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classicisme

classicisme
Période de la littérature française qui correspond à l'apogée du règne de Louis XIV, le classicisme triomphant (1661-1685) réunit des écrivains non pas autour d'un manifeste, mais de goûts similaires ; vérité, simplicité, raison, respect de règles logiques, juste milieu, tels sont les mots clés d’une doctrine classique qui ont su émerger de la pratique artistique.
Commentaire
À partir des réflexions de Descartes, une génération d'écrivains réagirent contre les raffinements trop intellectuels de la Pléiade ou les outrances du baroque. Malherbe, puis Guez de Balzac ouvrirent la voie aux générations qui firent triompher le classicisme : Molière, Racine, Bossuet, La Fontaine, Boileau... Revendiquant le droit au « bon goût », à la littérature simple bien que raffinée, prônant le travail de la forme, de l’élégance et de la pureté de la langue, le classicisme vise l’éternité : rendant hommage à son modèle privilégié, la Nature, et aux générations passées, les Anciens grecs et latins, il recherche la perfection à travers un jeu de contraintes qui la garantissent. D'où la règle des trois unités, le respect des bienséances, du vraisemblable..., inscrits dans une vaste entreprise de codification culturelle.
Citations
Si l’on cherche à dégager de très haut les caractères distinctifs de la poésie classique, on peut mettre au premier rang l’utilité, la soumission à la règle et le souci de l’universel, chacun des trois exigeant et assurant les deux autres dans une doctrine parfaitement coordonnée et harmonieuse. (René Bray, la Formation de la doctrine classique.) Le classicisme — et par là j’entends : le classicisme français — tend tout entier vers la litote. C’est l’art d'exprimer le plus en disant le moins. C'est un art de pudeur et de modestie. (André Gide, Billets à Angèle, 1921, in Incidences.)


CLASSICISME nom masc. - Doctrine artistique et littéraire qui s’est constituée en France vers le milieu du XVIIe siècle et a fixé pour un temps les règles de la littérature et de la langue. ETYM. : du latin classicus = « de première classe ». Il s’agit, à l’origine, de la première des cinq classes du point de vue de la fortune telles qu’on les distinguait à Rome. Un écrivain de l’époque conseillait déjà de s’adresser de préférence aux classici plutôt qu’aux proletarii pour savoir ce qu’était la bonne langue. L’application de l’expression aux écrivains est due à Thomas Sébillet qui, dans son Art poétique (1548), recommandait certains écrivains qu’il considérait comme des modèles. C’est surtout depuis Voltaire que le mot classique est appliqué aux grands écrivains du XVIIe siècle. La doctrine classique s’est développée dans une période d’intenses controverses littéraires que l’on peut circonscrire entre la querelle du Cid en 1637 et l'Art poétique de Boileau en 1674. Elle a dominé la culture française et européenne des XVIIe et XVIIIe siècles. Elle s’est opposée victorieusement à l’esthétique baroque issue de la Contre-Réforme et a été à son tour remplacée par le romantisme au XIXe siècle.
Le classicisme a hérité certains principes de la Renaissance, comme celui de l’imitation des Anciens, et se situe dans le prolongement de l’humanisme, mais il a répondu aussi au besoin de rompre avec l’individualisme anarchique de l’époque précédente. C’est pourquoi il s’est défini par la recherche de l’ordre, de la clarté, de l’équilibre et de l’unité. Le classicisme prétendait ainsi exprimer un idéal de beauté universelle conforme à la nature et à la raison. Toutefois, le classicisme a été surtout l’incarnation de l’esprit français, et cette prétention à l’universalité traduit surtout l’hégémonie que la culture française a exercée en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. De même que Versailles a été imité dans toute l’Europe, de même l’esprit classique s’est répandu partout comme l’expression de la culture française. Cette situation était due aux œuvres de grands écrivains qui, après s’être mis à l’école des Anciens, sont devenus à leur tour des modèles pour leurs successeurs. Si la littérature classique s’est illustrée dans tous les genres : la poésie avec La Fontaine ou Boileau, le roman avec madame de La Fayette, l’aphorisme avec La Rochefoucauld, La Bruyère et Pascal, le genre épistolaire avec madame de Sévigné, les mémoires avec le cardinal de Retz et le duc de Saint-Simon, c’est surtout au théâtre que la doctrine classique a triomphé, avec Molière pour la comédie, Corneille et Racine pour la tragédie. En effet, le classicisme a théorisé la division et la hiérarchie des genres littéraires, mais a culminé au théâtre et surtout dans la tragédie. À chaque époque correspond en littérature un genre dominant auquel s’identifie l’esprit du siècle. Si la poésie, genre de l’expression individuelle, a été au XVIe siècle et redeviendra, avec le romantisme, le genre privilégié, le théâtre, et surtout le théâtre tragique, a été au XVIIe siècle, la principale référence d’une littérature centrée sur les problèmes de l’homme en société.
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