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cacophonie

Le terme de cacophonie n’a de sens que par rapport à l’histoire de la rhétorique prescriptive. Une cacophonie ne peut être constituée que par la rencontre désagréable de sons (contigus). Reste entière la question de savoir comment apprécier le caractère désagréable de cette contiguïté. Pour prendre un exemple aujourd’hui significatif, les liaisons entre les mots sont en train de disparaître : les puristes les réclament peut-être encore, mais l’usage les fait de moins en moins réaliser. Où est la cacophonie? Qui l’entend? Et quelle réalisation sonore est-elle cacophonique pour qui ? La relativité du sentiment du goût s’exerce toujours cependant, semble-t-il, sur la formation de suites sonores capables de créer des faits d’équivoque ou de saleté. Même en admettant une sorte de constance dans cette préoccupation-là, on reconnaîtra que, par-delà les fantômes de la norme, s’établit aussi bien une tradition critique censurant les divers auteurs littéraires ou praticiens de l’éloquence (eu égard à l’idée que les contemporains ont pu se faire de certaine esthétique), qu’une habitude de jeu, cette fois libéré, sur des rencontres particulièrement marquées de sons.

Un exemple à la fois de provocation et de libération peut être trouvé dans le premier hémistiche de ce vers vengeur de Hugo :

N’étaient que des toutous auprès de mes audaces ce qui fait «tèquedètoutouzo». L’effet comique exploite la cacophonie.

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