chute
Ce terme de versification désigne le dernier vers d'un sonnet classique.
Exemple
Maintenant tu es vive, et je suis mort d’ennui. Malheureux qui se fie en l’attente d’autrui! Trois amis m’ont déçu: toi, l’Amour, et le monde. (Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie.)
Commentaire
La chute permet de mettre en valeur l'idée principale du poème, par sa position, par l'attente du lecteur. Le vers de chute est souvent spirituel.
Chute Manière soigneusement préparée et comportant un élément de surprise dont se termine un texte. L’exemple le plus célèbre est constitué par les derniers mots du sonnet de Rimbaud intitulé « Le dormeur du val » : « Il a deux trous rouges au côté droit. » Le lecteur, en lisant ce dernier vers, est fortement surpris. Dans ce qui précède, en effet, tout converge pour donner le sentiment d’un bonheur paisible. Cette chute déconcerte et oblige le lecteur à revenir sur le texte pour y percevoir les indices suggérant cette issue tragique.
CHUTE nom fém. — 1. Dernier vers d’un sonnet et l’effet de rupture et de surprise savamment ménagé qui s’y rattache. 2. Par extension, conclusion inattendue d’un texte en prose ou en vers. L’effet de rupture et de surprise produit par le dernier vers d’un sonnet constitue l’une des règles du genre. Dans ce sens, la chute repose sur la rupture sémantique entre le dernier vers et l’ensemble du sonnet. La chute spirituelle destinée à briller et à surprendre a été cultivée de manière excessive dans la poésie galante pratiquée dans les salons précieux du XVIIe siècle. Elle porte également, dans ce cas, le nom de « pointe ». Un exemple de « pointe » nous est fourni avec le sonnet d’Oronte tourné en dérision par Alceste dans Le Misanthrope : « Belle Philis on désespère Alors qu’on espère toujours. » Si dans la tradition classique du sonnet, la chute se caractérise surtout par l’ingéniosité verbale, elle sera par la suite, dans la poésie romantique et symboliste, fondée sur l’émotion poétique plutôt que sur la recherche de l’effet. Ainsi dans « La vie antérieure » de Baudelaire : « Et des esclaves nus tout imprégnés d’odeurs Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes Et dont l’unique soin était d’approfondir Le secret douloureux qui me faisait languir. »
—> Pointe