CLÉMENT V (BERTRAND DE GOT)

Pape de 1305 à 1314, né en Gascogne vers 1264. Archevêque de Bordeaux, il fut élu grâce à l’influence du cardinal Orsini et des prélats du parti français. Il fixa sa résidence en Avignon (1309) ; cette période de soixante-huit ans pendant laquelle des papes exercèrent leur ministère hors de Rome a été surnommée par les historiens italiens la « captivité de Babylone ». L’événement le plus marquant de son pontificat fut l’abolition de l’ordre du Temple au concile de Vienne, en 1311.

Clément V, Bertrand de Got (mort en 1314); pape [1305-1314].

Après le dramatique pontificat de Boni-face VIII et le court règne de Benoît XI [1303-1304], le Sacré Collège se partage, pour la première fois aussi nettement, entre le clan des pro-Français et celui des anti-Français. Il faut près d’un an au premier pour emporter une victoire sans fard : le 5 juin 1305, l’archevêque de Bordeaux, juriste « dans les deux droits » (civil et canonique), fort bien en cour de France, est élu, tout juste à la majorité des deux tiers des votes. Rien dans son action ne déçoit le roi de France Philippe le Bel, sauf une tenace volonté de préserver l’autonomie du Saint-Siège, effective plus dans les détails que dans la ligne générale. C. tarde à se rendre en Italie ; il se fait couronner à Lyon (15 nov.) et hésite plusieurs années, dans le sud du royaume, avant de s’installer, un peu moins provisoirement, en Avignon (1309) : la Provence est théoriquement d’Empire, le Comtat est pontifical depuis 1274, la ville appartient encore aux Angevins de Sicile, vassaux du pape (elle n’est acquise par la papauté qu’en 1348). Mais chacun sait qu’il y a là la volonté du roi de France, quand bien même la résidence en Avignon est encore considérée comme toute provisoire et s’intègre bien dans l’extrême mobilité de la Curie pontificale. Pour l’essentiel, C. exécute les volontés du Capétien : il instruit le procès posthume de Boniface VIII (il diffère sine die la condamnation), il instruit celui de la canonisation de Célestin V (il n’en fait pas un martyr), il poursuit et aggrave celui des Templiers, étendant à la Chrétienté une procédure initiée par le roi. L’affaire est l’un des principaux motifs de la réunion du concile de Vienne sur le Rhône (1311-1312), qui voit la suppression de l’ordre militaire (avr. 1312). C. pourtant poursuit l’affirmation de la suprématie pontificale, en particulier dans les affaires de l’élection impériale (il fait couronner Henri VII), et l’effort de codification canonique (il promulgue un nouveau livre de décrétales, dites Clémentines).