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CHARLES X (1757-1836) - Bourbon

CHARLES X (1757-1836) - Bourbon

• Roi de France et de Navarre [1824-1830] Frère de Louis XVI et de Louis XVIII, petit-fils de Louis XV, le comte d’Artois, quand il devient Charles X, a de la monarchie une conception d’un tout autre siècle. Il aimerait mieux, dit-il, «scier du bois plutôt que de gouverner comme le roi d’Angleterre », c’est-à-dire en roi constitutionnel. Avant son sacre à Reims, le 29 mai 1825, Charles X met en œuvre une politique nettement réactionnaire : loi sur les sacrilèges qui fait risquer la peine de mort aux profanateurs et loi du «milliard des émigrés», qui affecte 1 milliard de francs à l’indemnisation de tous ceux dont les biens ont été vendus sous la Révolution (630 millions seront versés). Pourtant, les projets de Villèle (président du Conseil) pour rétablir partiellement le droit d’aînesse (1826) et pour museler totalement une presse déjà très surveillée (1827) échouent. En 1827, espérant voir confirmé le vote de 1 824, Charles X appelle à de nouvelles élections. Mais les électeurs, qui sont peu nombreux dans tout le pays car la loi censitaire fait qu’en pratique seule vote la bourgeoisie foncière, portent à la Chambre une majorité opposée à Villèle. Il démissionne. Après les dix-huit mois de louvoiement du ministère Martignac (janvier 1828 août 1829), le roi le renvoie et appelle Polignac, qui forme un Gouvernement ultra. L’opinion s’émeut, la Chambre gronde. Elle est ajournée puis dissoute. Malgré une active « préparation » de la part du Gouvernement, qui révoque les fonctionnaires jugés tièdes, les élections de juin et juillet 1830 sont un triomphe pour les oppositions. Charles X tente alors un coup d’Etat en signant les ordonnances du 25 juillet. Elles suspendent le régime constitutionnel, annulent les dernières élections, modifient le régime électoral et suppriment toute liberté pour la presse. Les 27, 28 et 29 juillet, trois journées d’insurrection (surnommées « les Trois Glorieuses ») suffisent à Paris soulevé pour renverser le dernier Bourbon. Il mourra en exil du choléra le 6 novembre 1836. Sur le plan international, cette période aura été marquée par l’engagement, aux côtés des Anglais et des Russes, dans le conflit turco-égyptien qui aboutira à l’indépendance de la Grèce (victoire de Navarin, 20 octobre 1827) et bien sûr par la prise d’Alger, le 5 juillet 1 830. Les quinze années des règnes de Louis XVIII et de Charles X, que l’on regroupe en général sous le terme « Restauration », ont surtout été pour la France une période de répit après la tourmente napoléonienne. L’augmentation démographique est due essentiellement à une forte baisse du taux de mortalité - baisse qui, en temps de paix retrouvée, est assez logique. Le sort des ouvriers est des plus misérables, surtout celui des plus faibles, les femmes et les enfants. La production tant agricole qu’industrielle n’évolue pas. Les mesures protectionnistes des ministères ultras n’aident guère le commerce. Sur le plan de la vie intellectuelle, la France a récupéré l’essentiel de son prestige. Des savants œuvrent dans tous les secteurs de la connaissance : Cauchy et Fourier en mathématiques, Fresnel en optique, Ampère en électricité, Gay-Lussac et Chevreul en chimie organique, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier en sciences naturelles, Laennec en médecine. Champollion décrypte les hiéroglyphes, l’étude de l'histoire prend un nouveau départ avec Augustin Thierry, Barante, Guizot, Thiers et la fondation de l’Ecole des chartes (1821). C’est aussi un temps fort de l’exploration avec Caillié et Dumont d’Urville. L’année 1830 marque une double date clef dans le domaine artistique : le Romantisme frappe fort avec la première d'Hernani de Victor Hugo et la Symphonie fantastique de Berlioz. Lamartine a déjà publié les Méditations poétiques ; Chateaubriand, Benjamin Constant, les peintres Géricault, Ingres et Delacroix sont en pleine période de production, ainsi que le philosophe Maine de Biran. Si la France n’est pas encore un pays moderne et industriel, elle n’est plus la nation agricole du  XVIIIe siècle, et si elle renie les excès de la période révolutionnaire comme ceux du despotisme impérial, elle envisage encore moins un retour à l’Ancien Régime, trop attachée qu’elle demeure à beaucoup des acquis de la Révolution. Le temps est venu de la bourgeoisie triomphante, qui s’incarnera par la suite avec Louis-Philippe puis Napoléon III.

Dates de règne : 1824-1830 Épouse : Marie-Thérèse de Savoie.

Quand Charles X monte sur le trône en 1824, ses soixante-sept ans ne l'empêchent pas de conserver une belle prestance. Mais le frère cadet de Louis XVIII n'est pas habile politique. Il caresse le rêve de revenir à la royauté d'avant la Révolution et le prouve en organisant un somptueux sacre dans la cathédrale de Reims. En 1830, le régime connaît un ultime sursaut de gloire avec la prise d'Alger le 5 juillet. Mais ce succès international n'occulte pas les erreurs sur le plan intérieur. La loi du « milliard des émigrés » visant à dédommager aux frais de l'État les nobles spoliés par la Révolution heurte les esprits. En juillet 1830, Charles X signe des ordonnances restrictives qui suppriment la liberté de la presse, révisent la loi électorale au profit des plus nantis et limitent la Charte. Charles X a placé à la tête du Conseil le très impopulaire prince Jules de Polignac. Autant de maladresses vont coûter au roi et à sa dynastie le trône de France enfin reconquis. Après six ans de règne, la révolution éclate en 1830 dans les rues de Paris qui se couvrent de barricades. Ces Trois Glorieuses sont une réussite pour les émeutiers qui s'emparent du Louvre et des Tuileries. Charles s'est réfugié à Rambouillet où il abdique en faveur de son fils le duc d'Angoulême. Mais Louis XIX ne règne pas et renonce à ses droits en faveur de son neveu Henri, surnommé l'« enfant du miracle » (fils du comte de Berry, il était né après l'assassinat de son père en 1820). Le vent de l'histoire a déjà tourné. Charles X vit dix ans d'exil qui le conduisent de Turin à Bruxelles, de Coblence à Liège et de Hamm à Prague.

CHARLES X (Versailles, 1757-Gôrz, auj. Gorizia, Slovénie, 1836). Roi de France (1824-1830). Frère de Louis XVI et de Louis XVIII auquel il succéda en 1824, Charles X, par sa politique réactionnaire et autoritaire, s'aliéna rapidement l'opinion libérale et fut détrôné au profit du duc d'Orléans (Louis-Philippe Ier) par la révolution de 1830. Portant d'abord le titre de comte d'Artois, il vécut à Versailles, puis, la crise de 1789 déclenchée, il prit la tête de la réaction et fut l'un des premiers à émigrer (juillet 1789). Chef de file des contre-révolutionnaires, participant activement à la lutte contre la France, il fut nommé, après la chute de Napoléon Ier, lieutenant général du royaume (avril 1814). Monsieur, frère du roi, étant l'héritier au trône, il devint bientôt l'un des dirigeants du parti des ultras royalistes qui combattait la politique jugée modérée de Louis XVIII. A la mort de ce dernier, manifestant son attachement aux traditions de l'Ancien Régime, Charles X se fit sacrer à Reims (1825). Il mena à l'extérieur une politique active, intervenant en Grèce et organisant surtout l'expédition d'Alger (juillet 1830). Il imposa à l'intérieur les tendances ultras royalistes en soutenant la loi sur le sacrilège, en organisant l'indemnisation des émigrés et en tentant d'interdire la presse politique. Face à l'hostilité croissante de l'opinion, Charles X, inquiet des progrès des libéraux, confia le pouvoir au prince de Polignac (1829), l'un des dirigeants ultras. Au discours du trône menaçant, les députés répondirent par l'« Adresse des Deux cent vingt et un », entraînant la dissolution de la Chambre puis sa réélection, marquée par un renforcement de l'opposition libérale. Charles X refusa de se soumettre à la volonté du pays. Afin de renforcer l'autorité du régime, il décida un véritable coup de force par la promulgation des ordonnances de Saint-Cloud (25 juillet 1830), suspendant la liberté de la presse et modifiant la loi électorale. La mesure provoqua l'insurrection. Les 27, 28 et 29 juillet 1830, le peuple de Paris se souleva, contraignant Charles X à abdiquer. Le chef de la branche cadette des Bourbons, Louis-Philippe, duc d'Orléans, lui succéda. Après avoir désigné son petit-fils, le comte de Chambord, comme héritier du trône, Charles X s'exila.




Charles X (Versailles 1757-Gorizia, Vénétie, 1836) ; roi de France [1824-1830].

Avant même le début de la Révolution, le jeune comte d’Artois, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, s’est rendu impopulaire à cause de ses conceptions absolutistes, de ses dépenses inconsidérées et de sa conduite légère. Dès le 17 juillet 1789, il donne le signal de l’émigration à la haute noblesse et se met à la tête de plusieurs entreprises contre-révolutionnaires (notamment une tentative de débarquement à l’île d’Yeu en 1795) qui cependant échouent toutes. Nommé par Louis XVIII lieutenant général du royaume, il se replie en Angleterre, et participe en 1814 à la défaite des dernières troupes de Napoléon Ier. Après son retour à Paris (avr. 1814), il assume la direction de la Garde nationale. Pendant le règne de Louis XVIII, il fait figure de chef du parti « ultra » et critique la politique d’application loyale de la Charte suivie par son frère. Après la mort de celui-ci (1824), il monte sur le trône avec l’intention de procéder à une véritable restauration de l’Ancien Régime. C’est dans cet état d’esprit qu’il se fait couronner solennellement à Reims (ce que Louis XVIII avait volontairement évité) conformément à l’ancienne tradition. Il essaie ensuite, avec l’aide du ministère Villèle, de restaurer l’ancien ordre aristocratique en dédommageant les émigrés (loi du « milliard des émigrés », 1825) ; les nobles entrent en force dans la haute administration. Devenu très dévot, il renforce, en s’inspirant des doctrines des philosophes de la Restauration comme Bonald et de Maistre, la position de l’Église dans l’Etat : l’alliance du Trône et de l’Autel s’affirme, les jésuites reviennent, l’Université est placée sous l’autorité de Mgr Frayssinaus, grand maître et ministre de l’instruction publique et des Cultes. Cette politique donne un élan puissant à l’opposition (on y trouve aussi bien des extrémistes de droite que la gauche libérale et le centre « constitutionnel ») qui, malgré une loi électorale peu favorable, conquiert lors de l’élection de 1827 la majorité à la Chambre des députés. Elle force C. à congédier Villèle (4 janv. 1828) et à accepter la formation d’un cabinet de droite, mais modéré, dirigé par Martignac. Après l’échec de celui-ci (1829), C. appelle à la tête du gouvernement son ami le prince de Polignac qui s’entoure de représentants de la Contre-Révolution (La Bourdonnaye, qui appelait aux représailles en 1815, Bourmont, qui avait trahi Napoléon à la veille de Waterloo). Cette nomination provoque dans l’opinion publique une explosion d’indignation. La presse constitutionnelle et libérale se déchaîne. La Fayette entreprend une tournée d’opposition à travers la province. La Chambre rebelle est dissoute le 16 mai 1830, mais réélue avec une opposition renforcée : c’est la victoire des libéraux. L’opposition passe de 221 à 274 députés. Au lieu de renvoyer le ministère, C. publie les fameuses quatre ordonnances de Juillet, qui suppriment la liberté de la presse, dissolvent une nouvelle fois la Chambre avant qu’elle ait pu se réunir et modifient le régime électoral en réservant le droit de vote aux riches propriétaires. Elles constituaient un véritable coup d’État. Deux de ces ordonnances étaient une violation flagrante de la Charte. Le succès de l’expédition d’Alger (6 juill. 1830) ne suffit pas à maintenir le régime. La révolution éclate (27-29 juill., les Trois Glorieuses) et contraint C. à abdiquer en faveur de son petit-fils. Mais un appel au duc d’Orléans, rédigé par Thiers, est placardé dans Paris. C. doit se réfugier en Angleterre et laisser la place à Louis-Philippe. Bibliographie : G. de Bertier de Sauvigny, La Restauration, 1955.

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