CATHARSIS
CATHARSIS. n. f. (du grec katharsis, «purification »).
1° Sens littéraire. Purgation des passions, selon Aristote, par le moyen de la représentation dramatique. En assistant à un spectacle théâtral, l'être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes, en les « vivant » à travers les héros, ou les situations imaginaires représentées sous ses yeux. En s'identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le Destin, le spectateur de la tragédie se voit ainsi délivré et « purgé » des sentiments inavouables qu'il peut éprouver secrètement. Le théâtre a dès lors, pour les théoriciens du classicisme, une valeur morale, une fonction édifiante.
2° Sens psychanalytique. La catharsis, ou méthode cathartique, consiste à faire venir à la conscience des sentiments profondément enfouis dans l'inconscient du sujet ; l'émergence des émotions profondes refoulées (qui causaient des troubles psychiques) libère ainsi le patient, le « purifie » des angoisses ou des sentiments de culpabilité qui l'entravaient à son insu. Il faut noter qu'indépendamment de la méthode psychothérapique qui pratique cette catharsis, il existe un phénomène psychologique spontané de projection cathartique (appelée tout simplement « projection ») qui consiste, pour l'individu, sans en avoir bien conscience, à projeter sur autrui des affects (désirs, pulsions, culpabilités, phobies) qui sont en réalité présents dans son inconscient : il a besoin, pour s'en délivrer, de les rejeter hors de lui-même. Bien des haines, des préjugés sociaux ou des racismes se nourrissent de ce phénomène. Voir Transfert.
La catharsis désigne, chez Aristote, l'effet de purgation obtenu devant un spectacle théâtral imitant la vie et qui permet à l'âme de se distancier de ses émotions violentes. Le terme est emprunté au vocabulaire médical et constitue un moyen de s'éloigner de ses propres désirs, en les voyant présentés sur une scène, afin d'atteindre l'état d'équilibre et de mesure recommandé dans l'éthique aristotélicienne.
L'interprétation de cette notion est complexe, les commentaires sont partagés sur le sens exact à lui accorder. Deux lectures différentes sont en général proposées, l'une peut être qualifiée de moraliste, l'autre de médicinale. Pour la première, Aristote a voulu montrer que la contemplation d'une pièce tragique expurge du spectateur ses mauvais penchants en lui donnant à voir les conséquences terribles du déchaînement passionnel. Pris de sympathie et de pitié pour les malheurs du héros tragique, il comprend dans le même temps à quoi il s'expose s'il laisse son existence se corrompre dans la démesure. Pour la seconde interprétation, la catharsis agit comme un remède. Le sujet parvient, grâce au spectacle tragique, à ressentir une sorte de satisfaction physique en éprouvant, par procuration, des sentiments qui lui sont nuisibles hors d'un théâtre.
Le mot catharsis a été exploité bien plus tard, par la psychanalyse, quand Freud en fit le principe des premières cures analytiques, au cours desquelles le sujet souffrant de désirs ou d'angoisses refoulés pouvait s'en libérer au moyen de la parole.
Méthode thérapeutique inventée et inaugurée par Freud et Breuer dans le traitement de l’hystérie. Elle libère le sujet de son symptôme par la remémoration et la représentation de l’origine traumatique du symptôme, et permet au patient de libérer l’affect originellement lié à cette représentation. Le nom de cette méthode est calqué sur celui de la catharsis aristotélicienne (théorie d’Aristote, philosophe grec du IVe siècle av. J.-C., selon laquelle la représentation des passions sur la scène du théâtre tragique opérait sur le spectateur une purgation, ou « catharsis » de ces mêmes passions). Elle est l’ancêtre de la technique psychanalytique.
Catharsis. Concept forgé par Aristote pour expliciter le mécanisme du plaisir paradoxal éprouvé au spectacle d’une tragédie, «le plaisir de pleurer», selon Racine. C’est la «purgation des passions» (du terme médical grec catharsis : purgation). Nous avons besoin d’éprouver des émotions fortes. La tragédie en suscite essentiellement deux, pitié et crainte, auxquelles Corneille ajoute l’admiration. Leur «purgation», qui s’opère par l’identification au héros tragique, dispense le spectateur de les éprouver dans la vie, sous un mode douloureux. Il fait l’économie d’un déplaisir. • Aristote, La Poétique; Barrucand D., La Catharsis dans le théâtre, Epi, Paris, 1970.
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