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CHANSON DE GESTE

CHANSON DE GESTE Nom donné aux poèmes épiques en langue vulgaire apparus dans divers pays vers la fin du XIe siècle et mettant en scène des chevaliers chrétiens. Les chansons de geste sont une expression littéraire de la culture des chevaliers entremêlée de merveilleux. La plus célèbre d’entre elles - qui est aussi la plus parfaite -, La Chanson de Roland (écrite en dialecte anglo-normand), marque les débuts de la littérature française. Les problèmes que soulève l’identité de son auteur ne sont pas résolus. Est-elle une œuvre collective, lentement élaborée au hasard des récitations dont elle faisait l’objet ? Ou bien celle d’un lettré de génie quoique inconnu qui l’aurait rédigée à la fin du XIe siècle ? Un élément peut faire pencher en faveur de cette dernière hypothèse : son caractère de propagande contre les Sarrasins en des temps où la croisade devient d’actualité.
GESTE (Chansons de). Poèmes épiques du Moyen Âge, écrits en langue vulgaire -c'est-à-dire non latine - et consacrés aux exploits d'un héros. Leur inspiration était chrétienne et chevaleresque et s'appuyait particulièrement sur la tradition historique des combats contre les Sarrasins en Espagne et en Italie, puis en Orient (croisades). Elles apparurent en France à la fin du XIe siècle mais aussi dans d'autres pays comme l'Allemagne (la Chanson des Nibelungen) ou l'Espagne (avec le poème du Cid). Généralement écrits en vers décasyllabiques, pour le public des foires et des pèlerinages, les poèmes étaient chantés et mimés par des jongleurs et des ménestrels. Voir Chanson de Roland.

Au Moyen Age, la geste (du latin gesta, les choses qui ont été faites ; gesta Dei per Francos !), c’était avant tout, à partir du XIe siècle, cette aventure véritable alors vécue par toute la nation : les premières croisades. C’est à la faveur de ce mouvement d’exaltation collective que naquirent les chansons de geste, dont la matière, en théorie tout au moins, se rapporte à une réalité historique bien antérieure : de trois à quatre siècles. Longues, et même délayées à plaisir, les chansons de geste ne survivent guère aujourd’hui, dans les manuels, que par leur titre. Seule la Chanson de Roland, anonyme, bien qu’un certain Turold déclare aux derniers vers qu’il « termine » l’œuvre (écrite vers 1100), trouve encore une place dans notre mémoire. Même en traduction (celle de Joseph Bédier est justement célèbre), on peut encore goûter la fraîche saveur de ses descriptions, et surtout de ses récits, le relief étonnant, la couleur franche et vivace de ses personnages. Voici d’abord les douze pairs de France, dont Roland, preux jusqu’à la folie, et Olivier le sage ; puis Ganelon, intrépide mais perfide (il se livrera au roi des Sarrasins) ; l’évêque Turpin, toujours à cheval et l’épée au vent ; Aude, fiancée de Roland, la bêle damisèle (on ne la voit pas assez, d’ailleurs) qui mourra en apprenant la mort du preux; Charlemagne, enfin, qui, à cette époque est devenu déjà une figure mythologique (et à ce titre, comme Dieu lui-même, est représenté, à l’encontre de la réalité historique, avec une barbe blanche, qui symbolise son rôle de père).

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