ÇA (le)
Dans le cadre de la deuxième topique, une des trois instances — avec le Surmoi et le Moi — de l’appareil psychique. Le terme vient de Nietzsche à travers Groddeck : Nietzsche désignait par là : « ... ce qu’il y a de non personnel et, pour ainsi dire, de nécessaire par nature dans notre être ». D’un point de vue génétique, le Ça est l’instance la plus primitive, la plus élémentaire, la plus infantile en un mot, de la psyché. « Son contenu, écrit Freud, comprend tout ce que l’être apporte en naissant, tout ce qui a été constitutionnellement déterminé, donc avant tout les pulsions émanées de l’organisation somatique. » Le Ça est essentiellement dirigé par le principe de plaisir; il tend à la recherche d’une satisfaction immédiate, sans aperception de ses conséquences. Cette primarité découle justement du caractère infantile du Ça, de son absence d’organisation : les catégories du temps et de l’espace, les notions morales, les raisonnements logiques, la pression de la réalité extérieure, sont trop élaborés, exigent un niveau mental très au-dessus des capacités du Ça. De là ces possibilités de satisfactions hallucinatoires (rêves, délires) ou imaginaires (phantasmes, oeuvre d’art), ces déplacements (un objet de désir est remplacé par un autre) qui paraissent étranges au sujet conscient. Il convient enfin de souligner que le Ça reprend la plupart des propriétés qui, dans la première topique, définissaient le système inconscient, mais dans une perspective cette fois plus « biologisante ». (Voir Topique.)
« Quand ÇA me prend, C’est plus fort que Moi... ». Le Ça c’est donc d’abord l’impulsion, la passion irruptive. C’est la motion (l’émotion) qui met le Sujet « hors de Soi ». Evoquer le Ça c’est évoquer dans le discours analytique le moment où l’on s’est « oublié » dans un « débordement » (extase amoureuse, transport de rage, compulsion agissante, etc.) ; dans l'interprétation, c’est évoquer « Ça » qui rend compte d’une pensée, d’une conduite, d’un affect (« c’est pour ça que... »). Mais, moins spectaculairement, c’est pointer ce qui soutient déjà de son énergie vitale la Personne : « Comme ça va-t-il ? »...
1. Dans la ligne du langage commun, le concept du « Ça » rejoint la métaphysique de la « Volonté », au sens de Schopenhauer. Introduit en psychanalyse par l’intermédiaire du « Livre du Ça » (Das buch vom Es) de Groddeck, il relaie un « signifiant » nietzschéen ; celui que Freud reprend pour qualifier la partie du Moi qui est éprouvée, vécue, « agie », par les forces pulsionnelles des divers « besoins instinctuels » ; mais en précisant la qualité déjà psychique de cette partie originaire de « l’appareil de l’âme », où les instincts agissent par leurs délégués de représentation : à savoir comme désirs, fantasmes de désir... En fait, l’introduction de l'instance du Ça en psychanalyse correspond à la nécessité de créer une topologie fonctionnelle (dite « deuxième topique »), après que la « première topique » (celle de la simple opposition des phénomènes conscients et inconscients) se soit montrée peu opérationnelle. Le Ça fait alors système avec les deux autres instances du Moi et du Surmoi. Il qualifie la région la plus générale de l'inconscient, formée des impulsions de désir.
2. Le genre indéfini de ce terme : le Ça, renvoie à l’absence de structure, d’organisation, de cette instance. Freud y voit un pur « chaudron des pulsions » (allusion au « chaudron des sorcières » de Shakespeare) qui y vivent d’une existence « sauvage », primitive, et y entretiennent une exigence de « décharge ». A l’inverse de l’instance du Moi (dont il forme « l’actorium », le « pulsorium », selon Pichon), le Ça ne connaît ni les catégories du temps, ni celles de l’espace, de la causalité, de la contradiction. Il ne connaît pas non plus les exigences de l’idéal et de la morale (véhiculées par le Surmoi), qui forment le deuxième front de considérations dont le Moi doit tenir compte, à côté de l’épreuve de réalité, pour adapter l’exigence satisfactoire du Ça... ou lui résister. Dépourvu d’organisation, le Ça est de plus hétéroclite dans ses contenus. Non seulement il condense des motions pulsionnelles de buts différents (pulsions sexuelles, érotiques, agressives, de mort) qui y entretiennent la tension, mais il est formé de strates historiques hétérogènes : fantasmes restés toujours inconscients, motions pulsionnelles rejetées dans l’inconscient après intervention d’une résistance, par refoulement, du Moi, représentations chargées d’une signification inconsciente déplacée...
3. Finalement, le Ça est censé représenter la première couche psychique, entre le sol « biologique », organique - où s’enracine l’instinct -, et la « surface » différenciée du Moi qui possède les appareils de réalisation (motricité, sensorialité, langage) de la satisfaction. Il communique directement avec le corps, par une « extrémité », avec le Moi, par l’autre, selon des relations variables de continuité ou d’opposition.
Il est alors clair qu’un tel schéma n’est qu’un... schéma, à portée plus pratique qu’ontologique. En psychanalyse concrète, le Ça (comme le Moi ou le Surmoi) apparaissent seulement comme des figurations fantasmatiques, ou comme des péripéties et des attitudes (dramatis personae) dans le déroulement du discours et dans l’évolution du transfert. Mais on peut maintenir la définition d’une zone plus agie (et agitante) que réfléchie du Sujet : zone des tensions propulsives, des aspirations primitives, définissant les énergies et leur circuit entre les forces de Vie et de Mort ; lieu des représentations conflictuelles et motrices du développement psychique, en l’absence chez l’être humain, de structures instinctives préadaptées. « Le Ça est le réservoir des forces instinctuelles et des pulsions refoulées » (Lagache). Et le but final de la psychanalyse, selon Freud, s’exprime dans cette formule : « Là où C’était, il faut que Je m’y mette ».
ÇA nom masc. - (Psychanalyse). Pulsions enfouies dans le subconscient. Le terme est traduit de l’allemand das Es = « le cela ». Dans Le Livre du ça, Georg Grodeck, médecin autrichien que l’on considère comme le fondateur de la médecine psychosomatique et qui correspondit avec Freud, donne au ça, c’est-à-dire au subconscient, la primauté sur le moi conscient. Le moi ne serait, selon Grodeck, qu’une illusion rassurante. Tous les événements de la vie humaine, et même les maladies les plus graves, s’expliqueraient par l’intervention du ça, c’est-à-dire par le jeu des pulsions refoulées : « N'oubliez jamais que notre cerveau et, avec lui, notre raison, sont une création du ça... le ça de l'être humain « pense » bien avant que le cerveau n 'existe ; il pense sans cerveau ; il construit d'abord le cerveau. » Freud définira le ça comme un « autre territoire psychique plus étendu, plus vaste, plus obscur que le moi, le moi étant la couche externe, périphérique du ça ». « Le moi, écrira encore Freud, est une organisation qui se distingue par une remarquable tendance à l'unité, à la synthèse ; ce caractère manque au ça. Celui-ci est, pour ainsi dire, incohérent, décousu, chacune de ses aspirations y poursuit son but propre et sans égard aux autres. » (Ma vie et la psychanalyse).
ÇA
Terme inventé par Groddeck, et devenu un des concepts clés de la psychanalyse, le ça est une des trois instances qui composent la seconde topique freudienne, avec le moi et le surmoi. Le ça est le siège des pulsions de la personnalité, en partie innées, en partie acquises et refoulées, toujours inconscientes. Il est la plus ancienne et la plus inaccessible des trois instances, les deux autres (moi et surmoi) se constituant à partir de lui, par différenciation et par ajouts. Le ça est le réservoir de l’énergie psychique où s’affrontent en particulier les pulsions de vie et les pulsions de mort.
Le ça est totalement inconscient, à la différence du moi et du surmoi, qui ne le sont que partiellement. Il ne saurait pour autant se confondre tout à fait avec l’inconscient de la première topique. Selon une phrase célèbre de Freud, la psychanalyse viserait la conquête progressive du ça par le moi : « Wo es war soll ich werden » (Là où était le ça, le moi doit advenir). « La lutte contre toutes les résistances du ça est la tâche principale de la cure psychanalytique », écrit-il dans Ma vie et la psychanalyse.
ÇA
(pron. dém. et n. m., all. es, das Es). Expression empruntée par Freud à Groddeck qui désignait par là des forces inconnues et irrésistibles qui guident l’homme. Freud note la correspondance du terme avec l’expérience des patients (« ça a été plus fort que moi »). Vers les années 1920-23, il l’utilise pour désigner l’une des instances de la seconde topique (ça, moi, surmoi). Le ça est moins le pôle inconscient du refoulé que le pôle de l’énergie pulsionnelle ouvert d’un côté sur le corps et de l’autre sur le moi et le surmoi.