Charles Martel (v. 688/689-741) ; maire du palais [718-741].
Charles Martel (v. 688/689-741) ; maire du palais [718-741].
Fils de Pépin II d'Herstal et d'Alphaïs, C. (surnommé Martel à compter du IXe siècle) est emprisonné en 714, à la mort de Pépin, par sa veuve Plectrude qui, sous l'autorité nominale d'un roi mérovingien (Dagobert III, puis Chilpéric II), désire transmettre la mairie du palais de Neustrie à ses descendants. Après s'être évadé (715), C., prenant la tête des Austrasiens, s'attaque aux Frisons qui lui infligent une défaite sans conséquence. Il se tourne alors contre les Neustriens qu'il bat à Amblève, près de Malmédy (716), puis à Viney, près de Cambrai (717), et se fait livrer par Plectrude Cologne et le trésor royal. En 718, il attaque les Saxons et atteint la Weser ; puis, en 719, il reconquiert Utrecht, que saint Boniface choisit comme centre d'évangélisation. Homme de guerre remarquable, C. fait aussi montre d'un grand esprit politique, en reconnaissant comme roi Chilpéric II (721), puis Thierry IV. Toutefois, son pouvoir demeure fragile : il doit concéder une « principauté » à Rainfroi, ancien maire du palais de Neustrie, dans la région d'Angers ; l'Aquitaine, dirigée par Eudes, garde son autonomie ; des « princes-évêques » restent puissants, notamment en Bourgogne. De même, pour s'assurer l'appui d'hommes libres, C. se voit contraint de leur céder des terres en usufruit (jetant ainsi les bases du futur système féodal). Mais, surtout, la menace des musulmans devient préoccupante après le saccage d'Autun (725) ; C. les vainc à Poitiers (oct. 732), puis, renonçant à les poursuivre, profite de son prestige pour se tourner contre les « princes-évêques » d'Orléans et d'Auxerre et confisquer leurs biens. En 737, à la mort de Thierry IV, C. ne lui donne pas de successeur, mais, tout en gouvernant seul, ne prend pas le risque de s'approprier le titre royal. Entre 735 et 739, il mène diverses campagnes militaires contre les Arabes dans le Midi, en Aquitaine, en Septimanie et en Provence, où il bénéficie de l'appui des Lombards. C'est en raison de cette aide qu'il refuse d'intervenir contre eux, comme le lui demandait le pape Grégoire III. En 741, C. règle sa succession, en partageant le royaume entre ses deux fils légitimes, Carloman et Pépin le Bref, et son fils naturel, Drogon. Mort à Quierzy-sur-Oise (oct. 741), C. est enterré à Saint-Denis.
Bibliographie : K.-F. Werner, Histoire de France. Les origines, 1985, p. 342-363 ; P. Riché, Les Carolingiens. Une famille qui fit l'Europe, 2e éd., 1992, p. 44-60.
CHARLES MARTEL (v. 688 Quierzy-sur-Oise, 741). Maire du palais d'Austrasie et de Neustrie, il imposa son autorité aux rois mérovingiens et devint le véritable maître du royaume des Francs. Il fut rendu célèbre par sa victoire de Poitiers (732) contre les Arabes d'Espagne. Fils illégitime de Pépin le Jeune, il s'imposa à la mort de son père et battit définitivement les Francs de Neustrie, unifiant ainsi l'État mérovingien. Il vainquit les Saxons, les Frisons et soumit la Thuringe ainsi que la Bavière. Surtout il arrêta les musulmans à Poitiers et, profitant de sa victoire, soumit fermement l'Aquitaine et la Provence. Charles Martel laïcisa les biens du clergé mais soutint le pape dans sa politique d'évangélisation en Bavière, Frise et Saxe, protégeant notamment saint Boniface. Cette alliance avec la papauté sera poursuivie par ses successeurs Pépin le Bref, son fils, et Charlemagne, son petit-fils. Son surnom de « Martel » (marteau) lui fut donné à cause de l'énergie qu'il déploya pour imposer sa politique.