chanson de geste
chanson de geste
Vaste poème en vers qui chante les exploits des grandes figures historiques du Moyen Age.
Commentaire
Parfois accompagnée de musique, la chanson de geste déroule une succession de « laisses » (groupements de vers) sur le mode épique : évocations grandioses, effets oratoires, répétitions, qui sont autant de traits empruntés à la tradition orale. Le modèle du genre, édifié à la gloire de Charlemagne, est la Chanson de Roland, composée au XIe siècle.
Citation
Si l'on définit la littérature par la communication, on peut poser par hypothèse que les chansons de geste sont précisément chargées d’un message concernant la guerre, mais qui ne s’adresse pas seulement à la noblesse, et n’émane pas essentiellement d’elle. Liée aux troubles de la conscience collective, à l’enthousiasme militant des premières croisades, aux fièvres guerrières, aux contradictions politiques, cette littérature héroïque redistribue les rôles et les missions pour donner un sens à la société féodale en train d’évoluer vers la monarchie. (Daniel Poirion, « la Chanson de geste », in Précis de littérature du Moyen Age.}
GESTE (chanson de) nom fém. — Long poème épique du Moyen Age destiné à être déclamé et racontant les exploits d’un héros historique ou légendaire. ÉTYM. : dérivé du latin gesta = « faits » se rattachant à gerere = « faire ». On dit une geste ou une chanson de geste. C’est le sens de « une » geste qui est présent dans l’expression « faits et gestes » (où gestes a le sens d’« actions mémorables »). A l’origine, les chansons de geste étaient récitées, avec accompagnement de vielle, par des jongleurs au cours d’un véritable spectacle donné dans les châteaux. Cette dimension orale est pour nous perdue, et nous ne pouvons que la reconstituer imparfaitement. Nous ne connaissons en effet les chansons de geste qu’à travers les copies qui en ont été réalisées, lesquelles sont plus des réécritures et des remaniements tardifs que des retranscriptions fidèles. De la probable multitude des chansons de geste qui ont vu le jour entre le XIe et le XIVe siècle, nous ne conservons aujourd’hui qu’une centaine de textes. Il est assez difficile de proposer une définition formelle de la chanson de geste. Sa longueur est très variable : en moyenne, un peu moins d’une dizaine de milliers de vers. Dans la plupart des cas, elle est composée en décasyllabes, mais le recours à l’octosyllabe ou à l’alexandrin se rencontre. Les vers sont regroupés en « laisses » - de longues strophes - construites sur la même assonance et, en ce qui concerne les chansons les plus tardives, quelquefois sur la même rime. Quant au contenu des chansons de geste, depuis le Moyen Age, on les classe en trois cycles principaux en fonction du personnage central qu’elles mettent en scène ou du thème qu’elles exploitent. On distingue ainsi la geste de Charlemagne ou geste du Roi, celle de Doon de Mayence et celle de Garin de Monglane. En raison de leur sujet et plus encore de leur date de rédaction, les chansons de geste sont très différentes les unes des autres. Sur les plus tardives, notamment, se fait sentir l’influence de la littérature courtoise qui altère le caractère proprement épique du poème. Cependant, l’unité du genre existe : la chanson de geste exalte les prouesses guerrières d’un héros exceptionnel qui incarne les valeurs de la société médiévale.
—► Epopée