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burlesque

burlesque
Comique fondé sur l’exagération, la trivialité et l’extravagance.
Commentaire
Au théâtre, le burlesque s’apparente à la farce bouffonne pour la grossièreté de ses procédés comiques : vocabulaire familier, injures, gestes grivois, situations cocasses. Ces procédés ont souvent pour cible des personnages nobles ou des valeurs traditionnelles, car l’irrespect doit aboutir à la démystification de la majesté. Cependant, en poussant les personnages et les situations jusqu’à l'absurde, en faisant de la dérision un instrument dramatique, le burlesque prend une dimension philosophique et devient polémique au même titre que la satire.
Exemple
Le roi. — Mais ce soldat est fort propre. Qu’avez-vous donc, Père Ubu ? Père Ubu. — Voilà ce que j’ai ! Coup de tête dans le ventre. Le roi. — Misérable ! Père Ubu. — MERDRE. Coup de bâton. Le roi. — Lâche, gueux, sacripant, mécréant, musulman ! Père Ubu. — Tiens, pochard, soûlard, bâtard, hussard, tartare, calard, cafard, mouchard, savoyard, polognard ! Le roi. — Au secours, je suis mort ! Père Ubu, roulant le roi sur le devant du guignol avec le bâton. — Tiens, capon, cochon, félon, histrion, fripon, souillon, polochon ! Est-il bien mort ? Et aïe donc ! (Il l'achève.) Me voici roi maintenant ! Il sort. (Alfred Jarry, Ubu sur la butte, acte I, sc. 1.)
BURLESQUE nom masc. et adj. - 1. Histoire littéraire. Genre littéraire en vogue de 1640 à 1660 et qui a traduit une résistance au classicisme. 2. Sens moderne. Comique outré, très stylisé, reposant sur des procédés mécaniques, sans souci de la vraisemblance.
EXEMPLES : les films muets de Chariot, Buster Keaton, Harold Loyd, Laurel et Hardy.
ETYM. : venu de l’italien burlesco, lui-même de hurla - « farce ». Le burlesque, tel qu’il apparaît au XVIIe siècle, repose sur la parodie et il est marqué par une volonté de liberté et de dérision. Il consiste souvent à transcrire les genres nobles sur le mode trivial ou à parler de questions triviales dans le style des genres nobles. Représenté surtout par Scarron, l’auteur du Roman comique (1651) et du Virgile travesti (1648-1652), le burlesque du XVIIe siècle a traduit la continuité de la littérature populaire à une époque dominée par des préoccupations savantes et académiques.
En cela, le burlesque assume l’héritage d’une tradition qui remonte à Rabelais et au-delà aux soties, aux fabliaux et aux farces du Moyen Age, voire aux facéties des « goliards », ces moines auteurs des fameux Carmina Burana parodiant la messe d’une façon souvent gauloise et scatologique. Il faut noter que la volonté parodique propre à l’esprit populaire, propre au burlesque, bien que tournant en moquerie les valeurs consacrées par le classicisme, n’a pas été vraiment incompatible avec celui-ci. Boileau lui-même, le théoricien de la doctrine classique, appréciait le burlesque à la fois comme l’expression d’un bon sens naturel et comme un moyen satirique.
Il s’y exercera lui-même dans Le Lutrin où il décrit dans un style épique une banale querelle d’hommes d’Église. Le burlesque s’est perpétué par la suite. On le retrouve, par exemple, au XIXe siècle, dans l’œuvre d’Offenbach. Au moment de la crise qui conduira vers l’art moderne, à la fin du XIXe siècle, le procédé de renouvellement des valeurs esthétiques consistant à abaisser, trivialiser les notions et les thèmes consacrés provient directement de la tradition burlesque. Il en va de même pour une partie du théâtre contemporain.