CHIMIE
CHIMIE, n.f. Science qui étudie la manière dont se combinent les atomes. Elle est dite inorganique ou minérale lorsqu’elle étudie les éléments qui ne contiennent pas de carbone ; organique lorsqu’ils en contiennent. Quant à analyser la manière dont les corps se forment ou se modifient, il s’agit alors de la chimie physique.
Chimie. Le terme de « chimie » apparaît à la fin du ive s. av. J.-C. chez Zosime de Panopolis (Égypte), qui le fait dériver du nom du prophète juif Chémès ; il semblerait plutôt venir du grec « chyma » (fusion). Dès la plus haute Antiquité, on connaissait la fonte des métaux et leur mélange (bronze), la céramique, le verre, pour lesquels la cuisson d’un mélange donnait des corps d’apparence et de consistance différentes, impliquait des connaissances élémentaires et empiriques de la chimie, ainsi que la préparation des teintures et des couleurs. A l’époque classique, les techniques des peintres et des potiers exigeaient des connaissances déjà complexes. D’autre part, les Grecs fabriquaient des sels de potassium, de sodium et de cuivre, et du carbonate de sodium, encore utilisé de nos jours sous le nom de « cristaux ». Enfin, dans la préparation des poisons et des médicaments, on recourait à divers mélanges, où les prescriptions magiques se mêlaient à des recettes valables. Cependant, les Anciens n’ont jamais cherché à ériger la chimie en science rationnelle comme ils l’ont fait dans d’autres domaines, bien qu’à l’époque alexandrine (entre 250 et 200 av. J.-C.) ait été publiée en Égypte une sorte de somme résumée des connaissances de cette époque en chimie et en métallurgie; cet ouvrage était mis sous le nom de Démocrite, mais il a été écrit par un certain Botos. Un peu postérieur est le traité intitulé Physique et mystique, attribué à Démocrite, où l’on traite de l’or, de l’argent, des perles, des pierres précieuses et de la fabrication de la pourpre. C’est sans doute de cette époque que datent les premiers traités d’alchimie, qui vont pulluler dans l’Égypte romaine. Il est remarquable que ce soit à Démocrite qu’on ait fait alors remonter ces écrits. C’est en effet vers la philosophie présocratique qu’il faut se tourner pour trouver les éléments théoriques sur lesquels sera fondée la chimie, et plus particulièrement l’alchimie, qui, partant de la prémisse de l’unité de la matière composant la nature, cherchait le moyen de transmuter les métaux. Parménide est le théoricien de l’unité; Empédocle oppose les deux forces d’attraction et de dissociation qui agissent sur les éléments constitutifs de la matière; Héraclite montre l’unité du tout sous les apparences du changement et du devenir; Anaxagore pose le principe de la transformation des choses, qui ne sont créées qu’à partir de la destruction d’autres corps ; enfin, Démocrite réduit le monde à une composition d’atomes matériels qui, en se combinant et en se désagrégeant, confèrent leur forme aux choses. Ces données étaient trop subtiles et théoriques, trop éloignées des apparences immédiates pour que la chimie antique ait pu les utiliser. Dès les derniers siècles de l’Antiquité, la chimie se confondit avec l’alchimie, qui, malgré l’utopie de son propos, préluda à la chimie moderne, qui est venue confirmer les vues philosophiques des vie et Ve s. av. J.-C., bien que l’atome, contrairement à l’étymologie du mot, ait été reconnu divisible.