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CONFLIT

CONFLIT. n.m. (lat. conflictus « choc », « heurt », « rencontre »). ♦ 1° Situation qui résulte de la rencontre d’exigences opposées également nécessaires, également importantes à satisfaire, ou désireuses de se satisfaire, ou résolues à se satisfaire. Il peut s'agir d'opposition d'intérêts entre différents États ou différents groupes, d’antagonisme entre deux personnes, ou, dans une même conscience, de lutte entre des sentiments ou des tendances inconciliables. Ex. : conflit de générations, conflit de civilisations, conflit de devoirs. ♦ 2° En psychanalyse, il y a conflit quand la personne est partagée entre la satisfaction des désirs qu’elle éprouve et les principes qui lui ont été inculqués ou les pratiques en usage dans son milieu. La psychanalyse parle, alors, de conflit entre le « çà » et le « moi » et le « surmoi ». Ces conflits peuvent aboutir à des névroses si les désirs profonds sont refoulés et ne subsistent qu'inconscients. ♦ 3° Kant a montré que la raison pouvait entrer en conflit avec elle-même si elle dépassait le domaine de l'expérience pour spéculer dans l'absolu. Elle se trouve alors capable de se contredire. Par exemple, elle pourra se trouver à la fois dans la nécessité d'affirmer que le monde a eu un commencement et qu’il est éternel. Ces situations contradictoires sont les « antinomies de la raison pure » dont l'esprit ne sort qu'en limitant la connaissance au monde des phénomènes.

CONFLIT Désigne au sens général toute opposition marquée, éventuellement violente, entre des puissances ou des tendances contradictoires qui prétendent exercer leur domination dans le même domaine. On évoquera ainsi aussi bien un conflit armé entre deux États que le conflit des générations, un conflit de civilisations qu’un conflit de devoirs. Kant nomme « conflit de la Raison avec elle-même » les contradictions où elle se fourvoie en essayant de trouver un inconditionnel d’où dépendraient les phénomènes conditionnés. ♦ Dans le vocabulaire de la psychanalyse, le conflit entre les exigences du moi et celles du ça ou du surmoi peut être générateur de névrose s’il n’est pas déplacé de l’inconscient vers la conscience. CONFLIT. C’est avec l’investigation systématique du conflit émotionnel — jusqu’alors en dehors de la sphère de la science médicale — que naît la psychanalyse. Freud a réduit les conflits émotionnels à l’action de forces fondamentales de fins opposées, c’est-à-dire de pulsions antagonistes. Tout au long de ses recherches, il a maintenu cette approche dualiste des processus psychologiques et insisté sur la nécessité de comprendre la nature des pulsions. Au début, acceptant le contraste généralement admis entre la faim et l’amour, il vit ces forces pulsionnelles en opposition dans les pulsions d’autoconservation, d’une part, et les pulsions sexuelles de l’autre. Plus tard, il établit la différence entre les pulsions du Moi et les pulsions sexuelles, et pensa que ce dualisme s’accordait avec le double rôle de l’être humain comme individu et comme représentant de l’espèce. Mais les progrès de ses recherches ne confirmèrent point cette distinction et, en dernière analyse, il arriva à la conclusion que les premiers moteurs du comportement étaient une pulsion de vie et une pulsion de mort. La psychologie des profondeurs ramène la névrose à un conflit entre deux instances. Dans la psychanalyse ce conflit se situe entre le besoin de satisfaction et la sécurité, entre les défenses du Moi et les pulsions du Ça. Dans cette perspective ce conflit est intrapersonnel ; il se passe à l’intérieur de la personnalité. Pour Adler l’apparition de la névrose est due à un conflit entre la personnalité et les exigences du monde extérieur. Toutes les fois que le sujet, avec ses structures psychiques propres, se trouve confronté avec les problèmes de son existence, problèmes qu’il ne sait pas ou croit ne pas pouvoir résoudre, les prémisses pour l’éclosion d’une névrose sont données. Pour Jung comme pour Freud, le conflit est l’expérience cruciale à l’origine des névroses et des psychoses. Jung la fonde « en dernière analyse sur l’impossibilité apparente d’acquiescer à la totalité de la nature humaine ». D’un point de vue topique, il naît de la tension, voire de la dissociation entre le Moi conscient et l’inconscient, personnel et collectif : confrontation au Surmoi et à l’Ombre. D’un point de vue dynamique, il est habituellement projeté ou réprimé ; mais lorsqu’il est conscient, il maintient la tension nécessaire entre les opposés, accroît "la production d’énergie psychique et la faculté de différenciation ultérieure, toutes deux indispensables au développement de la conscience". Il faut toutefois que le sujet puisse en porter la souffrance. « C’est un processus et une méthode à la fois », qui " réclame une solution réelle et a besoin d’un troisième terme en qui les opposés puissent s’unir. Celui-ci ne peut être que de nature irrationnelle, un processus énergétique qui agit symboliquement". Voir aussi : Différenciation, Dissociation, Névrose, Ombre, Troisième terme. CONFLIT (n m.) Violente opposition matérielle {conflit social), morale {conflit des devoirs) ou rationnelle (Kant : conflit de la raison avec elle-même) ; contrairement à la concurrence, le conflit suppose divergence de but entre les protagonistes.



CONFLIT PSYCHIQUE

Dans une conception dynamique de l’appareil psychique, on dira que les désirs, les représentations, les pulsions ou les instances antagonistes au sein d’un individu provoquent des conflits psychiques. Ainsi, le complexe d’Œdipe représente un conflit entre des tendances contraires chez l’enfant : amour et haine du père, désir de la mère et crainte de la colère paternelle, etc. Le modèle fondamental du conflit psychique est celui du conflit entre le désir et la défense. Le symptôme névrotique est le résultat d’un conflit pulsionnel mal résolu : une pulsion indésirable est refoulée, mais fait retour sous la forme du symptôme. La première théorie freudienne des pulsions voyait dans le conflit entre les pulsions sexuelles et les pulsions du moi la base de l’ambivalence pulsionnelle, mais la dernière théorie des pulsions ramène l’ensemble des conflits psychiques dans le cadre de l’opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort. La psychanalyse est clairement une tentative de reconnaître et de régler au maximum les conflits psychiques : « Il nous faut rechercher les refoulements anciens, inciter le “moi” à les corriger, grâce à notre aide, et à résoudre ces conflits autrement et mieux qu’en tentant de prendre devant eux la fuite. » (Freud, Psychanalyse et Médecine. )

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