Chrie
La chrie est une sorte de formule. Le terme renvoie à la partie de la rhétorique qui concerne son apprentissage et désigne l’un des exercices de base. On a des raisons de penser que cette pratique s’est surtout développée au Moyen Age et à l’époque byzantine. Le type initial consiste à enfermer chaque forme de la déclinaison d’un nom (les variations des désinences de la flexion : les terminaisons fixes en dépendance de la fonction et du système d’accord) dans une formule à allure de sentence. On est tenté de penser que cet exercice est purement mnémotechnique et relève plutôt du rôle du grammairien. Ce à quoi on répondra que, traditionnellement, se pose la question des rapports entre la grammaire et la rhétorique, comme disciplines des humanités; et Quintilien commence son grand traité par toute une partie sur les apprentissages de la grammaire. Surtout, la chrie est analysable d’un point de vue strictement rhétorique, dans la mesure où elle constitue le noyau des procédures élémentaires de réalisation stylistique. Par rapport à une donnée entièrement condensée comme la forme d’un mot, la chrie représente le premier degré de l’amplification. À son tour, la chrie peut servir de base à un développement narratif, topique ou non, qui l’amplifie encore, et par rapport auquel elle joue elle-même un rôle de condensation rédactionnelle. Ainsi, une formule comme l’homme est un loup pour l’homme peut être considérée à la fois comme une chrie déjà parfaitement élaborée, et aussi comme la base de tout un développement narratif à réaliser. La chrie est donc un exercice à double face, sous tous aspects.
=> Élocution, disposition; sentence; amplification, abondance, brièveté; exercice, variation; lieu.