Conflit psychique
Conflit psychique Désigne l’opposition entre des représentations inconciliables et des désirs ou des motions pulsionnelles opposés, voire des instances psychiques (inconscient d’une part, préconscient-conscient de l’autre, dans la seconde topique le Moi peut être en conflit avec le Ça, ou avec le Surmoi, ou avec le monde extérieur). Le conflit est bien sûr présent au cœur du complexe d’Œdipe, mais aussi dans la dynamique pulsionnelle où chaque pulsion est intriquée avec la pulsion antagoniste avec laquelle elle est en conflit. Le conflit est une notion fondamentale au cœur de la structure du sujet.
La notion de conflit définit la psychanalyse comme psychologie dynamique. Le conflit y concerne l’affrontement intrapsychique entre les forces et « instances » qui constituent le Sujet ; fondamentalement entre un désir et sa défense.
1. Dans une première phase de la théorie, le conflit existait entre « pulsions (tendances) sexuelles » et « pulsions du Moi » (ou de conservation). Mais il fallut prendre en compte des conflits de désirs (par exemple entre des aspirations passives et actives), des conflits de système (motions inconscientes et idéaux conscients), d’instances (opposition de but entre le Ça et le Moi), de relations (conflits entre le Moi et le monde extérieur, entre le Ça et un objet « intériorisé »...). Dans son état achevé, la théorie situe tous les conflits dans le cadre de l’opposition des deux instincts (de Vie et de Mort). En soi le conflit n’est pas pathogène. Il est au contraire une force de changement, de progrès. Encore faut-il que le Moi soit en position d’assurer ses fonctions (« alloplastiques ») d'adaptation et de synthèse... Lorsqu’il y a disproportion des forces en présence ou, surtout, quand intervient, du fait même d’une aspiration propre, un motif d’angoisse, le conflit aboutit à la « défense ».
2. Le cas le plus général, qui est à la base des névroses, concerne le conflit entre une pulsion sexuelle (ou sexuelle-agressive) et les fonctions de contrôle du Moi. S’il n’y a pas de modification, de solution ou d’issue possibles, on se trouve dans le cas du refoulement (de la « motion » indésirable du point de vue de la conservation de l’organisation du Moi). Le refoulement est, le plus souvent, suivi d’un retour du refoulé, sous forme d’un compromis (symptomatique) à type de « conversion » (hystérie), de phobie (hystérie d’angoisse), d’obsession (névrose obsessionnelle), qui cherche, avec plus ou moins de succès, à travers des dramatisations, des condensations, des déplacements successifs, à satisfaire aux exigences des deux fronts en présence (celui du désir et de la défense). Les conflits entre le Moi et la réalité (ou son représentant intériorisé) définissent les névroses narcissiques (psychoses).
3. Un point est particulièrement important pour la pleine compréhension du conflit : la psychanalyse n’attache pas d’importance particulière aux sources extérieures de conflit. Les incitations ou événements extérieurs ne prennent leur sens que pour autant qu’ils sont « investis », en relation avec les vœux, désirs, pulsions du Sujet ; ou pour autant qu’ils apparaissent comme « frustrations » eu égard à la complexion particulière du Sujet. Ils sont encore pathogènes lorsqu’ils viennent confirmer une projection, ou qu’ils entrent dans une chaîne de symbolisation... Les conflits « exogènes » existent bien cependant, avec leur poids traumatique, mais ils ne relèvent pas de la psychanalyse (comme telle). La psychanalyse traite du conflit interne ; elle montre de fait l’aspect constitutif, inéluctable, du conflit chez l’homme. L’élimination (utopique) de tous les conflits de réalité ne fera que mieux dégager le conflit fondamental (à la Vie, à la Mort), auquel elle aura retiré toute possibilité de « rationalisation »...
CONFLIT PSYCHIQUE
Dans une conception dynamique de l’appareil psychique, on dira que les désirs, les représentations, les pulsions ou les instances antagonistes au sein d’un individu provoquent des conflits psychiques. Ainsi, le complexe d’Œdipe représente un conflit entre des tendances contraires chez l’enfant : amour et haine du père, désir de la mère et crainte de la colère paternelle, etc. Le modèle fondamental du conflit psychique est celui du conflit entre le désir et la défense. Le symptôme névrotique est le résultat d’un conflit pulsionnel mal résolu : une pulsion indésirable est refoulée, mais fait retour sous la forme du symptôme. La première théorie freudienne des pulsions voyait dans le conflit entre les pulsions sexuelles et les pulsions du moi la base de l’ambivalence pulsionnelle, mais la dernière théorie des pulsions ramène l’ensemble des conflits psychiques dans le cadre de l’opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort. La psychanalyse est clairement une tentative de reconnaître et de régler au maximum les conflits psychiques : « Il nous faut rechercher les refoulements anciens, inciter le “moi” à les corriger, grâce à notre aide, et à résoudre ces conflits autrement et mieux qu’en tentant de prendre devant eux la fuite. » (Freud, Psychanalyse et Médecine.)
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