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COMPLEXE

COMPLEXE. n.m et adj. (lat. complexus, du verbe complecti « embrasser », « englober »). ♦ 1° Adjectif. Désigne un ensemble composé d’éléments divers quantitativement et qualitativement. La Logique de Port-Royal a étudié des termes, des propositions et des syllogismes complexes. Par exemple, Dieu, l’homme sont des termes simples. L’homme animal politique, Dieu, infini, sont des termes complexes. Le linguiste Chomsky s’est intéressé à la décomposition des idées et propositions complexes telle qu’elle est analysée dans la Logique de Port-Royal. ♦ 2° Substantif. Le mot « complexe », dans son sens le plus général, désigne un ensemble d’éléments organisés en système, c’est-à-dire ayant entre eux des relations constitutives. (Ex. : un complexe industriel, un complexe sportif). ♦ 3° Psychanalyse. Un complexe est un ensemble de représentations très chargées d’affectivité, doué d’une très forte cohésion intérieure, et formant dans la conscience comme un « nœud», un « corps étranger » pour reprendre l’expression de Jung. Le sujet qui a un complexe est sensibilisé à un type de situations en face desquelles sa conduite peut être plus ou moins gravement perturbée. Le complexe peut se liquider progressivement. La volonté peut aussi le tenir en échec. S’il est refoulé tout en conservant sa vitalité, il reparaît dans la vie consciente sous des formes déguisées ou provoque des troubles psychiques comme les névroses. On énumère un grand nombre de complexes. Les plus souvent cités sont le complexe d’infériorité, le complexe de supériorité, le complexe d’Œdipe et le complexe d’Électre. Selon un postulat psychanalytique, un enfant éprouve des sentiments incestueux pour le parent du sexe opposé et a une attitude de rivalité ou d’aversion pour le parent du même sexe. Les petits garçons sont donc sujets du complexe d'Œdipe qui, selon la légende, sans le vouloir, tua son père et épousa sa mère. Les petites filles seraient soumises au complexe d'Electre qui, suivant la légende, voulut venger son père Agamemnon tué par sa mère Clytemnestre.


COMPLEXE
L’adjectif qualifie ce qui est constitué de plusieurs éléments. Les logiciens de Port-Royal nommaient particulièrement idée ou proposition complexe celle qui peut se décomposer en plusieurs idées ou propositions simples. Ainsi, la phrase « Dieu infini a créé le monde fini » se ramènerait par analyse à trois assertions : « Dieu est infini », « Dieu a créé le monde », « Le monde est fini ». Une telle démarche a été réactualisée en linguistique par Chomsky. ♦ Le substantif (introduit par Breuer, puis utilisé par Freud et ses successeurs) désigne en psychanalyse un ensemble organisé de représentations et voûtions inconscientes, de type conflictuel, qui constitue une structure fondamentale de l’affectivité. En l’absence de traumatisme provoquant un refoulement, l’évolution normale des complexes (dont le principal est celui d’Œdipe) va dans le sens de leur extinction progressive .complexe, ensemble de tendances inconscientes qui détermine les attitudes d’un individu, son comportement, ses rêves, etc. Pour beaucoup de personnes, le contenu de ce concept reste assez flou. Les unes pensent qu’il s’agit d'un conflit intérieur, opposant la conscience morale aux pulsions sexuelles et agressives, les autres, qu’il est causé par un choc intense, de nature sexuelle. Presque tout le monde croit que c’est un phénomène morbide. Mais il n'en est rien. Dans la terminologie psychanalytique, ce mot recouvré une combinaison de traits personnels, de désirs, d’émotions, de sentiments, d'attitudes affectives contradictoires, pratiquement toujours inconscientes, le tout organisé en un ensemble indissoluble, et faisant partie intégrante de la personnalité. Les complexes se forment dans les premières années de la vie. À leur base, on retrouve toujours le couple amour-haine. Us ne sont pas pathologiques, mais ils peuvent le devenir à la suite des modifications qu'ils subissent ou d'hypertrophies secondaires. Quand ils ne se résolvent pas normalement, ils entraînent des troubles caractériels chez l’enfant et se prolongent par des désordres nerveux chez l’adulte. Chaque événement important de l'histoire d’un enfant est susceptible de déclencher la formation d'un complexe. La naissance d’un cadet dans une famille, par exemple, entraîne une série de modifications dans les attitudes de chacun de ses membres. Par la force des choses, la mère, accaparée par les soins à donner au nouveau-né, se détourne de son aîné. Celui-ci, se sentant frustré, devient jaloux et agressif à l'égard du puîné. Il en veut aussi à sa mère qui se détourne de lui. Agité de sentiments contradictoires, d'amour et de haine, de désir de réconciliation et d'agression, il est anxieux. Parfois, il régresse, ne veut plus aller à l’école maternelle, se procure des satisfactions autoérotiques, recommence apparier comme un bébé et à mouiller ses culottes. C'est, pour lui, une expérience pénible, traumatique, qui détermine sa conduite et la formation d'un « complexe d’intrusion » (J. Lacan). Par la suite, tout peut rentrer dans l'ordre, mais dans son psychisme il reste une trace, qui est susceptible d’être réactivée par de nouvelles expériences à peu près similaires. Il devient sensible à l'injustice, révolté, autoritaire ou soumis, égoïste ou altruiste, selon le tempérament et l’éducation. Son caractère se forme en fonction de la situation frustrante, sa personnalité s’organise et intègre les motivations et les conduites complexuelles. La protestation inconsciente contre la présence de "l'intrus" peut se transposer, des années plus tard, dans le domaine social, et se manifester, par exemple, par l'incompatibilité d'humeur avec certaines personnes, ressenties comme étant rivales.


COMPLEXE
1. Comme adjectif, complexe signifie composé de plusieurs éléments (le problème est complexe). 2. Comme nom, un complexe désigne un ensemble, plus ou moins organisé, de traits personnels qui caractérise une personnalité (avoir un complexe d'infériorité).
L’usage de ce terme est vite devenu courant (avoir des complexes, être complexe) et a ainsi perdu de sa précision. C’est pourquoi les psychologues ne l’utilisent que dans certaines expressions précises (complexe d’Œdipe, complexe de castration) pour indiquer des ensembles de sentiments et de désirs qui constituent les bases de la personnalité, les structures fondamentales de la vie psychique .


COMPLEXE. Terme proposé par Bleuler et repris par les représentants de la psychologie des profondeurs. Laplanche et Pontalis, dans leur Vocabulaire de la psychanalyse le définissent comme un ensemble organisé de représentations et de souvenirs à forte valeur affective partiellement ou totalement inconscients.
La méthode des associations (1902-1906) conduisit Jung à mettre en évidence l’existence de groupes de représentations à charge émotionnelle qu’il a appelées « complexe à tonalité affective », introduisant pour la première fois ce terme dans la psychanalyse (1907). Tout complexe consiste en : a) un élément nucléaire porteur de la signification et soustrait à la volonté consciente ; b) une série d’associations reliées à ce noyau et provenant en partie de dispositions personnelles innées, en partie d’expériences individuelles conditionnées par le milieu ambiant ; c) un conglomérat de contenus idéo-affectifs qui trahissent leur existence par des perturbations typiques du comportement. Les complexes se forment à partir d’une influence traumatique, ou par un processus de refoulement, ou par l’impossibilité pour certains facteurs inconscients d’entrer en rapport avec le conscient. Leur structure s’organise selon des schèmes archétypiques et en reçoit une part de son énergie. Doués d’une charge affective autonome, ils tendent à s’imposer au conscient sur un mode répétitif, et commandent de nouvelles possibilités d’accomplissement dans là mesure où ils sont reconnus. Dans la Psychologie de la démence précoce Jung analyse les complexes dans leur relation au Moi considéré lui-même comme un complexe privilégié. (Voir aussi Archétype.)
Groupe de tendances qui fonctionnent solidairement. Le nom de complexe peut s’appliquer à des condensations durables et embrouillées qui peuvent dater de l’enfance, profondes et accompagnées de déplacements. Ils déterminent pour une bonne part les tendances acquises du sujet : ils orientent tout le caractère ; ils stimulent l’innéité. Le propre du complexe est de grouper plusieurs tendances disparates et de les activer simultanément, alors même qu’elles appartiennent, génétiquement, à diverses époques et à divers stades.

COMPLEXE DE CAIN. Terme créé par Baudouin et qui désigne la rivalité fraternelle. 

COMPLEXE DE DIANE. Terme créé par Baudouin pour désigner ce que Freud appelle « homosexualité psychique de la femme » Diane, fille de Jupiter et de Latone, obtint de son père de ne jamais se marier. Jupiter lui donna des flèches et elle ne s’occupa plus que de chasser. Dans ce mythe apparaissent en effet le thème de la castration féminine et le désir réalisé des attributs masculins (les flèches et la chasse). 

COMPLEXE DE SUPERIORITE. Le complexe d’infériorité peut donner naissance, par un mécanisme de compensation, à un complexe de supériorité caractérisé par une attitude arrogante, désinvolte, vaniteuse, dédaigneuse vis-à-vis des autres. Convaincu de sa supériorité par rapport à ses semblables le sujet éprouve un perpétuel besoin de les dévaloriser, déprécier, ironiser. 

COMPLEXE D’INFERIORITE. C’est l’amplification pathologique d’un état affectif courant du psychisme normal, le sentiment d’infériorité. Ce sentiment est le corollaire psychique de l’état d’infériorité des organes. On le trouve chez l’enfant placé face à l’omniscience et la toute puissance des adultes. « Etre homme c’est se sentir inférieur » dit Adler. Ce sentiment stimule le sujet pour compenser son infériorité. Le complexe d’infériorité est l’hypertrophie pathologique de ce sentiment. Il envahit tout le psychisme, s’y installe de façon permanente, condamnant le sujet à d’éternels échecs, à d’interminables doutes, lui faisant juger toute entreprise inutile, toute initiative vaine, tout effort illusoire, l’astreignant à une perpétuelle inactivité. Adler considère le complexe d’infériorité comme le noyau central de toute névrose avec ses hésitations, ses doutes, ses craintes et ses éternelles et stériles interrogations (cf. 3, III, "Le complexe d’infériorité"). (A. Farrau et H. Schaffer, La Psychologie des profondeurs, Payot, 1960, p. 93.)

COMPLEXE SPECTACULAIRE. Désigne le complexe groupant les tendances d’être vu (exhibitionnisme), de voir de se cacher, enfin de savoir (curiosité interdite).

COMPLEXE A| (adjectif) 1. — Qui est composé de plusieurs éléments. 2. — Proposition complexe (logique classique) : proposition dont les parties logiques (sujet et prédicat) sont composées de plus d’un mot (cf. Port-Royal). 3. — (Math.) Nombre complexe (ou imaginaire) : afin de donner des racines à toutes les équations du second degré, Cardan et ses élèves (xvie siècle) introduisent des symboles purement formels tels que √- a ; leur utilisation devait s’accroître et donner lieu à la théorie des nombres complexes ; on peut représenter un complexe par un couple Z = (x, y) de deux nombres réels ; par définition, Z + Z’ = (x + x’, y + y’), ZZ’ = (xx’- yy’, xy’+ x’y) ; les nombres complexes forment un corps. B | (n. m.) 4. — (Psychan.) Ensemble organisé de souvenirs, en partie inconscients, constitué à partir des relations interpersonnelles de l’enfance et structurant la vie psychique : le complexe d'Œdipe, constitué par le système organisé des désirs amoureux ou hostiles que l’enfant éprouve vis-à-vis de ses parents ; on retrouve le complexe d’Œdipe sous sa forme triangulaire (sujet, désir du sexe opposé, rivalité avec le même sexe) dans toute civilisation ; mais, selon les formes de la parenté, il ne met pas nécessairement en jeu les géniteurs ; il semble lié à l’universelle prohibition de l’inceste, et Lacan y voit le lien originaire du désir et de la loi.

Terme introduit dans le champ psychanalytique par Jung et l’école de Zurich, il désigne un ensemble cohérent de traits psychiques, de sentiments et de représentations, partiellement ou totalement inconscients, et qui orientent le comportement et les actes de l’individu. On parlera de complexe d’infériorité, par exemple, pour décrire un ensemble de comportements qui répondent manifestement au besoin de lutter contre un sentiment d’infériorité.


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