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Claude AUTANT-LARA

Claude AUTANT-LARA

Né le 5 août 1903 à Luzarches (Val-d’Oise).

Faits divers (cm, 1923), Vittel (cm, 1926), Construire un feu (1927), Le gendarme est sans pitié (cm, 1932), Un client sérieux (cm, 1932), Monsieur le Duc (cm, 1932), La Peur des coups (cm, 1932), Invite monsieur à dîner (cm, 1932), Ciboulette (1933), My Partner Master Davis (1936), L Affaire du courrier de Lyon (1937), Le Ruisseau (1938), Fric-Frac (1939) (ces trois derniers films coréalisés par Maurice Lehmann), Le Mariage de Chiffon (1942), Lettres d'amour (1942), Douce (1943), Sylvie et le fantôme (1946), Le Diable au corps (1947), Occupe-toi d’Amélie (1949), L'Auberge rouge (1951), L’Orgueil (sketch de Les Septs Péchés capitaux, 1952), Le Bon Dieu sans confession (1953), Le Blé en herbe (1954), Le Rouge et le Noir (1954), Marguerite de la nuit (1956), La Traversée de Paris (1956), En cas de malheur (1958), Le Joueur (1958), La Jument verte (1959), Les Régates de San Francisco (1960), Le Bois des amants (1960), Vive Henri IV, vive l’amour (1961), Tu ne tueras point (1961), Le Comte de Monte-Cristo (2 époques, 1961), Le Meurtrier (1963), Le Magot de Josefa (1963), La Fourmi (sketch d'Humour noir, Italie, 1965), Le Journal d’une femme en blanc (1965), Nouveau journal d’une femme en blanc (1966), Aujourd’hui (sketch de Le Plus Vieux Métier du monde, 1967), Le Franciscain de Bourges (1968), Les Patates 1969 , Lucien Leuwen (TV, 1973), Gloria (1977).

Il suit les cours des Beaux-Arts et débute au cinéma en tant que décorateur, le plus souvent au service de Marcel L’Herbier (Le Carnaval des vérités, L’Inhumaine). Dans les mêmes années, il réalise Faits divers, un essai en relation avec cette «Avant-garde» dont il fait partie en fréquentant L’Herbier, puis Construire un feu, première utilisation de l’Hypergonar du professeur Chrétien qui devait donner le CinemaScope en 1953. Les années trente le voient travailler successivement à Hollywood, en France, en Angleterre et à nouveau en France. Sa carrière ne commence vraiment qu’en 1941 avec Le Mariage de Chiffon, premier d’une série consacrée à un même type de personnage féminin, toujours incarné par Odette Joyeux : la jeune fille au moment de son passage de l’adolescence à l’âge adulte. Dès ce moment-là, les lignes de force de 1 ’œuvre à venir sont en place, à commencer par la critique de la bourgeoisie au pouvoir, soit sur le ton amer du drame {Douce), soit sur celui de la comédie {Lettres d’amour) ou du merveilleux {Sylvie et le fantôme). Mais il y est question aussi d’adolescents étouffes par le carcan familial, de chocs entre classes sociales, thèmes qui reviendront souvent par la suite. Le meilleur d’Autant-Lara se situe autour de 1950, lorsqu’il approfondit la farce dans Occupe-toi d’Amélie, «cette merveille de précision horlogère, tout à la fois adaptation de la pièce de Feydeau et réflexion sur le spectacle» (Marcel Oms, Cahiers de la Cinémathèque, n°9), qu’il mélange la farce et le drame avec L ’Auberge rouge à l’anticléricalisme féroce ou avec La Traversée de Paris, dénonciation de l’égoïsme collectif dans la France de l’Occupation. Le Diable au corps et Le Rouge et le Noir, autres films célèbres de la même période, ont moins bien vieilli, privés de la grâce ambivalente qui faisait le prix des romans correspondants. Après 1960, l’œuvre devient moins personnelle, avec la multiplication de films de commande comme Vive Henri IV, vive l’amour, Le Comte de Monte-Cristo, Le Meurtrier ou Gloria. Mais l'une tueras point, consacré à l’objection de conscience, réussit à voir le jour malgré les censures diverses, et Nouveau Journal d’une femme en blanc décrit avec justesse la vie d’une jeune femme médecin en milieu campagnard. Curieusement, même dans les films personnels, le ton manque d’unité : il oscille entre une gaieté apparente de style Belle Époque, qui relève de 1 univers d’Ophuls (Ciboulette, Lettres d’amour, Occupe-toi d’Amélie, La Jument verte) et une épaisseur quasi naturaliste {En cas de malheur). À l’intérieur du même film, Douce, la musique offenbachienne de René Cloérec semble contredire la noirceur du drame raconté. Manifestement, on peut reprocher à Autant-Lara de ne pas être un styliste. La réalisation en elle-même, les problèmes de forme, ne l’intéressent pas, il le dit dans ses interviews. Bertrand Tavernier remarque que dans ses films «le scénario était d’une facture extrêmement moderne alors que des procédés de photo ou de mise en scène avaient vieilli» {Positif, n° 156, février 1974). On peut lui reprocher aussi ses aigreurs et rancœurs d’homme âgé livrant des souvenirs inintéressants. Mais cela fait partie du tempérament de cet homme qui a déclaré: «Je crois que seules subsisteront les œuvres qui ont un peu de venin» {Cahiers du cinéma, n° 188, mars 1967). Et il fallait du tempérament, de même que du talent, pour réaliser ces films terriblement forts que sont Douce, L ’Auberge rouge ou En cas de malheur.

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