CHATEAUBRIAND François René, chevalier et plus tard vicomte de

Chateaubriand, François René, chevalier puis vicomte de (Saint-Malo 1768-Paris 1848) ; écrivain et homme politique français.
La vie de C., représentant le plus illustre du romantisme français, se caractérise par une opposition continuelle à l’ordre établi. Fils cadet d’un aristocrate breton de vieille souche, C. est lieutenant au moment où la Révolution éclate. Lorsque celle-ci se radicalise, il part quelques mois en exil aux États-Unis (1791), émigre peu après être rentré en France (1792), se bat dans 1’ « armée des princes » contre la République, y est blessé, puis vit chichement jusqu’en 1800 en Angleterre. C’est au cours de ces années que se dessine son retour à la foi chrétienne, que manifeste après le succès d'Atala (1801) la publication en 1802 de son oeuvre majeure Le Génie du christianisme, bien accueilli par Bonaparte qui vient de signer le Concordat. C. contribue ainsi au renouveau religieux qui suit la Révolution française. Sa religiosité a cependant peu à voir avec la foi, l’espérance ou l’amour ; elle est bien plus affaire de volonté et de nécessité sociale. Napoléon Ier lui donne un emploi de diplomate, le nommant en 1803 secrétaire d’ambassade à Rome et en 1804 ministre de la France en Valais - mais l’aristocrate décline cette affectation après l’assassinat du duc d’Enghien. Il se consacre alors à la littérature en tant qu’éditeur du Mercure de France, visite le bassin méditerranéen (Itinéraire de Paris à Jérusalem) et est élu en 1811 à l'Académie française. Son pamphlet hostile au régime De Buonaparte et des Bourbons, précède de peu le retour de ces derniers. La Restauration ouvre à nouveau à C. les portes de la politique. Ministre de l’intérieur du gouvernement exilé de Gand, fait en 1815 pair de France et ministre d’État, il est une des têtes du parti ultraroyaliste, ce qui ne l’empêche pas dans sa célèbre brochure, La Monarchie selon la Charte (1816), d’interpréter le nouveau régime dans le sens du constitutionnalisme parlementaire anglais. Ministre plénipotentiaire à Berlin (1821) puis à Londres (1822), il devient de 1823 à 1824 ministre des Affaires étrangères et organise à ce poste l’intervention française contre les libéraux espagnols révoltés. Mais, ses idées évoluant lentement vers le libéralisme, il passe à nouveau à l’opposition au régime de Charles X et, bien qu’à nouveau ambassadeur en 1828 près le Saint-Siège, contribue à la chute des Bourbons - ce qui ne l’empêche pas de rompre également avec la monarchie bourgeoise dans son célèbre discours du 30 juillet 1830 à la Chambre des pairs, qu’il quitte à cette époque pour se consacrer désormais à des travaux littéraires. Ses accointances avec la duchesse de Berry lui valent d’être arrêté sous l’accusation de complot et traduit en cour d’assises où il bénéficie d’un non-lieu. Ses Mémoires d’outre-tombe, réécriture quelque peu embellie de son expérience passée, ne paraissent qu’après son décès.
Bibliographie : P. Moreau, Chateaubriand, l’homme et l’oeuvre, 1956 ; H. Guillemin, L’Homme des Mémoires d’outre-tombe, 1964 ; G.D. Painter, Chateaubriand, une biographie, 1979.