COMENIUS
COMENIUS
(Jan Amos Komensky, dit, 1592-1670.) intellectuel tchèque, et l'un des plus notables de son pays. Son œuvre, tant en latin que dans sa langue, concerne de nombreux domaines : poésie et prose, théorie littéraire, théologie, philosophie ou pédagogie. Ordonné pasteur en 1616, mais condamné à de nombreuses errances à travers les pays européens par les événements politiques qui affectent la Moldavie, il définit aussi bien ce que pourra être un classicisme national qu'une poétique nouvelle, dotée d'une langue soigneusement codifiée. ♦ Il est surtout le représentant d’une « pansophie », fondée sur le principe affirmant l'unité de l'acte créateur divin et de la finalité de tout vivant. Cette pansophie, qui hiérarchise les savoirs - des sciences de la nature à la théologie en passant par la philosophie -, hérite du symbolisme médiéval et du néo-platonisme de la Renaissance. Elle constitue une réplique au mysticisme de Boehme. Cette unification des savoirs doit prendre corps dans un Collegium Pansophicum, sorte d'académie mondiale capable de créer une langue internationale, d'unir les esprits et de garantir la paix universelle. Ses écrits et ce projet lui valent à travers toute l'Europe une très grande renommée (et Richelieu envisage de le faire venir en France fonder une école pansophique). ♦ C'est aussi pour refondre l’homme et son esprit que Comenius propose une pédagogie nouvelle, qui lui vaudra d'être qualifié de « Galilée de l'éducation » par Michelet et dont les principes sont exposés en 1632 dans La Grande Didactique : l’enseignement dispensé doit être le même pour tous les individus, indépendamment du sexe et de la condition, il doit viser le développement de l'humanité même de l'individu, et non la préparation à une fonction sociale. Comenius invente la méthode des leçons de choses, et sa conception sur l'enseignement des langues est immédiatement adoptée dans les écoles des Jésuites. Ayant vécu personnellement de multiples deuils et pertes, Comenius reste persuadé que pour vaincre l'inhumanité, l'éducation de tous et une culture accueillante restent les meilleures armes. Œuvres : Pages choisies, présentées par J. Piaget (Unesco) ; Le Labyrinthe du monde et le Paradis du cœur.
Comenius, Jan Amos Komensky, dit (Nivnice, Moravie, 1592-Amsterdam 1670); savant tchèque et évêque de l’Unité des Frères.
Il symbolise les malheurs de la Bohême protestante après la défaite de l’armée des États à la bataille de la Montagne Blanche (1620) et la sévère répression qui en résulte. C. appartient à une Eglise protestante dissidente, l’Unité des Frères. Si elle prêche la non-violence et refuse tout service militaire, l’Unité accepte le système épiscopalien et C. est élu évêque par les communautés de la diaspora en 1648, car il s’est imposé par l’étendue de sa culture. Après 1627, il trouve d’abord refuge en Pologne à Leszno, chez les Frères polonais, où il effectue plusieurs séjours, puis chez les calvinistes hongrois, à l’Académie protestante de Sarospatak, où il déploie ses talents de pédagogue et de linguiste (1650-1654) pour s’établir finalement à Amsterdam en 1656, alors qu’il a décliné les offres des puritains anglais, du collège de Harvard ou de Richelieu (1642). Il ne renoncera jamais à voir sa patrie libérée de la tyrannie de la contre-Réforme, même si la paix de Westphalie ébranle sérieusement ses espoirs. Malgré ses malheurs, C. compose une oeuvre considérable en tchèque, sa langue maternelle et en latin, la langue internationale des savants de l’époque. Il aborde à peu près tous les domaines : la poésie, la théologie, la philosophie, la linguistique et la pédagogie. Il dote son Église d’une dogmatique structurée par le biais de ses nombreux sermons. Il rédige un livre de cantiques et s’adonne même aux chimères du millénarisme dans les dernières années de sa vie (Lux in tenebris, 1657). C. fut surtout le représentant de la pansophie baroque (tout procède de l’Un et tout tend vers l’Un), qu’il développe tout au long de sa vie, en particulier dans le Discours de pansophie de 1639. Dès ses jeunes années, il s’intéresse à la pédagogie, moyen par excellence de la régénération de l’homme, dont il expose les principes dès 1632 dans la Didactica magna (la grande didactique) ; sa pédagogie des langues (Janua linguarum reservata, 1631 et Orbis pictus, 1658) entraîne l’adhésion générale, y compris celle des jésuites.
Bibliographie : J. Polisensky, trad. P. Bonnoure, Comenius et son temps, Prague, 1958.