ÇÀ - ÇA (étymologie)
l'expression du latin tardif ecce hoc illac (mot à mot: « voilà ce qui est là») a donné le pronom cela. Mais ce mot, dans une prononciation rapide et populaire, a été entendu s' la puis ça au cours du XVIIe siècle (Molière). On pense que le phénomène a été facilité par des combinaisons du type pour ç'la ou comm(e) ç'la, où le pronom était précédé d'une autre consonne. On pense aussi que la réduction de cela à ça fut entraînée par l'opposition des adverbes ci et çà sur laquelle on a bâti une opposition des pronoms En effet, il faut tenir compte de l'adverbe çà, qui vient de eccehac (où le c en finale derrière une voyelle (a) s'efface en français). Quant à l'accent placé sur à de çà, il n'a d'autre explication que le désir d'éviter la confusion entre le pronom (ça) et l'adverbe (çà). Sur l'adverbe çà on a constitué l'adverbe deçà, puis en deçà. Il s'est constitué également, mais dès l'époque du latin, une expression renforcée ecce hac intus (mot à mot: «c'est par là à l'intérieur») qui est devenue en français ancien le mot çaenz, forme logique (çà + enz). En raison de la prononciation an (qui traduit aussi bien en que an), il y a eu une grande hésitation dans la manière de la traduire graphiquement. Ainsi la forme çaenz est devenue céans, où le z se réduit à s. On pourrait être surpris de cette propension des expressions ecce hoc illac ou ecce hac intus à se comprimer si facilement pour finir parfois en une seule syllabe. En réalité les «mots ou expressions-outils» sont toujours soumis dans le parler courant à des phénomènes d'élision et de contraction. Songeons à qui cela est-il, devenu dans un certain langage familier « kicéti », où est-ce que cela est devenu « ouksè ».