CAPÉTIENS
CAPÉTIENS • D'Hugues Capet (987) à Charles IV le Bel (1328) Au sens large, les Capétiens (ou la « troisième race ») ont régné en France de 987 à 1 848 puisque les Valois, comme les Bourbons, sont des Capétiens indirects. La branche directe s’est toutefois éteinte en 1328 avec Charles IV le Bel, à qui Philippe de Valois a succédé. Le surnom « Capet » aurait pour origine le mot cappa, autrement dit «chape», ce vêtement liturgique en forme de cape destiné aux abbés et probablement porté par Hugues et son père, qui étaient abbés laïques de certaines abbayes (notamment celle de Saint-Martin, près de Tours). Quand Hugues, duc des Francs, est élu par les grands rois de Francie, à Senlis, il est certes bien pourvu en titres - puisque comte de Paris, duc de France, suzerain (en théorie) de l’Aquitaine-comme en alliance (le duc de Bourgogne est son frère). Mais rien ne peut encore laisser prévoir ce que sera bientôt l’ascension des Capétiens au cours des trois siècles à venir. La base de la puissance des premiers rois capétiens est constituée par le domaine royal, c’est-à-dire des biens matériels (terres, châteaux, moulins), des droits et redevances et d’un certain nombre de relations privilégiées avec d'autres seigneurs, les vassaux, comme avec des établissements religieux (évêchés, abbayes, églises). Au début, l’action principale des premiers Capétiens consiste à mettre en valeur ce domaine royal. Il regroupe des terres riches et fertiles. Le défrichement et la mise en culture y sont intensifiés, ce qui permet à la population de s’accroître ; les marchés se multiplient et le commerce se développe, source de revenus importants. En même temps, aucune occasion n’est laissée de côté pour agrandir le domaine. Les premiers Capétiens s’attachent à user strictement de leurs droits sur leurs vassaux directs tout en refusant de prêter hommage à quiconque (ce qui ferait du roi un vassal). Car la société de l’époque est fondée sur la féodalité, un système issu de la désagrégation du pouvoir central sous les Carolingiens. Le pouvoir de commander, de surveiller et punir, de prélever des taxes sur le peuple, s’est transféré au plan local, pour échoir à des seigneurs qui l’exercent sur des territoires plus ou moins vastes autour de leur château. Mais souvent ces seigneurs ont des engagements vis-à-vis d’autres seigneurs plus puissants qui accordent leur protection en échange d’aide et d’assistance. Ils sont vassaux, les puissants étant suzerains. A chaque fois qu’un fief change de titulaire, ce dernier doit, au cours d’une cérémonie appelée l’hommage, renouveler ses engagements envers le suzerain. Il arrive parfois qu’un vassal soit félon, c’est-à-dire qu’il brise les liens de vassalité l’unissant à son suzerain, lequel est alors en droit de saisir les fiefs du félon. Ainsi, de vassal en suzerain, lui-même vassal d’un super-suzerain (si l’on peut dire), qui l’est à son tour du roi, la société féodale est-elle une grande pyramide étroitement tissée au faîte de laquelle se trouve le roi, suzerain suprême. La mise en pratique de ce système féodal amène un notable accroissement du domaine royal quand, sous Philippe Auguste, le roi d’Angleterre est condamné à la confiscation de toutes ses terres continentales pour félonie. Déjà, à ce moment-là, le royaume de France est le plus puissant d’Europe. Vont s’y ajouter le Poitou et la Saintonge, sous Louis VIII, et quelques territoires à l’est sous Philippe le Bel. Mais c’est vers le Midi que les avancées sont les plus nettes, sous Saint Louis, au terme de la croisade contre les Albigeois : Nîmes-Beaucaire, Béziers-Carcassonne, la promesse du reste du comté de Toulouse (Quercy, Rouergue, Toulousain, Albigeois, Agenais). Montpellier et la Bigorre entrent dans la mouvance française sous Philippe le Bel. Une fois le domaine royal accru et stabilisé, la couronne incontestablement assurée à leur lignée, les Capétiens s’occuperont de consolider leur pouvoir en réformant et centralisant l’administration. Philippe Auguste réorganise le système des baillis, qui sont, toutes proportions gardées, des sortes de super-préfets. Sous Saint Louis se développe le recours à la justice centrale, celle du roi. Philippe le Bel confie leTrésor à une Cour des comptes. Peu à peu, à la conception féodale de la monarchie se substitue une image nouvelle du roi, qui est ministre de Dieu pour le bien général, conformément aux lois divines et humaines. Il faut noter les liens étroits qui, du moins au début, unissent Eglise et Royauté. Le roi est oint, ce qui lui confère une dignité sacrée de la même nature que celle des évêques. Le rôle de Suger sous Louis VI, les croisades, le surnom de « Pieux » donné à Robert II sont autant de marques d’une collaboration qui trouvera son point d’orgue sous Saint Louis. Parallèlement aux progrès des Capétiens, le royaume connaît une période d’essor. Les territoires représentent 20 millions d’habitants environ. Les défrichements se poursuivent, certains progrès techniques permettent d’accroître les rendements agricoles ; le commerce au-delà des frontières s’améliore, dans le contexte d’ailleurs d’une embellie européenne (notamment Gênes, Florence, Venise) ; les échanges augmentent (vin, sel) et sont favorisés par une reprise de la frappe de monnaies. Dans les villes, le fossé s’est approfondi entre riches et pauvres. A la campagne, les propriétés paysannes ne cessent de se diviser et de diminuer, tandis que le revenu que les seigneurs tirent de leur domaine se déprécie sans cesse. D’autant que bientôt, la monarchie elle-même rencontre des difficultés financières de plus en plus graves, comme en témoigne l’affaire des Templiers (voir Philippe le Bel). Ces embarras financiers et la nécessité de trouver toujours plus d’argent vont empoisonner les rapports entre les derniers Capétiens et les états généraux, qui sont seuls habilités à autoriser le roi à lever des impôts, en même temps qu’ils provoqueront troubles et révoltes. Déjà est posée la grave question à laquelle seront confrontés les Valois, et après eux les Bourbons, du moins jusqu’à Louis XVI : comment financer un Etat sans une fiscalité adaptée et efficace ?
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