CANNE (étymologie)
CANNE vient du grec kanna (mot d'origine orientale) à travers le latin canna, pour désigner le roseau. D'une manière générale, la racine kan ou kal évoque ce qui se tient droit. Nous retrouvons cette lointaine racine étymologique dans le mot grec kalamos (roseau) qui a donné le latin calamus (tige de roseau ou de blé) et enfin le français chaume, avec ses dérivés comme chaumière ou chaumine. Cette riche racine étymologique se retrouve dans le vocabulaire le plus varié. Autour du mot canne nous trouvons canneler, cannelure, cannage. La canne (« tuyau » devenu « vase cylindrique ») a donné cannette (petit vase; petite bouteille). En latin, calamus (chaume) avait donné calamitas, littéralement « destruction des tiges de blé», que nous traduisons par calamité. Chez les Romains, peuple proche des réalités agricoles, il n'est pire fléau que de voir le blé détruit par l'orage. Notre mot calamité est une transposition savante, mais nous ne lui donnons qu'un sens imagé sans penser au fléau évoqué. Le mot calamus a encore donné, par l'intermédiaire de son diminutif calamellus, l'ancien français chalemel. Il semble que le premier e, provenant normalement du a de calamellus ait subi l'influence régressive de la labiale m pour passer à u, donnant notre mot chalumeau (petite flûte de roseau puis outil de soudeur, en raison de sa forme). Chalumeau a un doublet d'origine picarde (le c remplace ch) avec un suffixe différent: calumet (la pipe des Indiens). Il faut encore inclure dans la famille, en remontant à la racine grecque et particulièrement à kan (ce qui est droit), le mot cannabis (grec : cannabis). Il est connu sous ce nom quand on désigne le «chanvre indien» dont on tire le haschisch. Il a donné précisément le mot chanvre par l'intermédiaire du bas latin canapus (canabus). On sait que l'initiale latine ca donne cha, nasalisé par n en chan ; la labiale forte p s'affaiblit en v, d'où l'ancien français chanve. Un r parasite s'y est développé pour donner le mot chanvre (comme calendier a donné calendrier ou arbalétier, d'arbalète, a donné arbalétrier). Chanvre a été longtemps du genre féminin. Canevas est une forme picarde qui appartient à la famille. La chènevière (dans le Midi, la canebière) était un champ où l'on cultivait le chanvre. Ajoutons enfin un mot comme canon et ses dérivés dans les deux sens du terme. Le premier de ces sens (du grec kanôn = «tube», par l'intermédiaire du vocable militaire italien cannone) relève de l'artillerie. Le second sens, toujours venu du grec kanôn, désigne la règle, au sens abstrait du terme. Nous le trouvons dans le vocabulaire