Châtiments de Victor HUGO
Châtiments de Victor HUGO, 1853, Le Livre de poche.
• Hugo, qui, en 1848, n’avait pas été hostile à la candidature du prince Louis-Napoléon à la présidence de la République, résista au coup d’État de décembre 1851 et, devant l’écrasement des républicains, passa en Belgique, d’où il gagna Jersey en août afin de publier librement son pamphlet Napoléon-le-Petit. Le recueil des Châtiments est le prolongement poétique de cette œuvre en prose.
• Invoquant la muse Indignation chère au satirique latin Juvénal (60-140) et au penseur visionnaire Dante (1265-1321), Hugo dénonce la nuit du coup d’État (Nox), puis déchaîne ses foudres contre le tyran sur des thèmes ironiques : La société est sauvée, L’ordre est rétabli, La famille est restaurée ; La religion est glorifiée ; etc., son inspiration se faisant tour à tour railleuse, violente, épique, lyrique et même philosophique. Pour écraser Napoléon III, il exploite le mythe de Napoléon Ier qu’il dresse dans sa gloire, grand jusque dans ses échecs (L’Expiation). Mais ce sont deux mythes liés à la République qui dominent l’œuvre : celui de la Révolution de 1789 et des soldats de l’an II, déjà détournés de leur mission par Napoléon Ier, qu’il oppose aux généraux criminels du 2 Décembre (A l’obéissance passsivé) ; celui de la marche inexorable du Progrès libérateur qu’il prophétise dans Stella et dont la vision termine le recueil (Lux).
• Ce livre, qui a consacré devant l’histoire le ralliement de Victor Hugo à la République, esquisse, au-delà du défi lancé au Second Empire (Ultima Verba) la vision du destin de l’humanité que développeront Les Contemplations (Ce que dit la bouche d’ombre) et La Légende des Siècles.