de l’esprit sur l’ensemble de ses productions. On appelle « champ de la conscience » l’ensemble des phénomènes présents à une conscience individuelle en un moment donné.
conscience, connaissance immédiate que chacun possède de son existence, de ses actes et du monde extérieur. La conscience, qui organise les données de nos sens et de notre mémoire, qui nous situe dans l’espace et le temps, n’existe pas en tant que fonction particulière, organisée et ayant un « siège » dans le cerveau. Elle est sans intériorité ni extériorité, elle est rapport au monde perçu. H. Bergson l’assimile à l’attention, S. Freud à la perception, C. G. Jung à l’état de veille, les neuropsychologues à la fonction vigile. J. Delay distingue sept niveaux de conscience. Le plus élevé correspond à l’hype-ractivation du cerveau (vigilance excessive, émotions fortes), le plus bas correspond au coma (les excitations sensorielles ne provoquent plus que de très faibles réactions motrices). Entre ces extrêmes se situent la vigilance attentive, la vigilance diffuse, la rêverie ou l'endormissement, le sommeil léger et, le sommeil profond. Ce que l’on a coutume d’appeler « conscience » se limite aux niveaux précédant l’endormissement Au-delà, la conscience n’est pas abolie — puisque l’on rêve et qu’on s’en souvient mais la pensée est surtout fixée sur les pulsions et l'affectivité (conscience onirique).
CONSCIENCE
1. Connaissance immédiate qu’un sujet a de lui-même, de ses pensées et de ses actes (perdre conscience; avoir conscience de soi). Cette conscience — que l’on peut qualifier de psychologique pour la distinguer du sens 2 — peut être plus ou moins claire et plus ou moins complète, soit pour des raisons externes (le sommeil, la fièvre, l'alcool ou la drogue obscurcissent la conscience), soit parce que nous ne percevons pas nous-mêmes clairement les raisons multiples de nos pensées ou de nos actes.
Ainsi on peut distinguer une conscience spontanée qui est la simple présence du sujet à lui-même (j'ai faim et je dis « j'ai faim » prouvant ainsi que j'ai conscience de ma sensation), et une conscience réfléchie qui est la connaissance et l'analyse de ce dont j’ai conscience (j'essaie d'avoir une claire conscience des sentiments qui m'animent en ce " moment important de ma vie).
2. Capacité de former des jugements moraux sur les actes et les personnes : cette conscience est la conscience morale (le directeur de conscience ; l'objecteur de conscience ; juger en conscience...). Ce sens 2 correspond donc à un usage particulier (juger du bien et du mal) de la conscience au sens 1.
3. Pour la philosophie classique, la conscience suppose que le sujet conscient se connaisse entièrement, soit «transparent» à lui-même. Or la philosophie contemporaine a, de plusieurs points de vue, mis en doute cette toute-puissance du sujet sur lui-même. F. Nietzsche d’abord a montré que le sujet peut s’aveugler lui-même sur les buts qu’il poursuit, par lâcheté ou par hypocrisie (je prétends être pieux mais, au fond, je veux surtout faire honte à l’impie et avoir bonne conscience). K. Marx a, quant à lui, examiné les intérêts politiques qui orientent les idées et les désirs des sujets (la conscience est déterminée par la situation de classe ). Enfin, S. Freud a combattu l’idée que la conscience règne sur la totalité de notre esprit en formulant l’idée d’un inconscient qui lui échappe.
CONSCIENCE. < Le rapport des contenus psychiques au Moi conscient forme ce qui peut être désigné du nom de conscience >. « La relation d’un contenu psychique au Moi constitue le critère de son état conscient, car aucun contenu ne peut être conscient à moins qu’il ne soit représenté à un sujet ». Le présupposé de la conscience est donc l’existence d’un sujet, d’un Moi conscient, c’est-à-dire d’ < une différenciation entre sujet et objet et une relation entre eux >. C’est la séparation d’avec la mère — mère personnelle d’abord, mère inconscient toujours — qui permet ce face à face. « La conscience est phylogénétiquement et ontogénétiquement secondaire >. C’est un « état temporaire qui repose sur une performance physiologique et qui est régulièrement interrompu par les phases d’inconscience du sommeil ». C’est aussi un état progressif qui, chez l’enfant jusque vers quatre ans, « manifeste une discontinuité insulaire » du fait de la précarité du Moi. C’est enfin un état relatif : < Il n’y a pas une conscience pure et simple mais toute une gamme d’intensités de conscience, comme il n’y a pas de contenu conscient qui ne soit inconscient à un autre point de vue >. Enfin la notion de seuil, non seulement inférieur, mais aussi supérieur, « présuppose un point de vue énergétique d’après lequel la conscience des contenus psychiques dépend essentiellement de leur intensité >, et aussi de leur valeur. De ce fait, la conscience est un système de perception. Quant au mécanisme de la prise de conscience, il s’inscrit dans une dialectique entre inconscient et conscient. En effet, d’une part valeur et intensité caractérisent l’affect qui accompagne le contenu psychique et grâce auquel la prise de conscience a lieu. Il trouve son origine dans l’énergie spécifique liée aux archétypes. Ainsi, paradoxalement, c’est l’inconscient qui est la matrice de la conscience, laquelle, pour Jung, < représente une manifestation spontanée du Soi >. D’autre part, le Moi conscient offre une structure d’accueil grâce aux concepts aperceptifs et à l’énergie libre de la volonté qui permet un nouvel assemblage des contenus fragmentés . Enfin, l’élaboration consciente a un retentissement sur les formes que peuvent prendre les archétypes, modifiant ainsi parfois les lois éternelles des images primordiales. Le rôle de la conscience apparaît donc essentiel. Par le jeu des fonctions psychologiques, elle permet l’orientation extérieure et intérieure. Par ailleurs, c’est « lorsqu’elle remplit sa tâche jusqu’aux limites du possible » que « l’inconscient fonctionne de façon satisfaisante, perdant son aspect contraignant et angoissant pour jouer son rôle compensatoire ». Ainsi s’accroît « la liberté empirique de la volonté ». La conscience humaine, enfin, a une valeur cosmique : « La première, elle a créé l’existence objective et la signification et c’est ainsi que l’homme a trouvé sa place indispensable dans le grand processus de l’être >. Deux dangers sont la contrepartie du développement de la conscience : l’unilatéralité et la perte des instincts. (Voir aussi : Affect, Archétype, Energie, Fonctions psychologiques, Inconscient, Moi, Unilatéralité. Vigilance, Volonté.)