COLBERT (JEAN-BAPTISTE)

Homme d’État français né à Reims en 1619. D’abord intendant de Mazarin, il passa au service du roi Louis XIV en 1661, sur les ultimes recommandations du cardinal. Il contribua à la chute du surintendant Fouquet et fut lui-même nommé successivement intendant des Finances (1661), surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures (1664), contrôleur général (1665), secrétaire à la Maison du Roi et à la Marine. Il encouragea la création de nouvelles manufactures (Gobelins, Saint-Gobain, etc.), fit tracer de nouvelles routes et joindre les deux mers par le canal du Midi. Il fonda l’Académie des inscriptions (1663), celle des sciences (1666), celle, d’architecture (1671) et fît élever l’Observatoire (1667). On lui doit aussi de nombreux quais de Paris, des places publiques, la colonnade du Louvre et le jardin des Tuileries. Sous sa conduite, la marine prit un nouvel essor: construction de navires et aménagement des ports dont la conséquence directe fut un accroissement de l’exportation. Il favorisa aussi la création de grandes compagnies comme celles des Indes orientales et des Indes occidentales. Pour réorganiser l’Administration, il développa le système des intendants. On a nommé colbertisme le principe qui consiste à assurer la plus-value des exportations sur les importations afin d’acquérir les métaux précieux. Ce qui se traduisit, à l’intérieur, par un essor de l’industrie; à l’extérieur, par un protectionnisme qui devait favoriser cette industrie naissante. Cependant, ses tentatives pour assainir les finances s’avérèrent infructueuses et, dès la guerre de Hollande, il fut contraint de revenir aux expédients. Il ne put freiner les dépenses de l’État et son crédit baissa tandis que montait celui du jeune-Louvois. Contre le pape, il avait soutenu le roi, appuyé la politique de Bossuet et les déclarations du clergé gallican (1682). Par ailleurs, il avait suspendu les dragonnades et protégé les protestants - nerf de l’industrie et du commerce français. Il mourut à Paris en 1683, chargé des malédictions que son maître seul méritait. Son cercueil fut porté nuitamment à l’église Saint-Eustache où ses funérailles eurent lieu aux flambeaux.

COLBERT, Jean-Baptiste (Reims, 1619-Paris, 1683). Homme politique français. Grand serviteur de la monarchie française sous Louis XIV, son nom reste attaché à sa politique économique - le colbertisme - destinée à asseoir la puissance et la grandeur de l'État. Fils d'un marchand drapier, il devint conseiller d'État (1649) puis fut le secrétaire particulier de Mazarin ( 1651 ) et contribua à la disgrâce du surintendant des Finances Fouquet (1661). Recommandé par le cardinal à Louis XIV, intendant des Finances en 1661, Colbert cumula à partir de cette date d'importantes fonctions et durant plus de vingt ans s'employa au renforcement du pouvoir royal et à l'enrichissement du pays. Surintendant des Bâtiments du roi, Arts et Manufactures (1664), contrôleur général des Finances (1665), secrétaire d'État à la Maison du roi et à la Marine (1669), il exerça son action dans tous les domaines. Il tenta d'assainir les finances, notamment par la création d'une Ferme générale chargée de lever les contributions, étendit les compétences des intendants et uniformisa la législation. Ce fut cependant dans le domaine de l'économie que Colbert appliqua les principes du mercantilisme (colbertisme), convaincu que la richesse d'un État réside essentiellement dans l'accumulation de métaux précieux. Afin de développer les exportations, il favorisa la création de manufactures protégées par des tarifs douaniers élevés et sévèrement réglementées, encouragea la marine marchande et la création de compagnies de commerce à monopole (Compagnie des Indes orientales, des Indes occidentales). Grand dispensateur du mécénat royal, Colbert fonda aussi la future Académie des Inscriptions (1663), l'Académie des Sciences (1666), l'Observatoire (1667) et protégea Le Brun. Contraint d'abandonner sa politique économique à partir de 1672 et de recourir à nouveau à des expédients pour financer les guerres de Louis XIV, Colbert fut bientôt disgracié au bénéfice de Louvois. Voir Laffemas (Barthélemy de), Le Tellier (Michel), Louvois (François), Montchrestien (Antoine de), Physiocratie.