CHAMFORT
CHAMFORT
Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Cham-fort, écrivain et moraliste français, naît près de Clermont-Ferrand en 1741. Son esprit caustique lui ménage une place dans les salons littéraires. Il est connu pour ses Maximes et Pensées et ses Caractères et Anecdotes parus après sa mort, en 1795. Les épi-grammes violentes de cet ami de Mirabeau sont colportées partout. Un moment séduit par les idées de la Révolution, il s'en détache et combat âprement les Jacobins. Menacé d'arrestation, il se suicide à Paris en 1794. (Académie française) — Amour, folie aimable; ambition, sottise sérieuse. — L'opinion est reine du monde, parce que la sottise est la reine de sots. — Il y a des sottises bien habillées comme il y a des sots très bien vêtus. — Ce que j'ai appris, je ne le sais plus. Le peu que je sais encore, je l'ai deviné. — La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri. — En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. — Quand on veut plaire à tout le monde, il faut se résoudre à apprendre beaucoup de choses qu'on sait par des gens qui les ignorent. — Il est du bonheur comme des montres : les moins compliquées sont celles qui se dérangent le moins. — Tout homme qui, à quarante ans, n'est pas misanthrope, n'a jamais aimé les hommes. — On gouverne les hommes avec la tête. On ne joue pas aux échecs avec un bon cœur. — La facilité est le plus beau don de la nature, à condition qu'on en use jamais. — L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes. — Donner est un plaisir plus durable que recevoir ; car celui des deux qui donne est celui qui se souvient le plus longtemps. Vivre est une maladie dont le sommeil nous soulage toutes les seize heures ; c'est un palliatif :.la mort est le remède.
CHAMFORT [Sébastian Roch] 1741-1794 Moraliste, né à Chamfort, en Auvergne. Enfant adultérin, admis à la faveur d’une bourse au collège des Grassins à Paris, puis précepteur dans plusieurs familles nobles, il se fait nommer Monsieur de Chamfort. En matière de littérature, il veut le succès sans délai, par des œuvres qu’il sait sans valeur. Il bombarde les sots - surtout s’ils sont des grands - d'épigrammes aiguës qui, toutes, sont prises par les destinataires avec grâce, car c’est là une des traditions les plus charmantes de l’Ancien Régime, une des plus dignes d’admiration ; il brigue des pensions, et les obtient par d’adroites dédicaces (à Marie-Antoinette, en particulier) ; rentre, enfin, à l’Académie (1781). La perspective d’une république, juste et fraternelle, enthousiasme ce roturier ; mais il a trop longtemps pris, avec ses nobles victimes d’hier, le tic du « billet satirique », et les républicains l’entendent fort mal. Il est incarcéré. Récidiviste, il préfère éviter un nouvel emprisonnement et tente de s’ouvrir la gorge (il mourra peu après, des suites de ses blessures). Son œuvre la plus importante, les Pensées, maximes et anecdotes, ironiquement sous-titrées Produits de la civilisation perfectionnée, paraissent un an après sa mort, grâce à son ami Ginguené. (Les gens du monde ne sont pas plus tôt attroupés qu’ils se croient en société [...] Il y a des bêtises bien habillées comme il y a des sots très bien vêtus [...] Un sot sur lequel il n’y a pas prise, c’est une cruche sans anse [... ] Un homme d’esprit est perdu, s’il ne joint à l’esprit l’énergie du caractère : quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton.) Sans bouleverser la philosophie infailliblement pessimiste des moralistes classiques, les Pascal, les La Rochefoucauld, les La Bruyère, etc. (à l’exception, pourtant, de Vauvenargues le méconnu), Chamfort reste unique et inimitable en son ton de voix, tout de rage froide, d’acidité ; d’insolence, et pour le plaisir de l’insolence. Vauvenargues, qui inaugurait le siècle dit des Lumières, était combatif, tonique (jusqu’à la naïveté, parfois) ; Chamfort, quant à lui, voudrait croire encore aux Lumières ; il n’y croit pas. Le siècle, à son tournant, est mûr pour le romantisme, qui sera résolument « obscurantiste » dans sa première phase (Génie du christianisme, de Chateaubriand, 1802).
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- « Il faut être juste avant d'être généreux ». Commentez cette pensée de Chamfort.
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- On peut définir ainsi la comédie, dit Chamfort, l'art de faire servir la malignité humaine à la correction des moeurs. qu'en pensez-vous ?