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BOURGEOISIE

BOURGEOISIE C’est à la fin du xie siècle que le mot « bourgeois » commence à désigner un habitant d’une ville, alors que celles-ci se développent de plus en plus. Le bourgeois jouit d’avantages à titre personnel; ainsi est-on bourgeois de Paris, de Bourges ou de Calais. Mais on ne l’est qu’à certaines conditions, soit de naissance (parents bourgeois), soit de résidence (depuis au moins un an et un jour), parfois de propriété, et après avoir acquitté une taxe d’entrée et prêté un serment solennel de respect envers la charte de la ville. Très vite, cependant, notamment au XIIIe siècle, les bourgeois ont formé une classe à part de la population urbaine, fondée sur son activité économique (ce sont notamment des marchands), son aisance financière et sa volonté d’ascension sociale. Philippe IV le Bel les convoquera aux premiers états généraux de 1302, et leur rôle de plus en plus important dans l’administration des villes les portera à exprimer leur velléité de gouverner (Étienne Marcel).

Étymologiquement le mot bourgeois désigne les habitants d'une ville fortifiée (en allemand, Burg, forteresse). Mais à partir du XIe s., la circulation des hommes et des biens permit une renaissance des villes où résidèrent et travaillèrent des bourgeois, mot qui s'opposaient seulement aux habitants de la campagne restés attachés à la terre. Ayant le pouvoir économique, les habitants des villes, artisans et marchands, ont désiré diriger leur cité et s'émanciper des tutelles féodales ou ecclésiales. Ainsi est né le mouvement communal qui, en France, reçut l'appui des rois et permit aux villes de recevoir des chartes qui leur en laissaient la gestion. La bourgeoisie ne fut pas seulement artisanale ou commerciale. À la fin du XIIIe s. est apparue et s'est développée une bourgeoisie de légistes maîtrisant le droit et sa pratique, parmi lesquels le roi pouvait recruter des serviteurs de la monarchie. Le service juridique ou administratif de l'État devint un moyen de s'élever dans la hiérarchie sociale ; certaines charges, comme celle de secrétaire du roi, annoblissaient. Les bourgeois enrichis par la magistrature ou le commerce, quelquefois achetaient, ont acheté des terres et, dès le XVIIe s., l'ancienne noblesse avait cessé d'être au premier rang des propriétaires fonciers : environ la moitié des terres étaient au mains de bourgeois qui se montrèrent bien souvent des maîtres bien plus âpres et durs que les nobles. En même temps, le mot bourgeois s'est chargé de réalités juridiques et il a été réservé à une minorité de citadins. Il n'a donc plus suffit d'habiter une ville pour être déclaré bourgeois : à Strasbourg, on devenait bourgeois en étant fils d'un bourgeois ou en épousant sa fille ; à Paris, un an et un jour de résidence était nécessaire. À la condition de bourgeois ont été attachés des privilèges dont celui, très fréquent, de ne pas payer la taille, et aussi des obligations comme celle de faire partie de la garde bourgeoise. Au XVIIIe s., la bourgeoisie en est arrivée à se différencier selon plusieurs niveaux ; la haute bourgeoisie de la finance, du négoce, du grand commerce vivait sur le même pied que les nobles qui ne dédaignaient pas en épouser les filles ; venait ensuite la bourgeoisie des rentiers, des officiers, des professions libérales, des marchands aisés, puis celle des boutiques, du petit négoce. Cependant, la bourgeoisie de ce temps constatait que la société française restait fermée, que sa puissance économique n'avait pas de portée politique et que les accès vers le pouvoir étaient bloqués. Il revint à la Révolution française d'assurer sa victoire politique ; par l'acquisition de biens nationaux, par la stabilisation des acquis de la Révolution due à l'Empire, la bourgeoisie devenait gardienne et bénéficiaire de l'ordre établi. L'aboutissement en fut le règne de Louis-Philippe qui a pu être appelé « le règne de la bourgeoisie ». Après la peur de 1848, la bourgeoisie orléaniste se rapprocha des légitimistes pour former le parti de l'ordre. À cette date étaient constituées des dynasties bourgeoises qui, installées au pouvoir avec les Orléans, conservèrent leur influence sous le second Empire et exercèrent un rôle décisif au début de la IIIe République.

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