BRUTUS, LUCIUS JUNIUS
BRUTUS, LUCIUS JUNIUS. Fondateur légendaire de la République romaine ; son existence est controversée. Il était, par Tarquinia sa mère, neveu de Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome. Un jour, un serpent était inexplicablement sorti de l’un des piliers du palais; si bien que Brutus accompagna deux des fils de Tarquin, Titus et Arruns, à Delphes, afin de consulter l’oracle sur ce prodige. Ayant des soupçons sur la politique de Tarquin à l’égard des aristocrates, dont beaucoup avaient été assassinés par ordre du roi, Brutus faisait semblant d’être idiot (sens de son nom en latin). Ainsi, il fut autorisé à aller en Grèce, afin de divertir ses cousins. Après avoir posé la question officielle à l’oracle, les fils du roi voulurent savoir lequel, parmi eux, deviendrait roi de Rome après la mort de leur père. Il leur fut répondu que le premier qui embrasserait sa mère serait le souverain suprême de Rome. Les princes tirèrent au sort le droit d’embrasser leur mère à leur retour, et jurèrent de tenir secrète la réponse à leur plus jeune frère, Sextus Tarquin. Mais Brutus trébucha à dessein, et embrassa la terre, la mère nourricière. Peu après le retour de l’expédition à Delphes, le roi Tarquin le Superbe déclara la guerre à Ardée, riche cité rutule; durant le siège, Sextus viola Lucrèce à Collatis, dans la maison de son mari, Lucius Tarquin Collatinus, le cousin de Sextus. Après son départ, Lucrèce envoya chercher son père et son mari ; ce dernier vint avec Brutus, en compagnie de qui il chevauchait, quand le message était arrivé. Lucrèce leur révéla ce qui lui était arrivé et, après les avoir fait jurer de venger son honneur, elle se poignarda. Là-dessus, Brutus leur arracha un second serment, celui de chasser les Tarquins et d’établir la République à Rome. Les deux autres furent stupéfaits de la transformation de celui qu’ils croyaient idiot, mais acceptèrent de le prendre comme chef. Celui-ci conduisit un soulèvement armé à Rome, et la population vota pour l’abolition du pouvoir royal et l’exil de la famille royale. Brutus se mit alors à la tête des citoyens armés et remporta la victoire sur les troupes qui assiégeaient Ardée. Le roi Tarquin le Superbe, ayant appris la révolte, marcha sur Rome à la tête de ses compagnons les plus fidèles, avec l’intention de restaurer l’ordre. Il trouva les portes barrées et sa femme enfuie. Après la libération , selon une version, les citoyens élurent consuls Brutus ainsi que Lucius Tarquin Collatinus. Mais peu après, le peuple regretta d’avoir élu un homme qui portait le nom royal haï, et Brutus poussa son ami consul à quitter la ville, afin d’écarter tout danger. C’est ce que fit Collatinus, et Publius Valerius Poplicola fut élu consul à sa place. Avant que le roi déposé, Tarquin le Superbe, ne lançât son attaque prévue contre Rome, une conspiration de sympathisants royalistes fut découverte parmi les fils de certaines familles aristocratiques. Deux fils de Brutus lui-même, Titus et Tibérius, y furent impliqués, et des lettres adressées aux Tarquins prouvèrent leur culpabilité. Les consuls arrêtèrent et emprisonnèrent les traîtres, et ils ordonnèrent la confiscation de tous les biens appartenant à la famille royale de Rome. Les domaines furent consacrés à Mars (le Champ de Mars) et leurs maisons furent détruites. Lors du jugement de ses deux fils, Brutus fit preuve de cette force d’âme et de cette gravité que les Romains aimaient à considérer comme leur apanage. Lui-même, dans sa fonction officielle, prononça la sentence condamnant ses fils, et assista à leur exécution. Les licteurs lièrent les jeunes hommes à des poteaux, les flagellèrent, puis les décapitèrent. Toutes les têtes étaient tournées vers Brutus qui, malgré toute son angoisse, ne fléchit point. Il récompensa son informateur (un esclave), en lui donnant le droit de cité, et de l’argent. Lorsque Tarquin le Superbe envahit le territoire romain, les consuls allèrent à sa rencontre. Le fils du roi, Arruns, injuria Brutus, qui conduisait la cavalerie, tout en le chargeant avec son cheval. Ils se jetèrent l’un sur l’autre avec une telle violence que chacun transperça l’autre et que tous deux tombèrent morts sur-le-champ. La bataille générale qui s’ensuivit resta incertaine. Cependant, pendant la nuit, une voix sortit de la forêt d’Arsia, toute proche, et proclama la victoire des Romains, disant qu’ils avaient perdu un homme de moins que Tarquin le Superbe et ses alliés étrusques. Les Etrusques se replièrent, et Brutus eut des funérailles somptueuses à Rome, où toutes les femmes, qui lui étaient reconnaissantes d’avoir défendu la cause de Lucrèce, le pleurèrent comme s’il avait été leur père.
Brutus (ou De claris oratoribus). Traité de Cicéron (5) sur les orateurs romains éminents. Écrit en 46 av. J.-C. dans le but de défendre la pratique oratoire de Cicéron, il donne des détails intéressants sur sa jeunesse, son apprentissage d’orateur, et son élévation progressive jusqu’à la plus haute position. Son but est de rendre compte d’une conversation récente entre Cicéron, M. Junius Brutus (voir entrée suivante) et Atticus, dans laquelle Cicéron clôt une introduction sur les orateurs grecs en se référant au style oratoire des écoles atticiste, asianiste et rhodienne, louant certaines des qualités des asianistes aussi bien que des atticistes. Il passe en revue la longue série d’orateurs romains, depuis Brutus le Libérateur (que Ton suppose avoir été consul en 509 av. J.-C.) mais plus particulièrement à partir de Cethegus, consul en 204 av. J.-C., «la moelle de la persuasion», selon Ennius, jusqu’à son propre temps, en donnant une brève description de chacun. Il débat plus à fond de quelques-uns des plus grands orateurs, en particulier Crassus, Antoine et Q. Scaevola. Il critique Calvus pour le style simple de son atticisme sévère, et s’embarque dans une polémique contre celles de ses connaissances qui se baptisent elles-mêmes atticistes. Par ailleurs, Hortensius reçoit des louanges pour son style particulier d’asianisme. Cicéron se défend contre l’accusation d’asianisme en montrant qu’il se trouve dans le fil naturel du développement de l’art oratoire romain.
Brutus. Nom d’une famille romaine plébéienne de la gens Julia, le clan Junien, qui fait remonter ses origines à L. Junius Brutus et incluait le Brutus qui assassina Jules César.
1. Lucius Junius Brutus. Selon la tradition romaine, il devint consul en 509 av. J.-C. après avoir rejeté le gouvernement des rois étrusques sur Rome. Il fit semblant d’être idiot (brutus) afin d’échapper au sort de son frère qui avait été assassiné par leur oncle, Tarquin le Superbe, le (dernier) roi romain. Quand Lucrèce fut violée par le fils de Tarquin, Brutus réunit le peuple, obtint le bannissement de la famille des Tarquins, et fut élu consul en même temps que L. Tarquinius Collatinus (le mari de Lucrèce). Il était célèbre pour sa justice rigoureuse et mit à mort ses deux fils qui travaillaient à la restauration des Tarquins. Il fut tué en combattant une armée étrusque engagée dans la même voie.
2. Marcus Junius Brutus. Vers 85-42 av. J.-C., le principal assassin de Jules César. En 49 av. J.-C. il s’engagea dans la guerre civile au côté de Pompée contre Jules César, mais après la défaite du premier à Pharsale, il demanda le pardon de César, qui lui fut accordé. Aux environs de 45 il épousa Porcia, la fille de M. Porcius Caton qu’il admirait beaucoup, et dont les sympathies républicaines eurent une influence sur lui. En 44, César le nomma préteur. Il parut supporter avec sérénité la dictature de César, mais Cassius, préteur en même temps que lui, l’amena à prendre la tête d’une conspiration visant à assassiner César, en faisant jouer le désir de suivre l’exemple de son illustre ancêtre, et de rétablir la République. Suétone raconte que César abandonna la lutte contre ses meurtriers quand il vit que Brutus était parmi eux, s’écriant en grec, kai su, teknon (« même toi, mon enfant ! »). La version en latin, Et tu, Brute ! (« Même toi, Brutus ! ») a été rendue célèbre par Shakespeare. Peu après l’assassinat, l’hostilité publique contraignit Brutus à quitter l’Italie. Il se rendit en Grèce et, avec Cassius, se prépara à résister à l’armée des triumvirs Antoine, Lépide et Octave. À l’automne 42, Antoine et Octave battirent Brutus et Cassius à Philippes en Macédoine orientale, et Brutus se suicida. Pendant sa jeunesse, Brutus avait acquis un amour de l’étude dont il ne se départit jamais. Il était l’un des adversaires littéraires favoris de Cicéron, et ce dernier semble avoir ressenti de l’affection pour lui, tout en ne réussissant pas à lui faire partager sa propre manière de penser relativement au style oratoire, à la philosophie et à la politique. Dans son traité Brutus (voir supra), Cicéron fait de lui l’un des orateurs ; il lui dédia son Orateur, De finibus et ses Controverses tusculanes. Dans la correspondance de Cicéron nous sont conservées quelques lettres de Brutus qui nous mettent au courant de ses tractations financières avec le peuple de Salamine (à Chypre) et jettent une lumière différente sur son caractère : il prêta de l’argent à la ville à 48 % d’intérêt et était prêt à se livrer à n’importe quelles extrémités pour le récupérer.
3. Decimus Junius Brutus. L’un des assassins de Jules César (à ne pas confondre avec Marcus Junius, voir 2, supra, dont il n’était qu’un parent éloigné). Jeune homme, il servit sous les ordres de César en Gaule et se battit de son côté lors de la guerre civile contre Pompée. César faisait tellement confiance à Brutus qu’il lui promit le gouvernement de la Gaule Cisalpine et lui permit de l’escorter au palais du Sénat le jour de son assassinat. Après le meurtre de César, Brutus se retira en Gaule Cisalpine et refusa de se rendre à Marc Antoine. Ce dernier entreprit de l’assiéger en même temps que ses forces républicaines, à Mutina (43 av. J.-C.), mais, avec l’aide d’une armée sénatoriale, Brutus réussit à le repousser. Plus tard, néanmoins, attaqué à la fois par Octave et Antoine, il essaya de faire la traversée pour rejoindre M. Brutus en Macédoine, mais il fut trahi et tué.
Brutus, Lucius lunius ; premier consul romain [v. 509 av. J.-C.]. D’après la tradition (Tite Live), B., petit-fils de Tarquin l’Ancien, ne doit d’avoir échappé aux poursuites de son oncle Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, qu’en feignant la faiblesse d’esprit. Il abat ce masque lorsque la vertueuse Lucrèce, enlevée par un fils de Tarquin le Superbe, se donne la mort : il provoque alors un soulèvement de Rome. Premier consul de la République nouvellement fondée, il bannit le roi en 509 et proscrit la royauté. Il condamne même à mort ses propres fils comme complices d’une conjuration liée aux exilés. Dans un combat contre un fils de Tarquin qui essayait de reconquérir Rome, B. périt. Sur la vérité historique de ce premier consul, il n’est pas possible d’avoir beaucoup de clarté. On est sûr pourtant de la consécration à cette époque du temple capitolin de Jupiter par Horatius, successeur de B. au consulat. Ce temple avait été construit par des artistes étrusques. De plus, les Fastes consulaires (liste des consuls), dont la fiabilité n’est plus contestée actuellement, commencent précisément en 509. Les Romains avaient donc conservé le souvenir d’un bouleversement politique important à cette date, bouleversement que l’archéologie semble confirmer (cf. le site de la Regia au Forum). Mais la figure de ce républicain convaincu est devenue, surtout dans les époques troublées de la guerre civile, le symbole des forces éprises de liberté : près de cinq cents ans après la fondation de la République, Marcus Iunius Brutus, un des principaux conjurés contre César suspect d’aspirer à la royauté, se vantait de compter ce B. parmi ses ancêtres. Bibliographie : F. Hinard, République romaine, 1992.
Homme politique romain. D'origine plébéienne, il participa du côté des pompéiens à la bataille de Pharsale (48), mais César, qui avait été l'amant de sa mère, lui pardonna, le combla de faveurs après sa victoire et le nomma préteur en Gaule Cisalpine (46), puis préteur urbain (44), Brutus devint néanmoins l'un des chefs du complot contre César et fut l'un des assassins du dictateur. Poursuivi par Octave et Antoine, il s'enfuit en Macédoine ; vaincu à Philippes (42), il se suicida.
Liens utiles
- Dissertation Shakespeare: Comment Antoine parvient-il à retourner la foule des citoyens contre Brutus ?
- Lucius Cornélius Sylla136-78 av.
- Scipion l'Asiatique, Lucius Scipio Asiaticus?
- Cinna (Lucius Cornelius)?
- L'oeuvre de Cicéron TRAITÉS DE RHÉTORIQUEDE L'INVENTION (86)DE L'ORATEUR (55)BRUTUS (46)L'ORATEUR (46)DES PARTIES DU DISCOURS (45)DU MEILLEUR GENRE D'ORATEURS (44)TOPIQUES (44).