Bouveresse
Bouveresse
(Jacques, né en 1940.) Philosophe français. Il consacre en 1975 sa thèse à Wittgenstein, enseigne à Paris et Genève, et occupe depuis 1995 une chaire de philosophie du langage et de la connaissance au Collège de France.
♦ Doté d’une solide culture scientifique, il travaille sur la philosophie d’Europe centrale des xixe et xxe siècles et sur la philosophie « analytique » anglo-saxonne : comme G.G. Granger et J. Vuillemin, il estime, dès les années soixante, que la philosophie française a tout intérêt à prendre enfin au sérieux de tels courants, susceptibles de compléter sa connaissance de l’histoire même de la philosophie.
♦ Du Cercle de Vienne*, il retient que toute réflexion sur la métaphysique doit désormais chercher à en éliminer les faux problèmes - ce qui ne signifie aucunement la « fin » de la philosophie en elle-même. Comme Wittgenstein, auquel il a consacré des ouvrages qui font date (Wittgenstein : la rime et la raison, 1973 ; Le Mythe de l'intériorité, 1976 ; La Force de la règle, 1987), il admet que la tâche de la philosophie n’est pas tant de découvrir des vérités philosophiques que de clarifier les erreurs et les concepts.
Cela suppose le recours à des techniques spécifiques, qui doivent être revendiquées au même titre que celles qu’utilisent les scientifiques : de ce point de vue, Bouveresse est de ceux, comme le montre amplement sa leçon inaugurale au Collège de France (La Demande philosophique, 1996), qui entendent résister aux prétendues exigences de la médiatisation et fortement maintenir une rigueur sans faille de la pensée. C’est dans de telles conditions que l'exercice de la philosophie peut s'accompagner déjà d'une certaine « sagesse », lorsqu'elle échappe aux fascinations du pouvoir, de la notoriété ou de l'image publique.