CONDILLAC. (Étienne Bonnot de)
CONDILLAC. (Étienne Bonnot de). Philosophe français (1715-1780), ecclésiastique, bénéficiaire de l’abbaye de Flux. Il fut discrètement lié à des « philosophes » de son temps, en particulier à Diderot et à Rousseau. Disciple de Locke au départ, c’est-à-dire se rangeant parmi les empiristes, il a abouti à un sensualisme intégral. Pour lui, toutes nos idées, toutes nos connaissances viennent de la sensation. Il ne sépare pas les fonctions sensibles des fonctions intellectuelles. La vivacité de la sensation engendre l’attention, et de là on peut faire dériver la mémoire, le jugement, la réflexion. De même, à partir du désir, on peut établir la genèse de tous les sentiments et de la volonté. Dans un tel sensualisme, la réalité du moi se trouve réduite à rien. Aussi Condillac a-t-il suscité plus d’opposition que d’intérêt. S’il retrouve, aujourd’hui, une certaine place, c’est en raison de ses études sur la pensée et les signes et sur le langage comme institution. Ce qui sépare l’homme des autres animaux, a-t-il dit, c’est l’institution des signes du langage. Le langage est une œuvre humaine. Les signes ne sont pas naturels, mais institutionnels. Leur rapport avec les idées est arbitraire. Les règles de fonctionnement de la langue sont indépendantes des individus. Par l’intermédiaire de Bréal, Condillac a influencé Saussure et la linguistique moderne. Il intéresse aussi la pensée contemporaine dans la mesure où elle réfléchit sur la place du sens dans la science. La « langue des calculs » envisage un langage dans lequel le raisonnement ne dépend que des lois de combinaison des signes, sans considération de sens.
CONDILLAC
(Étienne Bonnot de, 1715-1780.) Philosophe français. Après une formation religieuse, il fréquente les philosophes et Encyclopédistes (Fontenelle, Rousseau, Diderot), puis rédige pour le fils du duc de Parme un Cours complet d'instruction en seize volumes (Grammaire, Art d'écrire, Art de penser, Histoire générale des hommes, etc.). Élu à l'Académie en 1768, il mène une existence retirée jusqu'à sa mort.
♦ Principal représentant de la psychologie française des Lumières et fondateur du sensualisme, adversaire de Descartes et s'inspirant de Locke, Condillac ne maintient comme source des idées et de toute connaissance que la sensation, dont nos opérations intellectuelles résultent par élaboration et transformation. Le Traité des sensations imagine ainsi une célèbre statue, « organisée à l'intérieur comme nous et animée d'un esprit privé de toute espèce d'idées » pour démontrer que le savoir qu'elle élaborera progressivement ne lui viendra que par les sens. Le sentiment du « moi » n'est pour sa part rien d’autre que la totalisation des sensations actuelles et des sensations conservées.
♦ Dans un tel système, la logique est une partie de la psychologie : c’est la théorie des idées et des opérations sur les idées. Mais Condillac est le premier philosophe français à avoir élaboré le programme d'une philosophie analytique et à placer la réflexion sur le langage en son centre. Pour lui, « les idées abstraites et générales ne sont que des dénominations » (Logique) et ainsi le langage conditionne le développement de la pensée humaine : « Parler, raisonner, se faire des idées générales ou abstraites, c'est au fond la même chose. » Dès lors, puisque le langage sert de fondement à la pensée abstraite et à l'organisation du savoir, la science doit se définir comme « une langue bien faite ». De telles conceptions (qui témoignent de l'influence, aux côtés de Locke, des logiciens de Port-Royal) préfigurent certains aspects de la linguistique moderne : Condillac affirme le caractère conventionnel du signe linguistique, et dans La Langue des calculs, il finit par trouver dans les mathématiques l'équivalent d'un langage sans signification qui anticipe sur le formalisme logique pour lequel le raisonnement ne dépend que des lois de combinaison des signes.
♦ Le sensualisme de Condillac influencera les Idéologues du xviiie siècle, mais sera abandonné dès que se produira ultérieurement un regain d'intérêt pour le cartésianisme. Il n'en reste pas moins qu'il inaugure dès 1749 (Traité des systèmes) la philosophie critique et construit sa théorie de la connaissance en la libérant de toute hypothèse métaphysique ou théologique, ainsi qu'en affirmant l’idée d'une limitation du savoir humain que l’on pourra utilement comparer à celle qu'en forme Kant : « Autant nos sensations peuvent s'étendre, autant la sphère de nos connaissances peut s'étendre : au-delà toute découverte nous est interdite. »
Œuvres principales : Essai sur l'origine des connaissances humaines (1749) ; Traité des sensations (1755) ; Logique (1780) ; La Langue des calculs (posthume, 1798).
CONDILLAC (Etienne Bonnot de), philosophe français (Grenoble 1715-abbaye de Flux 1780). Il place dans la sensation l'origine de toutes nos connaissances réelles (Traité des sensations, 1754). Certains le considèrent comme l'un des fondateurs de la science économique moderne pour son ouvrage sur le Commerce et le gouvernement considérés relativement l'un à l'autre (1776).
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