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COGITO

COGITO (lat. cogito, je pense) En référence à Descartes, utilisé comme substantif. Le cogito est le principe premier de la philosophie de Descartes, c'est-à -dire la vérité la plus évidente, la plus indubitable. En effet, si je puis douter que j'existe, je ne puis douter que je pense, car au moment même où je doute, je pense (je ne puis penser que je ne pense pas). Dans un unique mouvement de la pensée, le sujet qui doute saisit son existence. « Je suis, j'existe » est ainsi pour Descartes une proposition nécessairement vraie parce qu'elle résiste radicalement au doute. Cette vérité semble atteinte directement par l'esprit, autrement dit se présenter comme une intuition, dans la mesure où elle possède la clarté et la distinction de l'évidence.

(Mot latin, je pense. ) Désigne la célèbre expérience fondatrice de tout savoir chez Descartes: «Je pense, donc je suis».

COGITO. Mot latin signifiant «je pense », et qui s'est répandu comme nom à partir de la célèbre phrase de Descartes : «Cogito ergo sum » (« Je pense donc je suis »). Le Cogito, c'est la pensée indissociable de la conscience que l'on pense, et que l'on existe comme sujet pensant. Mon Cogito, c'est mon Moi-pensant. De là viennent les mots familiers cogiter et cogitation.

Ego cogito signifie, en latin, « je pense ». Passant à la postérité, il est curieux de constater que le verbe de la formule cartésienne soit devenu un nom commun : on parle du cogito, on cite le cogito. Ce déplacement de l'action vers le substantif confirme que l'acte même de penser fait de nous un sujet existant : je pense, donc je suis. Ce que je suis, c'est justement une chose qui pense, un cogito. Dans les Méditions métaphysiques, Descartes décrit le cogito comme étant l'aboutissement d'une vaste entreprise de doute philosophique destiné à forcer la vérité à se manifester. Il en sera ensuite, par son évidence, le signe même et son point d'amarrage absolu.
Admettons que tout soit incertain, que nos sens nous égarent, que les connaissances scientifiques soient fausses, que nous soyons les victimes ignorantes d'une illusion orchestrée par quelque mauvais génie se divertissant de notre infortune, il y aurait au moins une chose absolument certaine et indubitable nous sauvant de toutes ces errances : si tout m'égare, il faut bien que moi qui me trompe, je sois quelque chose au moment même où le monde semble se dérober. Autrement dit, je me trompe, mais si je me trompe, c'est que je pense et si je pense, c'est que je suis.
Toutefois, ce dépliage laborieux ne doit pas nous abuser. La vérité du cogito éclate en une intuition immédiate et cinglante, dont l'intime certitude rend superflu le passage par une analyse discursive.




COGITO Verbe latin (= je pense) par lequel on résume traditionnellement ce qui constitue pour Descartes la première vérité, indubitable grâce à son évidence. Ce rétablissement métaphysique permet, du plus profond du doute hyperbolique contestant l’existence de toute chose, d’affirmer la coexistence nécessaire de la pensée et de l’être. La formule complète « Je pense donc je suis » (Discours de la méthode, IV) ne doit pas cacher qu’il s’agit d’une véritable intuition, explicitée pour le discours, et non d’un raisonnement en forme de syllogisme : c’est simultanément que le sujet saisit l’existence de sa pensée par un acte de réflexion, le fait qu’un non-être - qui ne peut rien produire - ne saurait penser, et la coextension de sa pensée et de son être. Toutefois, une telle « substance pensante » risque d’être bloquée dans le solipsisme si la présence de Dieu, qui garantira la validité de sa pensée (notamment en éliminant le malin génie) ne lui permet pas de recomposer le monde autour d’elle. Les preuves cartésiennes de Dieu se rattachent donc directement au Cogito. On peut même affirmer qu’elles y sont implicites, en se rappelant que « je pense donc je suis » signifie aussi « je pense (mal) donc je suis (fini) » et que cette saisie de l’imperfection ne peut se faire que sur l’horizon d’une perfection dont j’ai en moi l’idée : la preuve ontologique aussi bien que celle qui considère Dieu par ses effets sont là sous-entendues, et le Cogito repère déjà le sujet « comme un milieu entre Dieu et le néant » ( Quatrième Méditation). ♦ Dans l’histoire de la philosophie, ce moment proprement métaphysique sera progressivement interprété dans une optique de plus en plus psychologique : le Cogito devient alors synonyme de conscience et se trouve au fondement de certaines tendances de la recherche psychologique. ♦ Husserl détachera le Cogito cartésien de son historicité (le sujet cartésien n’existant en effet que tant qu’il affirme consciemment sa pensée) pour, d’un côté, en relier nécessairement la qualité d’état de conscience à ce qu’il vise (le cogitatum) par l’intentionnalité et, d’un autre côté, permettre au sujet cogitant de se saisir comme moi pur ou « transcendantal », intégralement identique à son acte propre : on atteint ainsi « l’univers de la conscience purement comme tel », qui inclut simultanément « le phénomène universel du monde existant pour moi » (Postface aux Idées) - le moi pur et le monde se constituant corrélativement. ♦ Marquée par Husserl comme par Heidegger, la période existentialiste de Sartre s’attachera à montrer, dès La Transcendance de l'ego, que « J’existe » constitue bien l’évidence première à partir de laquelle se posent à la fois la question du sens de cette existence et celle de sa liberté : le Cogito s’éprouve dans la pure « facticité » (dans son existence comme fait immédiat, ici et maintenant), mais c’est comme foyer de sens possibles à inventer inlassablement.

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