Claude BERRI
L’œuvre de Claude Berri est certainement la plus inégale du cinéma français de ces vingt dernières années. Après des débuts fort prometteurs (Le Poulet, Le Vieil Homme et l’Enfant), Berri commença vite par nous laisser sur notre faim (Mazel tov), puis à nous décevoir (Le Pistonné, dont seul le dernier plan est à retenir), avant d’irriter profondément (La Première Fois), don univers autobiographique offre parfois de bons côtés, car il sait observer et redonner vie à son passé. Mais il est des situations qu’il maîtrise mal. À l’aise avec la tendresse, la chaleur paternelle (Charles Denner dans Le Vieil Homme, Yves Robert dans Le Cinéma de papa), il n’est guère inspiré au contraire par 1 éveil de la sexualité (La Première Fois). Autant il est capable d’une écriture sûre ou du moins habile (Le Vieil Homme}, autant il peut se laisser aller à la facilité (Le Mâle du siècle) ou s ’empêtrer dans le pathos anecdotique (Je vous aime). Ses deux derniers films ont rencontré la faveur du public, mais Tchao Pantin doit plus à Coluche et à Anconina qu’à sa mise en scène. Celle-ci n ’est d'Ailleurs jamais prédominante. Sa caméra est discrète, la plupart du temps très effacée. Son style est académique. Berri n’est pas cinéaste à prendre des risques au niveau de la forme. D’où la nécessité pour lui d’avoir une bonne histoire, sans laquelle son cinéma est exsangue. Berri est avant tout un conteur, d’où, récemment, sa tentation d’adapter Pagnol. Mais le résultat est encore une fois disparate. Jean de Florette est terne, car le sujet, simple et répétitif (une histoire d’eau!), est limité. Manon des sources, en revanche, dont la trame très mélodramatique est plus étoffée et davantage dans les cordes de Berri, est réussi. Autre preuve de cette inégalité: la direction d’acteurs. Catherine De-neuve est fort peu expressive dans Je vous aime, mais Emmanuelle Béart est une Manon très convaincante. Montand et Auteuil appuient leurs compositions dansJean de Florette, alors que Coluche donne dans la sobriété désarmante dans Tchao Pantin. Aller voir un film de Claude Berri relève donc à chaque fois de l’aventure la plus hasardeuse. Il en va d’ailleurs de même de sa carrière de producteur où le courage et la réussite (L’Enfance nue de Pialat, Céline et Julie vont en bateau de Rivette, Tess de Polanski) alternent avec la gaudriole et l’échec (Les Fous du stade de Zidi, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne). Sachons attendre, puisqu’un mauvais Berri peut éventuellement en cacher un bon.
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