BOULLE Pierre

1912-1994

Romancier, né à Avignon. C’est Le Pont de la rivière Kwaï qui l’a rendu célèbre (1952), et plus encore le film du même nom, qui trahit l’œuvre, d’ailleurs, passablement : le réalisateur, anglais, fait de l’officier anglais un personnage sympathique, ingénieux, courageux, et non plus la ganache criminelle (et imbécile) qui apporte toute sa cruelle saveur au roman. L’auteur était, à l’époque par lui décrite, membre des FFL en Indochine : il ne sait que trop de quoi il parle, et il nous en confie les circonstances, tragiquement « vécues », qu’il a, dans le roman, transposées sur le mode bouffon (Aux sources de la rivière Kwaï, 1966). Rivière trop célèbre, au total, et qui a bien failli faire de Pierre Boulle « l’auteur d’un seul livre », n’eût été le triomphe d’un autre film, tiré de son roman, La Planète des singes (1963). Mais il serait bien peu équitable de ne pas parler aussi de ses nouvelles, Les Contes de l’absurde (1953), E = MC2 (1957), celle par exemple (digne du Scarabée d’or) où son héros, par pure déduction, mi-linguistique et mi-statistique, reconstitue à partir d’un feuillet calciné, entièrement noir, un sonnet.