cabale
cabale
Complot par lequel des opposants cherchent à nuire à un auteur.
Commentaire
La cabale agit au nom de la morale, de la religion ou du pouvoir. Elle s’exerce contre des auteurs jugés subversifs ou des pièces qui menacent l’ordre établi. Pour se faire entendre, elle pratique l’accusation, la censure, la persécution. Molière fut souvent la cible des cabales dévotes, notamment avec Tartuffe (1667), dont la représentation fut interdite pendant deux ans.
Citations
Au-delà des cabales particulières, des compagnies plus ou moins secrètes qui se donnaient pour tâche d’espionner les mœurs et de dominer les actions des fidèles, ce qu’on appelait, d'une façon générale, la « cabale » dévote désignait un ensemble plus vaste, une solidarité de penchants, d’intérêts et de conduite plutôt qu’un parti proprement dit. (Paul Bénichou, Morales du Grand Siècle, « Molière ».) Les cabales moralisatrices me dégoûtent en principe. (Louis-Ferdinand Céline, « Lettre à Jean Cocteau », sans date, in Cahiers Céline, n° 7, p. 74.)
CABALE nom fém. - 1. Dans la tradition juive, interprétation savante de l’Ancien Testament réservée à un cercle d’initiés. On écrit souvent kabbale dans ce sens. 2. Par extension, science occulte permettant de communiquer avec les êtres surnaturels. 3. Intrigues obscures de gens réunis autour d’un même dessein caché. ÉTYM. : vient de l’hébreu gabalah = « tradition ». Le troisième sens reprend des sens précédents l’idée de complicité secrète et de pouvoir initiatique. Il apparaît au XVIIe siècle. Ainsi la « cabale des dévots » dénoncée par Molière dans Tartuffe. Le mot se rapporte alors à la terreur morale exercée par la Compagnie du Saint-Sacrement. Mais on le trouve employé dans un sens plus vague et plus général exprimant une tendance de la société à tolérer ou à favoriser toutes sortes de menées hypocrites : « Non, je tombe d’accord de tout ce qui vous plaît, Tout marche par cabale et par pur intérêt. » (Molière, Le Misanthrope) L’adjectif cabalistique se rapporte à quelque chose de mystérieux s’apparentant à la magie (des signes cabalistiques, un texte cabalistique).
cabale (de l'hébreu qabbel, recevoir; qabbalah, théorie de la révélation), dans la tradition juive, interprétation secrète de la Bible. — Dans l'élaboration de la cabale, on distingue trois périodes : 1° la période précabalistique (XIIIe s.), où les influences des gnostiques, de Plotin et d'Aristote se combinent , pour susciter le Sepher Jetzira; 2° l'époque du Zohar (XIVe s.), dont l'auteur est Rabbi Moshé de Léon ; 3° l'époque de la cabale proprement dite (XVe s.), dont l'auteur principal est Isaac Lou-ria. La doctrine cabalistique dégage, par un travail de systématisation et de formalisation, la théologie incluse dans la Bible. C'est une philosophie de l'émanation, étudiant les intermédiaires entre Dieu et le monde, qui se répartissent en quatre degrés ou « hypostases » : Dieu (atsiouth), la création (béria), la formation (jefsira), l'homme Chassia). La révélation même est rendue possible à travers ce schéma, qui lie directement l'existence humaine à la sagesse divine. La cabale dégage les principes généraux de l'exégèse biblique; elle s'oppose au Talmud, qui étudie le détail du texte et le contenu concret des histoires qui y sont racontées.