choeur
chœur
Groupe d’hommes ou de femmes dans la tragédie et la comédie antique, qui chante ou commente l'action.
Commentaire
À l’origine, le chœur est l’élément unique du spectacle dramatique en Grèce. Il chante la terrible histoire du monde, la démesure des hommes voués à l’échec. Du chœur, peu à peu, a émergé le coryphée, ou chef du chœur, porte-parole privilégié. Les acteurs enfin, au nombre de trois, se sont posés devant lui, le chœur devenant le spectateur impuissant, mais conscient devant la mort qui s’avance. Repris au XVIIe siècle par Racine dans Esther et Athalie, le chœur a disparu, de nos jours, de la plupart de nos représentations théâtrales. Il n’apparaît que dans quelques pièces de dramaturges comme Anouilh ou Giraudoux, qui souhaitent renouer avec la tradition.
Citation
Son rôle est considérable à l’origine mais diminuera dans la suite. Le plus souvent, il prend part à l’action ; il est composé de vieillards thébains dans Œdipe roi, de femmes d’Argos dans Electre, etc. [...] Le costume des choreutes est riche et artistique, mais surtout approprié à leur rôle. Ainsi les Érinyes, dans les Euménides d’Eschyle, avaient une chevelure enlacée de serpents. Dans les comédies, il y avait quelquefois des inventions comiques pleines de fantaisies. On voit paraître, dans les pièces d’Aristophane, des choreutes déguisés en guêpes, en oiseaux et même en nuées. (L. Laurand et A. Lauras, Manuel des études grecques et latines, tome I, p. 88-89.)
chœur (choros, «danse»). La danse tenait en Grèce une place importante dans les cérémonies religieuses publiques et était exécutée par une troupe qui portait également le nom de chœur. A l’époque archaïque, le chœur chantait et dansait dans les représentations de poésie lyrique chorale, généralement sous la direction d’un chef. Il jouait également un rôle dans la tragédie et la comédie. On pense généralement que la tragédie attique est issue d’une sorte de chant choral appelé dithyrambe, chanté et dansé en l’honneur de Dionysos, et que la comédie se développa à partir des chansons grivoises que les groupes de fêtards entonnaient lorsqu’ils accompagnaient le phallus dans les processions dionysiaques. Si cela est vrai, il est tout naturel que le chœur ait continué de tenir une place importante dans le théâtre tout au long du Ve siècle. Le chœur chante les passages lyriques (appelés «chœurs», eux aussi), accompagné par une flûte. A l’instar des acteurs, les choreutes portaient un masque (comme dans le rituel dionysiaque). Le chœur tragique était toujours un personnage doté d’un rôle dans l’intrigue ; le chef de chœur, appelé coryphée ou hêgemôn, donnait parfois brièvement la réplique aux personnages. On disait que Sophocle avait fait passer le nombre des choreutes de douze à quinze, nombre qui ne fut plus modifié. Le chœur entrait dans l’orchestre à droite du public, en formation carrée, les choreutes étant disposés par rangée de trois ou cinq. Le coryphée se tenait au milieu de la première rangée, la plus proche du public ; le rôle était parfois tenu par un chorège. Le chœur de la comédie ancienne avait un effectif de vingt-quatre membres et revêtait une importance capitale : les personnages qu’il représentait donnaient parfois son titre à la pièce, par exemple Les Grenouilles ou Les Guêpes, et son entrée était un des moments forts de la pièce. Il abandonnait son personnage dans une partie de la parabase au moins, et s’adressait au public au nom du poète. Après le Ve siècle, le chœur perdit de son importance, surtout dans la comédie : dans la comédie moyenne et nouvelle, il n’avait plus de rôle dramatique, et le chant interprété par le chœur (qui ne figurait pas dans le texte de la pièce) devint simplement une sorte d’entracte. Le chœur n’existait pas dans les adaptations romaines de la tragédie grecque ni dans les comédies de Plaute et de Térence.
choeur. Le choros était primitivement la place aménagée pour la danse accompagnée de chant, avant de devenir l’union des personnes qui chantaient tout en dansant. Les poèmes épiques étaient chantés, mais tous les poèmes lyriques étaient dansés et chantés par un chœur telles les Odes de Pindare. Cependant c’est dans la poésie dramatique que le chœur avait la plus grande importance. Il avait sa place dans l’espace circulaire voisin de la scène du théâtre, qu’on appelait l’« orchestra ». Les poésies dramatiques auxquelles participait le chœur étaient le dithyrambe, la tragédie, le drame satyrique, la comédie. Le chœur dithyrambique, ou cyclique, était composé à l’origine de cinquante choreutes, mais ce nombre était variable ; ce chœur trouvait sa place non seulement dans les dithyrambes, mais encore dans des fêtes comme les Thargélies. Les parties chantées de la tragédie grecque étaient tenues par un chœur de douze personnes, dont le nombre fut porté à quinze à l’époque de Sophocle. Il était, en général, divisé en deux demi-chœurs, dirigés par le coryphée. Dans le drame satyrique représenté à la suite des trois tragédies, le chœur était composé pareillement ; cependant alors que, dans la tragédie, le chœur représentait des personnages ordinaires (guerriers, vieillards, femmes...), dans le drame satyrique, il était toujours composé de satyres et de silènes. Le chœur comique ne fut utilisé que dans la comédie ancienne ; il était composé de vingt-quatre choreutes, divisés en deux demi-chœurs. Seuls les citoyens étaient admis dans les chœurs. Ils étaient recrutés par le chorège et instruits par le chorodidascalos.
Chœur. Terme qui désigne aussi bien le groupe des choreutes que leur chant. Dans la Grèce antique, les choreutes chantent et dansent dirigés par le coryphée, qui est à la fois maître de chant et chorégraphe. Toujours présents sur scène (ce qui constitue une différence majeure avec le théâtre latin où le chœur quitte la scène, son chant terminé), les choreutes représentent les citoyens et établissent une médiation entre les spectateurs et les protagonistes. Dans la comédie, le chœur donne son avis sur les événements. Le chœur tragique est un pleureur qui s’afflige sur les malheurs du héros. Accentuant le pathétique, il est un instrument du drame qui favorise la catharsis; témoin impuissant du drame, il ne peut qu’exprimer pitié et frayeur devant les malheurs du héros. Il verbalise les affects du public. La Renaissance ressuscite les chœurs tragiques que le classicisme abandonne, sauf Racine, dans Esther et Athalie, ses deux pièces religieuses. L’apparition de l’individualisme dans la conscience occidentale au XVIIe siècle réduit au silence les voix collectives.
Le chant d’entrée du chœur antique est le parodos (pl. parodoi). Le terme désigne également le passage latéral qui permet aux choreutes de pénétrer dans l’aire de jeu qui leur est réservée, l'orchestra. Le chant situé entre deux épisodes est le stasimon (pl. stasima : chant stationnaire), celui où le chœur a atteint sa place définitive dans l'orchestra. Chaque chant du chœur est composé de groupes de strophes et d’antistrophes qui, se correspondant par paires, permettent des jeux de symétrie. Nous ne percevons plus, hélas, la complexité de la structure chorale antique, aucune partition musicale ne nous étant parvenue.
CORYPHÉE. Chef du choeur (acteurs déclamant en chantant des vers destinés à présenter ou commenter l'action) dans les pièces du théâtre antique.
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