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CONDAMNATION DE L'ACTION FRANÇAISE

CONDAMNATION DE L'ACTION FRANÇAISE • 29 décembre 1926 En juillet 1899, Charles Maurras, partisan d’une monarchie autoritaire, participe à la création d’une Revue d’Action française. Le 21 mars 1908, cette publication devient un quotidien, preuve de la vitalité de l’Action française, mouvement nationaliste, antisémite, conservateur et catholique qui regroupe les « bons Français ». Mais en décembre 1926, le pape Pie XI, arrivé aux mêmes conclusions que l’archevêque de Bordeaux, qui dénonçait dans une lettre épiscopale «l’athéisme et l’antimoralisme» du mouvement, le condamne et met à l’index le journal et les œuvres de Charles Maurras. Ce dernier, dans un article intitulé «Non possumus », refusera de se soumettre. Pour son parti, cependant, c’est le début de la fin.


Action française. Fondé en 1899, le courant de l’Action française a donné une place privilégiée aux questions de littérature dans ses divers organes de presse, la revue Action française (1904), le quotidien du même nom (1908), devenu en 1947 Aspects de la France, la Revue critique des idées et des livres (1908-1924), la Revue universelle (1920-1944), la Nation française (1955-1967). Inspiré à ses débuts de la pensée de Maurras, critique du romantisme, source de la décadence, et, défenseur des classicismes, dont l’École romane vise à restaurer l’esprit, le mouvement se nourrit des contributions très diverses, plus ou moins durables, de romanciers comme de poètes, d’essayistes comme d’historiens et de philosophes. À la réflexion sur les genres et sur la critique, à la réhabilitation du goût classique et de l’ordre, participent, de façon plus ou moins polémique et plus ou moins politique, Pierre Lasserre, Thierry Maulnier, Jacques Bainville, Jean-Marc Bernard, Léon Daudet, Henri Massis, Brasillach, Bernanos, Nimier, Pierre Boutang, etc. L’excès dans la condamnation ou l’adulation, les jugements littéraires simplificateurs n’ont pas manqué. Le courant littéraire de l'Action française a cependant, dans les années vingt surtout, sensiblement marqué la critique (André Thérive, Edmond Jaloux, Albert Thibaudet, Henri Clouard, Pierre de Nolhac) et exercé sur la jeunesse intellectuelle des années trente un véritable ascendant. Paulhan, Montherlant, Jouhandeau, Audiberti, T.S. Eliot ont exprimé leur dette envers Maurras, homme de lettres et prosateur. D’autres, comme Maeterlinck, s’en sont rapprochés dans les années vingt, pour s’en écarter ensuite. L’éclatement de l’Action française, au lendemain de la guerre, lui a laissé des héritiers, Kléber Haedens, Roger Nimier, Michel Déon.

-► Victor Nguyen, Aux origines de l’Action française, Fayard, 1991.

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