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COMEDIE (étymologie)

COMEDIE: par le latin comoedia, comédie vient du grec kômôdia où nous trouvons deux éléments kômos et ôdè. La comédie a pour origine le culte de Dionysos (nom grec de Bacchus, dieu de la vigne, du vin, des vendanges). Les villageois grecs de l'Antiquité célébraient la fin des vendanges par des processions grotesques et grossières. Ils traversaient les bourgs pour chanter le dieu et son cortège de bacchantes, prêtresses de Bacchus, pour se moquer des passants et des personnages du jour. Cette procession burlesque s'appelait kômos. La comédie fut le développement littéraire et savant du kômos. Le mot ôdè, quant à lui, désigne le chant. Nous le retrouvons dans le mot tragédie. Comédie et tragédie, par leur étymologie, nous rappellent que toute représentation théâtrale en Grèce associait musique (et danse) au drame. Mots de la famille : comédien, comique.

COMEDIE nom fém. — 1. Le théâtre en général. 2. Pièce de théâtre dont le but est de provoquer le rire.

ETYM. : du latin comoedia - « comédie » au premier sens et « pièce de théâtre » ; le mot vient lui-même du grec kômôidia = « comédie ». Dans la langue française du XVIIe siècle, le mot comédie peut, comme en latin, s’appliquer à toute pièce de théâtre. Du premier sens provient le fait que le mot comédien sert pour un acteur qui interprète les rôles tragiques aussi bien que les rôles comiques. De même, la « Comédie-Française » est synonyme de « Théâtre-Français » (on dit, d’ailleurs, parfois « le Français »), et son répertoire ne se limite pas au théâtre comique. Parfois, le mot comédie est employé dans un sens détourné, métaphorique. C’est le cas avec le grand poème La Divine Comédie de Dante ou lorsque Balzac regroupe l’ensemble de son œuvre romanesque sous le nom de Comédie humaine. Alors le mot comédie ne désigne plus un genre, mais la réalité elle-même, celle de la société, du monde, assimilée à l’illusion théâtrale. En tant que genre, la comédie n’a pas été codifiée par la Poétique d’Aristote, ou du moins rien de ce qui s’y rapporte ne nous est parvenu. Pour cette raison sans doute, la doctrine classique lui attribue un statut inférieur à la tragédie et range simplement sous cette définition toute pièce de théâtre ayant un dénouement heureux et représentant des personnes de condition modeste. C’est Molière qui, grâce à son génie, a rehaussé la comédie en dignité et l’a élevée au même rang que la tragédie. L’évolution de la comédie dans l’œuvre de Molière est d’ailleurs révélatrice de cette progression. Alors qu’il écrit d’abord des farces reposant sur un comique simpliste de situation, il produira par la suite des comédies de mœurs et de caractère dont le comique repose sur l’analyse psychologique. Il est vrai qu’il fût précédé par les auteurs de l’Antiquité, auteurs grecs (Aristophane) ou latins (Plaute et surtout Térence, qui fut le vrai modèle des classiques). Les grandes comédies de Molière - Dom Juan, Le Misanthrope, Tartuffe, Les Femmes savantes - rivalisent ainsi avec la tragédie. Elles traitent avec non moins de profondeur que celles-ci, mais sur le mode comique, des sujets graves qui recèlent un drame latent. Cela explique la cohérence des nouvelles interprétations de Molière qui ont été tentées de nos jours par des metteurs en scène comme Jean-Paul Roussillon ou Roger Planchon et qui révèlent dans ces œuvres une dimension pathétique, une émotion toujours présente sous le rire. On est alors à la limite des genres, et la comédie pourra dès lors remplacer, dans la période suivante, la tragédie en déclin. Pour mieux comprendre ce processus, on pourra se reporter au livre d’Alex Szogyi sur Molière (Klincksieck).

—► Tragédie - Pathétique - Satire

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